Les 5 clés d’un Game 6 décisif entre les Spurs et le Thunder

San Antonio Spurs et Oklahoma City Thunder se retrouvent ce soir pour une sixième manche. Nous avons listé quelques clés de ce choc au sommet.

Les 5 clés d’un Game 6 décisif entre les Spurs et le Thunder
Les Cleveland Cavaliers sont en vacances depuis la mi-mars, les Golden State Warriors ont bouclé hier soir une série séduisante contre les Portland Trail Blazers tandis que les Toronto Raptors et le Miami Heat se livrent à un duel qui ressemble fort aux matches NBA des années 90. Autant vous le dire, ces playoffs ne sont pas les plus passionnants de l'histoire de la ligue. Mais les oppositions entre les San Antonio Spurs et le Oklahoma City Thunder déçoivent rarement. Les deux candidats au titre se livrent à un duel de titans dont le vainqueur aura le privilège de se piquer aux champions en titre dans un autre affrontement qui s'annonce déjà légendaire. Spurs - Thunder est de loin la série la plus intéressante - autant en termes de spectacle, de controverses, de tactique et d'intensité - de ces playoffs. Oklahoma City a crée une «mini surprise» en décrochant le Game 5 en terres texanes sous l'impulsion d'un Russell Westbrook survolté. La défaite des éperons désormais dos au mur et au bord de l'élimination donne un match de ce soir un caractère encore plus excitant. C'est typiquement le genre de rencontre qui vaut le coup de se lever en pleine nuit, voire de ne pas dormir, quitte à en payer les frais le lendemain. En attendant, nous avons essayé de lister quelques indications, quelques points à suivre avec attention.

Tony Parker et LaMarcus Aldridge attendus au tournant

[caption id="attachment_295095" align="alignleft" width="318"] Tony Parker va devoir retrouver son costume de super héros qu'il avait soigneusement rangé dans son placard.[/caption] Tony Parker a embrassé avec enthousiasme un rôle un peu moins important en attaque depuis l'émergence de Kawhi Leonard et l'arrivée de LaMarcus Aldridge. Le meneur français est chargé d'alimenter les deux stars en cartouche, d'assurer la bonne circulation du ballon et de convertir les quelques opportunités de marquer qui lui seront laissées. Une mission qu'il a accompli avec brio tout au long de la saison régulière. Mais c'est un «TP» presque vintage dont les Spurs vont avoir besoin pour gagner. La défense du Thunder offre moins de possibilités de «spot-up», ces tirs pris après réception du ballon sans poser de dribble, aux Spurs. Les joueurs d'Oklahoma City sont tous longs, mobiles et athlétiques et ils déboulent d'un coin à l'autre du parquet pour obstruer toute tentative texane. Des caractéristiques qui poussent les éperons à manoeuvrer plus longtemps avec le ballon dans l'attente d'un tir ouvert. Le beau jeu tout en passe de San Antonio est mis à rude épreuve devant l'impact physique du Thunder et les joueurs de Gregg Popovich ont tendance à se reposer de plus en plus sur des actions individuelles - et donc du jeu stagnant - de Kawhi Leonard, Tony Parker et LaMarcus Aldridge. [superquote pos="d"]Parker est beaucoup plus sollicité en attaque depuis trois matches[/superquote]Parker a pris 14, 16 et 12 tirs lors des trois derniers matches de la série alors qu'il n'avait pas une seule fois dépassé la barre des 12 tentatives sur une rencontre depuis le début des playoffs. Il se retrouve contraint de débloquer les situations compliquées en fin de possession en jouant un traditionnel pick&roll. Un système qu'il maîtrise - 0,86 point par possession, parmi les dix joueurs les plus efficaces sur P&R depuis le début des playoffs. Le quadruple champion NBA sait composer avec la pression et il devra s'afficher à son meilleur niveau en attaque (un peu comme dans le Game 3, lorsqu'il avait compilé 19 points, 8 rebonds et 5 passes). Aldridge hérite lui aussi de nombreuses possessions en un-contre-un, dos au panier cette fois-ci. Le All-Star est une vraie menace dans ce registre mais le Thunder fait confiance à ses intérieurs pour lui tenir tête. A lui de les punir. «LMA» était notamment en-dedans dans les moments les plus importants du dernier match avec un vilain 6/21 aux tirs et quelques shoots manqués dans le money time. De sa réaction dépendra en partie le succès des Spurs.

La défense du Thunder fait forte impression

[superquote pos="d"]La défense du Thunder perturbe considérablement le jeu des Spurs[/superquote]Cela rejoint l'idée avancée plus haut. OKC doit garder la même intensité et surtout la même constance en défense. Les Spurs ont l'une des attaques les plus brillantes de la NBA, voire même de la décennie, mais ils sont limités à 105,1 points sur 100 possessions depuis le début des demi-finales de Conférence - contre 108,4 en saison régulière. Et encore, cette statistique inclut le blowout infligé dès le premier match. Le Game 1 mis à part, San Antonio ne plante que 99,2 pions, toujours sur 100 possessions, à la défense du Thunder. Un secteur du jeu qui était déjà l'une des forces de la franchise sous Scott Brooks. L'ex coach a construit un schéma solide articulé autour des qualités athlétiques de son groupe. Des longs bras, de la taille à tous les postes, de la puissance, des joueurs qui courent dans tous les sens pour recouvrir les espaces, etc. C'est la concentration qui a souvent fait défaut. Oklahoma City défend avec beaucoup plus de régularité sur cette série. Plus que l'équipe ne l'a jamais fait. Malgré ça, l'écart reste serré entre les deux formations ce qui démontre la fine marge de manœuvre dont bénéficient Kevin Durant et ses coéquipiers.

Les soldats du Thunder ont répondu à l'appel du devoir

[caption id="attachment_323845" align="alignleft" width="318"] Steven Adams n'hésite jamais à faire le sale boulot.[/caption] OKC s'est trouvé plusieurs facteurs X depuis le début de la série. D'abord Steven Adams, impeccable dans son rôle. Le pivot néo-zélandais est un roc capable de bien défendre, de capter des rebonds et de mettre ses adversaires sur les nerfs. Des ingrédients qu'il apporte chaque soir à la recette victorieuse de son équipe. Ce ne sont pas des nouveautés. En revanche, il s'applique aussi en attaque et son impact de ce côté du parquet est moins visible. La plupart de ses paniers sont des dunks, des layups ou autres shoots inscrits proches du cercle. Mais c'est bien le mouvement, la façon dont il se démarque et se retrouve en bonne position, qui est important. Adams excelle dans ses coupes après posé ou non un écran. Il lit le jeu et anticipe la réaction des défenseurs adverses. L'attaque du Thunder repose toujours essentiellement sur Russell Westbrook et Kevin Durant mais l'activité de leur pivot leur offre plus d'espaces. Adams tourne notamment à 14 points et 11 rebonds sur les deux derniers matches. Serge Ibaka (57% à trois-points sur la série), Dion Waiters (9 points de moyenne, 48% dans le champ, 44% derrière l'arc et une concentration enfin digne du plus haut niveau) et Enes Kanter (une machine aux rebonds offensifs) contribuent eux aussi à la bonne marche d'OKC. Jusqu'à présent, les «role players» du Thunder prennent le dessus sur ceux des Spurs.

Gregg Popovich a-t-il quelques tours de magie sous la main ?

[caption id="attachment_288628" align="alignleft" width="318"] "Je vais pas me faire dominer par un coach rookie là quand même, non ? Si ?"[/caption] En playoffs, chaque possession compte. Le jeu est ralenti. Les attaques sont placées. Les systèmes et les ajustements permanents sont encore plus importants. A ce petit jeu, Gregg Popovich est l'un des plus grands de l'histoire. Et il serait sacrément osé d'affirmer que «Pop» coache mal sur cette série. Ce n'est pas l'idée. Disons simplement qu'il ne domine pas son adversaire direct à lui, l'entraîneur adverse. Billy Donovan est un rookie à ce niveau mais le tacticien du Thunder a fait plusieurs choix payants lors des derniers matches. Il a sorti du playbook le pick&roll entre Durant et Andre Robertson, remplacé par Steven Adams sur la même action. Les défenseurs texans doublaient sur «KD» lorsque Robertson venait poser l'écran. Ils sont désormais punis par les coupes d'Adams s'ils essayent de faire de même. [superquote pos="d"]Billy Donovan n'a pas paniqué après les cartons d'Aldridge[/superquote]Donovan a offert plus de temps de jeu et de responsabilités à son pivot néo-zélandais et il n'a pas hésité non plus à l'associer plus fréquemment avec Enes Kanter. Un duo de moustachus qui pose bien des difficultés aux Spurs dans la peinture. Il n'a pas paniqué lorsque LaMarcus Aldridge a détruit en pièce sa formation en inscrivant 38 puis 41 points lors des deux premiers matches. Certains coaches auraient céder à la tentation de s'ajuster et de faire prise à deux à chaque fois que l'intérieur touche la gonfle. Une tactique qui aurait pour simple conséquence que de libérer le jeu des éperons en offrant plus d'espaces aux autres joueurs. Non, Donovan a maintenant sa confiance en ses hommes et en leur capacité à contenir la star adverse. Le résultat ? Aldridge a manqué des tirs importants dans le Game 5 et il affiche un médiocre 36% de réussite depuis les deux premiers matches.
"Le coach fait un sacré boulot", commente Dion Waiters.
Waiters, justement, a été remis en confiance. Et il contribue. Billy Donovan tient son groupe, tout comme il tient tête à l'un des meilleurs coaches de l'histoire.

Les Spurs doivent protéger leur cercle

Oklahoma City est l'une des équipes les plus redoutables de la ligue aux rebonds offensifs. Westbrook et ses coéquipiers en captent onze de moyenne contre San Antonio. Avec seulement 37 rebonds gobés par rencontre, les Spurs sont les derniers de ce classement parmi les équipes présentes au second tour. La faute à Kanter et au meneur All-Star du Thunder, brutaux sous les panneaux. Ils offrent une quantité non négligeable de secondes chances, lorsque la défense des Texans n'est plus en place. Avec 14,5 points inscrits après avoir capté un rebond offensif, le Thunder est l'équipe la plus prolifique - à égalité avec Portland - des playoffs dans ce domaine. Les Spurs auront donc besoin de Tim Duncan, encore une fois. La production du futur Hall Of Famer est pointée du doigt depuis quelques rencontres mais c'est un constat incomplet. Le vétéran est certes dépassé en attaque mais son apport en défense est toujours primordial. OKC prend nettement moins de rebonds quand il est sur le terrain. Avec +29, il affiche même le meilleur différentiel de la série. Une statistique un peu faussé par le Game 1, lorsqu'il avait terminé avec un +28 mais même depuis, son +/- reste positif ce qui peut sembler surprenant vu son rendement en attaque.