Le jeune swingman n'a pourtant pas été le premier du contingent tricolore à monter sur la scène du Barclays Center fin juin. Guerschon Yabusele, l'intérieur de Rouen, a été sélectionné en 16e position, près de 30 minutes avant son compatriote. Si les Celtics croient en son potentiel, Yabusele, 20 ans, a plus de chances de rester en Europe (pourquoi pas dans une formation qui joue l'Euroleague) que d'évoluer sous les ordres de Brad Stevens l'an prochain. Boston est encore en pleine réflexion à son sujet, surtout après sa bonne Summer League, mais on peine à l'imaginer bousculer la rotation d'une équipe qui prétendra à l'une des premières places à l'Est. Isaia Cordinier (44e choix par Atlanta) et Petr Cornelie (54e choix par Denver) , eux aussi intéressants dans des registres différents du côté de Salt Lake City et Las Vegas, resteront eux à Antibes et au Mans pour s'aguerrir. David Michineau, le 39e pick surprise des Clippers, est lui en quête d'une formation pour patienter avant une éventuelle opportunité en NBA, probablement en France.
Des affinités évidentes avec Ben Simmons
Les regards tricolores seront donc rivés vers Luwawu, 21 ans, retenu en 24e position par les Philadelphie Sixers. Si la franchise de Pennsylvanie, risée de la ligue depuis trois ans, a utilisé l'un de ses trois picks du premier tour - le premier étant évidemment dédié au n°1 Ben Simmons - ce n'est pas un hasard. Enfin décidés à entamer un processus de progression après avoir demandé à Sam Hinkie de prendre du recul pour laisser la famille Colangelo oeuvrer, les Sixers ont ciblé ce que peut leur apporter le Cannois.
[caption id="attachment_332503" align="alignright" width="318"] Ben Simmons s'entend déjà bien avec Timothé Luwawu sur le terrain.[/caption]
Les scouts de Philly ont été actifs du côté de la Serbie où évoluait Timothé Luwawu l'an dernier, repérant son profil de "3 and D" aux longs segments (1.98 m, 93 kg) très prisé en NBA, dans la jeune équipe de Mega Leks. Au-delà de toute considération statistique (il a tout de même tourné à 14.5 points de moyenne), c'est l'impact global du Français qui lui a longtemps permis d'être considéré comme un potentiel lottery-pick. Si sa cote a baissé à l'approche de la Draft, c'est probablement surtout parce qu'il n'est pas Américain.
Durant la Summer League, autant à Salt Lake City (11 points et 4.5 rebonds de moyenne) qu'à Las Vegas (8.2 points, 2.5 rebonds), le contenu de ses prestations était plus intéressant que ses chiffres bruts. Le plus frappant, peut-être, c'est la connivence affichée avec Ben Simmons, l'homme qui est appelé à devenir le patron de cette franchise. Développer une relation privilégiée avec l'Australien ne peut pas être une mauvaise idée et c'est exactement ce que Luwawu fait depuis le début du mois. Sa qualité de déplacement et son flair sur l'action ci-dessous ont permis à Simmons de lui délivrer une passe splendide comme à plusieurs reprises durant cette pré-saison.
[superquote pos="g"]"Il rend déjà les choses difficiles à nos adversaires"[/superquote]Si celui qui portera le numéro 20 a encore du pain sur la planche pour assimiler tous les codes inhérents au jeu NBA, son assurance, son professionnalisme et sa polyvalence (il peut indifféremment évoluer au poste 2 ou au poste 3) devraient lui permettre de disposer d'un temps de jeu très intéressant dans la rotation de Brett Brown.
"Il rend déjà les choses difficiles à nos adversaires sur le plan défensif et on commence à le voir dans le jeu en transition, notamment sur les courses. Parfois, cette capacité à accélérer lui permet d'aller dunker ou finir de près tout seul. D'autres fois, cela créé des ouvertures pour ses camarades. C'est très appréciable", assure Roy Williams, le vice-président des opérations basket, sur NBA.com.
"Tim n'a pas encore le physique pour le jeu très athlétique de la NBA, mais il va gagner en poids et en muscles pour s'approcher de ce qui est requis. Nous sommes vraiment très enthousiastes à son sujet et ravis d'avoir pu le drafter", confirme Bryan Colangelo.Si Timothé Luwawu est déjà très apprécié de ses coéquipiers et de la direction, c'est aussi grâce à sa personnalité. A défaut d'être, pour le moment, un grand bavard, "TLC" déborde d'enthousiasme et sa bonne maîtrise de l'anglais lui a permis de se fondre rapidement dans le groupe. Si Brett Brown n'a pas voulu créer trop d'attentes autour de lui en annonçant qu'il passerait forcément un peu de temps en D-League, il y a fort à parier que l'intéressé va progressivement se rendre indispensable à ces Sixers 2.0. Autant le secteur intérieur paraît un peu bouché (il va falloir répartir le temps de jeu sur les postes 4 et 5 entre Ben Simmons, qui peut aussi jouer 3, Nerlens Noel, Jahlil Okafor, Dario Saric et Joël Embid), les postes 2 et 3 sont plus accessibles. On aura en tout cas un oeil très attentif sur cette équipe et son représentant tricolore à l'avenir prometteur.