« Les 40 minutes par match, ça commence à faire beaucoup. Il va falloir en parler à Thibs », glissait avec un sourire l’arrière All-Star des Minnesota Timberwolves.
Tu m’étonnes. Quatre matches en trois nuits et huit joueurs utilisés. Il n’y a pas à dire, le gars a appris de ses erreurs. Butler, Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns figurent tous les trois parmi les vingt joueurs qui passent le plus de temps sur les parquets cette saison. Les deux premiers nommés sont même cinquième et sixième avec chacun 37 minutes par game. Forcément, il y a un moment où ça va finir par craquer. Mais bon, ça c’est du Tom Thibodeau tout craché. L’an dernier, quand Zach LaVine s’est explosé la jambe, il jouait déjà plus de 38 minutes par rencontre. C’est incroyable qu’un coach aussi intelligent – parce que oui, il est extrêmement doué, ça je ne le conteste pas – ne parvienne pas à comprendre que tirer à ce point sur ses joueurs va finir par les user. Alors, OK, le banc est faible. Jamal Crawford n’a plus les jambes pour jouer 25 minutes. Mais ça, il ne fallait pas être devin pour s’en douter. Le gars a 37 balais. Il n’a jamais défendu de sa vie. Alors pourquoi le signer ? Qui a cru que c’était vraiment une bonne idée ? Ah parce que oui, en plus de coacher, il est encore l’un des rares coaches à avoir les pleins-pouvoirs avec la casquette de GM à une époque où toutes les organisations comprennent que cette formule ne marche pas ou très peu. L’effectif a été construit comme si nous étions encore en 2011, quand J-Crossover était l’un des meilleurs sixièmes hommes NBA. Peut-être parce que Tom Thibodeau est lui-même bloqué en 2011 et à cette finale de Conférence perdue contre le Miami Heat. Le mec aligne deux intérieurs de formation, il a des principes défensifs calqués sur une ligue où le tir extérieur n’était pas aussi important et il a une rotation aussi serrée que celle de Mike D’Antoni aux Phoenix Suns. Thibs est coincé en 2011 avec les Indiana Pacers (parce que pour filer un poste à Nate McMillan et signer Damian Wilkins, faut vraiment vivre dans le passé). Thibodeau est arrivé aux Wolves comme le messie annoncé. Pas par lui. Par le public. Le héros de Chicago – un statut de héros qu’il tient d’ailleurs plus du fait que John Paxson et Gar Forman sont des incompétents plutôt que par son propre talent – débarqué pour sauver Minneapolis. Il devait être l’homme qui apprend aux jeunes joueurs à défendre. Mais comme dit plus haut, ses principes sont une autre réalité. Une autre NBA. Qui n’existe. L’an dernier, les Wolves avaient la quatrième plus mauvaise défense du championnat. Juste une question de temps ? Pas vraiment. Malgré les arrivées de Taj Gibson et Butler, Minnesota a encore la quatrième plus mauvaise défense de la ligue depuis le début de la saison. Alors, oui, c’est aussi la faute des joueurs. Ce sont eux qui sont sur le terrain. Si KAT décide de ne pas en branler une en défense, ce n’est pas de la faute de Thibodeau. Mais vous reconnaissez la chanson : les joueurs gagnent, le coach perd. Au final, Thibs n’est certainement pas un mauvais coach. C’était même un excellent assistant extrêmement précieux lors du titre décroché par les Boston Celtics en 2008. Il a fait du bon boulot à Chicago. Il aime le basket. Mais il est peut-être juste dépassé. Ou, en tout cas, il est indigne de cette espèce de statut de super coach qui lui ait confié par une partie du public. Si j’ai adoré Rose, j’ai aussi adoré les Bulls de 2011. Et ce que je retiens, ce n’est pas seulement la façon dont Thibodeau a su maintenir l’équipe même après la blessure de Derrick. Ce que je retiens, c’est qu’il a fortement contribué à faire exploser cet effectif qui était pourtant si kiffant. Luol Deng, Derrick Rose, Joakim Noah ou encore Carlos Boozer n’ont rien fait de bien significatif quand il a quitté la Windy City. Ils étaient pourtant des joueurs majeurs sous ses ordres. Vous pensez que c’est parce qu’il sait tirer le maximum de son groupe ? Prenons deux secondes l’idée sous un autre angle : et s’il les avait cramés ? Luol Deng jouait 40 minutes par match plusieurs saisons de suite. L’équivalent d’un départ à la retraite avant l’heure. L’Anglais n’a que 32 ans et il en paraît 38 ! Il est cuit ! Coincé sur le banc des Los Angeles Lakers. Il peut tirer sa révérence dès maintenant que ça reviendrait au même. Boozer n’a plus jamais retrouvé de place en NBA. Noah a enchaîné les blessures et il alterne entre le bout du banc des New York Knicks et la G-League. Rose a hésité à prendre sa retraite. Ils sont tous à bout. Et Tom Thibodeau y est sûrement pour quelque chose.Il serait pas un peu surcoté, Tom Thibodeau ?
Considéré comme l’un des meilleurs coaches du circuit par une partie de la planète basket, Tom Thibodeau a pourtant l’air en décalage complet avec son époque.
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