On a beau le prendre par tous les bouts, le palmarès de Thierry Omeyer n’a aucun sens. A 39 ans, le gardien du PSG Handball est double champion olympique, quadruple champion du monde et triple champion d’Europe. On vous passe les titres en club et les distinctions individuelles du type MVP du Mondial 2015, Légion d’honneur ou le fait qu’il ait été élu meilleur gardien de tous les temps, parce qu’il n’a pas fini d’allonger la liste de ses exploits.
Présent au CNOSF début octobre 2015 aux côtés de Céline Dumerc pour représenter le team Caisse d’Epargne lors de l’opération « Je rêve des Jeux » en prévision des JO de Rio, Thierry s’est montré aussi abordable et simple que s’il s’apprêtait à disputer ses premières olympiades. C’était l’occasion idéale de lui parler d’un autre sport dans lequel on peut dribbler avec les mains.
REVERSE : Durant les Jeux de Londres, on a eu l’impression que les handballeurs et les basketteurs avaient bien sympathisé…
Thierry Omeyer : C'est vrai qu'il y a eu une bonne connexion. Certains joueurs se connaissaient déjà et, comme on est deux sports co', il y a forcément des affinités qui se créent. On s'est bien suivis pendant les Jeux, on s'est soutenus les uns les autres. Un peu comme avec tous les autres athlètes français, mais c'est vrai que le courant est particulièrement bien passé.
REVERSE : Tu les connaissais avant ?
TO : Pour la plupart, je les ai rencontrés à Londres, même s'il m'était arrivé d'en croiser occasionnellement avant ça.
REVERSE : Le basket, c'est un sport que tu suivais déjà ?
TO : J'ai toujours suivi un peu tous les sports et j'ai beaucoup regardé de basket quand j'étais jeune, notamment la NBA avec Michael Jordan. Et puis j'ai pas mal joué. Pas en club, mais dehors sur les terrains, on allait jouer en street. L'été, avec les potes on passait notre temps à ça.
REVERSE : Tu as gardé des souvenirs de basket marquants ?
TO : Ce qui m'avait surtout marqué, c'était les Jeux de 92 avec la Dream Team. J'avais quinze ans à l'époque et, à partir de là, j'ai encore plus suivi.
REVERSE : Il y a des basketteurs avec lesquels tu as particulièrement accroché ?
TO : Je connais bien Flo Pietrus notamment, on s'est encore vu cet été à l'occasion du Run Ball, le camp de basket à la Réunion. J'y ai participé vu qu'il y avait aussi un truc avec le handball. J'ai bien sympathisé avec lui, même chose avec Nicolas Batum. On a souvent l'occasion de se croiser par le biais d'adidas, notre sponsor commun. On se voit sur les opés. Et on a aussi appris à bien se connaître à Londres avec Tony Parker et Boris Diaw. Du coup on se suit les uns les autres.
« C’était dur de voir la France perdre contre l'Espagne »
REVERSE : Aux Jeux, ça ne doit pas être facile de rester concentrer sur sa discipline quand on fait partie du groupe France. On doit aussi partager les peines et les joies des autres, non ?
TO : Justement, c'est quelque chose qui te booste et qui te motive encore plus. Quand tu vois les autres athlètes de la famille France olympique qui gagnent, forcément ça te donne aussi envie de gagner. Quand tu en vois d'autres qui sont en échec, ça peut te pousser à être encore plus concentré. Ça ne te met pas la pression, au contraire, ça te tire vers le haut pour ramener le maximum de médailles pour ton pays.
REVERSE : Quand on a un palmarès comme le tien, on est encore impressionné par d’autres athlètes ?
TO : Oui, c'est clair. J'essaie de m'en servir comme source d'inspiration. De voir comment d'autres athlètes peuvent réagir quand ils sont dans la difficulté, de voir leur capacité à rebondir, ce sont des choses qui me servent.
Malgré les années, Thierry Omeyer a toujours autant de flair
http://www.dailymotion.com/video/x5879r9_france-bresil-l-action-sublime-avec-thierry-omeyer-et-luc-abalo_sport
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REVERSE : Tu as suivi l’EuroBasket ?
TO : Bien sûr. Je suis allé les voir à Lille, pour les 8èmes de finale. Je les ai soutenus à fond et c'était dur de les voir perdre contre l'Espagne parce qu'on avait tous envie qu'ils aillent au bout. Mais j'ai apprécié leur capacité à rebondir et à aller chercher cette médaille de bronze. Il y a eu un superbe engouement derrière eux et c'était bien de pouvoir finir sur une médaille. J'en ai revus quelques-uns après et je leur ai dit « Maintenant, j'espère que vous allez vous qualifier pour les Jeux de Rio ».
REVERSE : Toi qui as gagné un Championnat du Monde en France, c’est vraiment une pression particulière de jouer chez soi ?
TO : Il faut arriver à se servir de l'élan qu'il y a autour de soi de manière positive. Après, forcément, il y a beaucoup d'attentes et de pression mais je pense que c'est quelque chose qui te tire vers le haut. J'ai eu la chance de connaître ça en 2001, même si ce n'était pas forcément dans un rôle de premier plan vu que c'était mon premier Championnat du Monde, mais j'espère pouvoir faire 2017 et vivre ça à nouveau.
REVERSE : Même si ça progresse, le hand et le basket ont encore du mal au niveau médiatisation. C’est toujours aussi dur d’exister derrière le foot ?
TO : Je pense qu'il y a la place pour tous les sports. De notre côté, pour le handball, on voit qu'il y a de plus en plus de médiatisation avec tous les titres qui ont été gagnés. Pour le basket c'est pareil, avec notamment ce Championnat d'Europe qui a été organisé en France et le titre de 2013. Après, on ne peut pas se comparer au foot...
REVERSE : Il faudrait quoi pour que ça décolle encore plus ?
TO : Il faut continuer à gagner des titres. C'est ce qui permet de faire grandir le nombre de licenciés. On l'a vu avec le handball qui a passé la barre des 500 000 et le basket qui doit être au-delà des 600 000, ça continue de grandir et, au niveau des médias, il y a quand même un suivi de plus en plus important. C'est bien. Il faut que ça continue et je pense que ça sera le cas.
REVERSE : Les basketteurs disent souvent que les handballeurs sont des bouchers et les handballeurs que les basketteurs sont des chochottes, qui dit la vérité ?
TO : (Rires) Je ne veux pas créer de conflit. C'est sûr que le handball est beaucoup plus un sport de contact. Au basket, tu ne peux pas trop toucher les joueurs sinon il y a vite une faute de sifflée, en plus tu sors si tu en fais trop ou que tu joues trop dur. Chaque sport a sa spécificité. Nous, c'est un sport où il faut vraiment aller au combat (sourire).
Cette interview crossover de Thierry Omeyer est extraite du numéro 54 de REVERSE
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