« En Serbie, le public c'est vraiment autre chose : les gens t'insultent, limite ils te crachent dessus, ils t'envoient des trucs sur le terrain. »REVERSE : Et le fait d'avoir déjà joué à l'étranger, ça t’a aussi facilité la tâche ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Avoir joué en Serbie (avec Mega Leks – ndlr), avoir joué contre des équipes croates, du Monténégro, etc., ça m'a beaucoup aidé par rapport au public et à la pression. Là-bas, le public c'est vraiment autre chose : les gens t'insultent, limite ils te crachent dessus, ils t'envoient des trucs sur le terrain... Ici, c'est différent, j'ai déjà joué dans des grandes salles, devant beaucoup de monde, mais en Serbie les gens sont vraiment là pour regarder le match. C'était à la vie, à la mort pour eux. Si ton équipe perd, tu vas insulter l'équipe adverse et tout ça. Avoir vécu ça m'a préparé. Même chose pour l'éthique de travail que j'ai pu acquérir là-bas et qui m'a permis de grandir en tant que joueur. Ici, ils aiment les mecs qui bossent beaucoup, qui travaillent en plus, qui ne se plaignent jamais et qui sont durs. C'est exactement ce que j'ai appris en Serbie : tu bosses dur, tu ne te plains pas, même si tu as mal ou que tu as quelque chose et tu joues malgré la douleur. REVERSE : Justement, dans le portrait qu'on avait fait de toi il y a un peu plus d'un an (REVERSE #55), tu nous disais que tu n'avais « jamais vraiment travaillé avant d'arriver en pro ». Ton expérience à Mega Leks t'a permis de passer un nouveau cap là-dessus ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Carrément ! Avant d'arriver en Serbie, j'avais plus ou moins réussi simplement par le talent et à un peu d'instinct, mais là-bas, ce n'était pas suffisant et il a fallu que je travaille encore plus. Et même si ça aurait pu être suffisant, je me suis dit que je ne pouvais pas être venu là pour me reposer sur mon talent, arriver cinq minutes avant l'entraînement et repartir cinq minutes après et faire juste les matches. Des fois, j'arrivais deux heures avant et je partais deux heures après. C'était vraiment par rapport à moi et à... (Il cherche ses mots et se met à rire) Tu sais, depuis deux ans que je suis arrivé aux Etats-Unis et que je parle en anglais tout le temps, j'ai les mots qui m'arrivent en anglais et je n'arrive plus à les traduire en français, ça me saoule ! (rires) Mais oui, c'est clairement en Serbie que j'ai développé une éthique de travail et ça m'a beaucoup aidé. Et maintenant, j'aime ça : travailler, aller à la salle, transpirer et passer beaucoup de temps à bosser sur mon jeu. REVERSE : Malgré tout ça, qu'est-ce qui a été le plus compliqué à ton arrivée ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Le fait qu'au début, même si tu es dans l'équipe, le coach ne te parle pas. Pendant les deux ou trois premiers mois, il ne te calcule pas. Il te donne quelques petits conseils, mais c'est tout. C'était ça le plus dur parce que tu sens que tu ne fais pas partie des plans du club pour l'instant, mais tous les assistants et tous les joueurs te disent « Sois prêt, ton moment va venir, ne te fie pas à ce que le coach te fait ressentir, ça va arriver, ne perds pas confiance ». C'était vraiment bizarre. Tu vas aux matches, mais tu sais que tu ne vas pas jouer et après tu dois quand même te motiver et te donner à 100% à l'entraînement. REVERSE : Quand tu es parti à la draft, tu pensais que tu avais des chances d’atterrir là ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Non, pas du tout. A la base, en discutant avec mon agent, Pedja Materic, on pensait vraiment que le plus bas que je pouvais tomber, c'était 18 et on n'avait jamais vraiment parlé des Sixers. J'avais fait des workouts pour Boston, Phoenix, Orlando et Denver. Les quatre équipes avaient des picks entre 10 et 18 et elles ne m'ont pas choisi. Donc à partir de ce moment-là, tu commences à réfléchir pour essayer de voir qui pourrait te prendre et tu ne sais pas où tu vas atterrir. Il faut que tu aies de la chance et je pense que j'en ai eu beaucoup d'être drafté par Philly, parce que c'était le moment parfait pour la franchise et pour ma carrière. C'est une équipe qui était en pleine reconstruction et qui avait quand même de grosses ambitions pour l'avenir. Je pense que ma manière de grandir a aussi été celle de l'équipe. Au début, c'était un peu compliqué et les progrès étaient lents à se faire sentir et, au fur et à mesure du temps, des mois, des jours, ça s'est accéléré et on est monté en même temps. EVERSE : Ils voulaient tout de suite que tu viennes en NBA ou est-ce qu'il a été question que tu restes encore un peu en Europe ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Je pense que c'est un facteur qui fait que j'ai été drafté à ce pick-là, parce que quand j'ai fait mes workouts ou que mon agent parlait avec les franchises ou les scouts, on leur disait que l'objectif c'était clairement que je vienne en NBA directement. Quitte à aller un peu en D-League, mon but c'était de venir tout de suite et de jouer. Je pense que ça m'a fait perdre quelques places.
Timothé Luwawu-Cabarrot : « Sur le terrain, je veux être le soldat du coach »
Au Thunder, Timothé Luwawu-Cabarrot va aller chercher un nouveau challenge pour montrer qu'il a bien les qualités d'un joueur NBA d'impact. Retour sur l'entretien qu'il nous avait accordé pour REVERSE.
Exprimez-vous