« J’aimerais bien être là, avec eux », confie le ‘King’.La superstar des Cleveland Cavaliers a évidemment été invitée à faire partie de la sélection américaine partie à Rio à la conquête d’une troisième médaille d’Or consécutive après les deux sacres décrochés à Pékin et Londres, avec James. Mais avec une centaine de matches dans les jambes saison après saison et après six finales NBA de suite, le prodige d’Akron a préféré passer son tour, laissant la chance à des joueurs plus jeunes de renflouer leur palmarès avec un titre Olympique. Mike Krzyzewski, lui aussi, aurait certainement voulu que LeBron soit de l’escapade brésilienne. James est le grand absent de la compétition mais il a rejoint la liste glorieuse des nombreux forfaits estivaux. De Stephen Curry à Russell Westbrook en passant par James Harden, la plupart des superstars NBA ont décliné l’invitation. Au bout du compte, ce Team USA remanié est sans doute le moins excitant de la dernière décennie. Certainement le moins dominant, l’équipe U.S. battue au Mondial 2006 mise à part.
Du talent individuel mais un collectif si pauvre
Dominant est le principal mot clé. La sélection américaine ne manque pas de talents. Mais l’ensemble manque de cohésion, comme les pièces d’un puzzle assemblées brutalement dans l’urgence. Ce Team USA n’a pas de fond de jeu. Pas de collectif. Ce n’est pas nécessairement nouveau - le staff a pour coutume de profiter de ses individualités supérieures à celles de toutes les autres formations et d’une défense agressive. Mais avec un vivier de talents moins important, la faute aux forfaits, l’écart avec les autres nations semble s’être resserré. [superquote pos="d"]« Ils n’ont pas assemblé une bonne équipe. » Charles Barkley[/superquote]En 2012, LeBron James, Dwyane Wade, Kobe Bryant, Chris Paul et compagnie avaient le mérite d’essayer de jouer ensemble l’espace de quelques séquences. Ils étaient plus forts individuellement, ce qui leur permettait de faire la différence seul plus facilement. Mais être plus fort revient parfois à être plus intelligent. Et les joueurs des précédentes ‘Dream Team’ comprenaient qu’il était parfois nécessaire de faire tourner la gonfle et de jouer en équipe pour assommer un adversaire à la défense bien en place. Pas ce Team USA. Ou très peu. Trop peu.« Ils n’ont pas assemblé une bonne équipe », balançait Charles Barkley. « Si vous enlevez DeAndre Jordan, chaque gars dans cette équipe est un joueur qui a besoin de beaucoup toucher le ballon. Vous les voyez jouer beaucoup de un contre un. Kyrie (Irving) veut scorer. Kevin (Durant) veut scorer. DeMar (DeRozan) veut scorer. Du coup, la balle ne bouge pas beaucoup. »Kyrie Irving et Kevin Durant assurent le spectacle avec leurs éclairs de génie de temps à autre. Le réveil de Klay Thompson a aussi fait beaucoup de bien et les Etats-Unis auraient sans doute été bien plus bousculés si le shooteur n’avait pas retrouvé la mire depuis trois matches. Mais l’ensemble est tout de même brouillon, notamment contre les autres candidats à une médaille Olympique. L’équipe ne se repose même plus sur ses qualités individuelles mais carrément sur ses capacités athlétiques. L’impact de DeAndre Jordan, sans doute le joueur le plus important de la demi-finale remportée de peu contre l’Espagne (76-82), illustre parfaitement ce constat.
« Je pense que leur défense a été la clé de la rencontre », commentait Sergio Scariolo. « Leur taille et leurs qualités athlétiques nous ont gêné sur nos possessions offensives. »
Team USA toujours une référence
Physiquement, la formation américaine reste largement au-dessus du lot et c’est ce qui lui permet de finir par prendre le dessus, en profitant de l’accumulation de fatigue de ses adversaires exténués par le défi permanent. Team USA a les aptitudes pour défendre fort en mettant une grosse pression aux porteurs de balle adverse et il est généralement dominateur aux rebonds, notamment offensifs. Et même en défense, le groupe de Krzyzewski affiche parfois quelques lacunes tactiques - et paye surtout ses fautes d’inattention (coupes dans le dos, rotations hasardeuses). Il est à son meilleur niveau de ce côté là du parquet quand Durant, Thompson, Paul George et/ou Jimmy Butler squattent le parquet, ce qui limite du même coup le turnover de l’effectif.[superquote pos="d"]"Pas aussi forts que les anciens Team USA." Pau Gasol[/superquote]« Ils ne jouent pas aussi bien que d’autres équipes de Team USA que j’ai affronté mais ils ont toujours une équipe très talentueuse en termes d’individualités », résume Pau Gasol, habitué aux joutes infernales avec les USA.Gasol a vu juste. Il y a un « mais » qu’il faut constamment garder en tête avec Team USA : OK, cette équipe est moins forte que ses précédentes versions. Mais elle reste trop forte pour la concurrence. Au-dessus du lot. Capable d’accélérer le rythme et de se mettre à l’abri en quelques minutes avant de faire semblant de jouer à la balle pendant les trente cinq minutes. Elle a moins de marge qu’à l’accoutumée mais elle a toujours suffisant de marge pour se contenter de s’investir par séquence. Installé sur un rythme de croisière depuis le début du tournoi, ils s’en vont vers l’Or à leur rythme. Et ne compte pas sur une vaillante et talentueuse Serbie pour réellement empêcher les Américains de conquérir une nouvelle fois le monde. Ils sont venus à Rio, ils ont profité. Ils ont fait mine de vouloir aller au SPA avant de se retrouver dans un bar pour adultes. Ils ont fait sembler de jouer au basket pour se frayer un chemin jusqu’en finale. Et ils vont repartir avec ce qu’ils sont venus chercher.