Nombreux sont les athlètes et les personnes publiques à avoir dit d'énormes bêtises et parfois des horreurs sans nom. Beaucoup plus rares sont ceux qui ont compris la portée de leur erreur et ont fait davantage que s'excuser pour réparer leurs torts. Tim Hardaway, qui fête ses 56 ans aujourd'hui, fait partie de ceux-là.
Le roi du crossover, star de la NBA des années 90 avec Golden State puis Miami, est conscient que les mots qu'il a prononcés dans une interview en 2007 font partie des raisons qui l'avaient jusque-là privé des honneurs de Springfield et continue encore aujourd'hui d'œuvrer pour montrer qu'il a changé.
L'origine du mal ? Lors d'un passage dans l'émission de radio de Dan Le Batard, Tim Hardaway avait répondu à une question sur la possibilité de jouer avec un coéquipier homosexuel. Sa réponse :
"Vous savez, je hais les homosexuels. Je les déteste, il faut le savoir. Je n'aime pas les gays et je n'aime pas être autour d'eux. Je suis homophobe. Ce n'est pas quelque chose qui devrait exister dans le monde ou aux Etats-Unis. Si je découvrais que l'un des mes coéquipiers l'était, j'essaierais de le faire virer".
On n'était pas encore dans ce que certains appellent la "cancel culture", mais la déclaration affligeante et catastrophique de Tim Hardaway n'est tout de même pas passée inaperçue. Retraité depuis trois ans à cette époque, il avait été immédiatement évincé des festivités du All-Star Game auxquelles il devait participer, puis été renvoyé par son employeur Trinity Sports, propriétaire d'une équipe de CBA où il officiait comme conseiller principal de la direction sur les opérations basket.
"Je n'avais aucune idée du fait que j'avais blessé autant de gens. C'est la plus grosse erreur de toute ma vie et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la corriger", avait expliqué Hardaway dans un communiqué quelques jours plus tard.
Balancer une TV sur un parquet NBA, ça c'était du pétage de plomb de qualité
Plutôt que de disparaître du paysage ou de se contenter d'excuses de façade, Tim Hardaway a choisi une voie trop rarement empruntée par les ignorants et les intolérants. Il s'est instruit. A rencontré des associations qui défendent les droits LGBT. A simplement côtoyé des homosexuels. De là, l'ancien arrière du Heat a compris. Hardaway a longuement travaillé avec le Trevor Project, qui fait de la prévention contre les suicides des membres de la communauté.
Quelques années plus tard, lorsque Jason Collins a fait son coming out - le premier d'un joueur NBA en activité - il a fait partie des premières personnes à l'appeler pour le féliciter et l'a publiquement soutenu.
"Les gens ne devraient pas avoir à se suicider parce qu'ils sont gays. Il faut arrêter de brutaliser la communauté LGBT. Ce sont des gens qui ont envie de vivre leur vie comme ils l'entendent, au même titre que les autres. Tout ça n'a aucun sens. On devrait pouvoir vivre et profiter de la vie comme on le souhaite.
Désormais, il y a plus de dialogue. Les gens comprennent mieux et sont plus habitués. L'égalité est une valeur de plus en plus importante. La question de la santé mentale aussi. Personne ne devrait pouvoir te juger pour ce que tu es.
Quand j'étais gamin, les gens utilisaient le mot 'pédé'. On a grandi avec ça, mais c'était mal. J'ai des amis et des membres de ma famille homosexuels et je les soutiendrai toujours autant que possible. Ils sont bien dans leur peau et on a de très bonnes relations. On s'embrasse, on se parle et on se comprend".
Il est rassurant de voir que des gens peuvent évoluer et passer d'une intolérance extrême à une vraie ouverture d'esprit en ayant travaillé sur eux-mêmes.
Félicitations à Tim Hardaway pour son entrée au Hall of Fame en 2022. En plus d'être un type qui a superbement évolué, il reste un ancien joueur dont on ne se lassera jamais de revoir les highlights du temps du trio Run TMC à Golden State ou avec Miami.
Tim Hardaway reste le roi du killer crossover, la jeune génération triche-t-elle ?