Depuis leur fondation en 1989, les Minnesota Timberwolves comptent seulement 39% de victoires en NBA, soit 1319 rencontres perdues. En moins de 30 ans, cela fait un sacré paquet de défaites. Et si vous souhaitez un jour feuilleter le palmarès des "Loups des Bois", cela ne vous prendra pas plus de quelques secondes. Il est strictement vierge, à l'exception d'un titre dans la « Northwest Division » en 2004, LA saison référence de la franchise. Celle où Kevin Garnett épaulé de Latrell Sprewell et Sam Cassell avait échoué en finale de conférence face aux Lakers (l’ancienne franchise de Minneapolis et équipe phare des années 50). Depuis, le désert.
[caption id="attachment_313855" align="alignleft" width="318"] Karl-Anthony Towns, une machine de guerre en devenir.[/caption]Les Timberwolves sont une équipe très médiocre. Tours de draft mal gérés, reconstruction, dé-construction, si l’on est pas un fan local ou un amoureux de Kevin Garnett, difficile d'avoir un oeil attendri sur l'équipe aux petits sapins sur le col. Mais cette saison, ESPN croit voir dans sa boule de cristal l’équipe d'Andrew Wiggins accrocher une dixième place honorable avec une dizaine de matches remportés en plus par rapport à la saison dernière. Pas mal, mais nous irons encore plus loin : prenez votre carte d’adhérent aux Minnesota Timberwolves, car ce sera bientôt la tendance ultime. Le temps presse, parce que dans quelques mois, (ou quelques années tout au plus), celles et ceux qui s’étaient trouvés une passion exaltante pour les Clippers de Chris Paul, Blake Griffin et Deandre Jordan, ou même pour les Bulls de 2011, tout ceux-là, ne tarderont pas à changer de wagon.
Et pour cause, il se pourrait que cette fois-ci, Minnesota aille au bout de son projet. Avec Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins, les occupants du Target Center disposent de la paire de joueurs la plus excitante de la ligue en terme de potentiel et de capacités futures. Les deux derniers 'Rookie of The Year' ont le même âge ou presque(2o et 21 ans) et proposent déjà un panel technique et athlétique très intéressant. Andrew Wiggins, à l’aile, est plein de fougue, agile, ultra athlétique (Rudy Gobert en sait quelque chose...) et à l’aise en pénétration. Reste à mieux garder sa lucidité en attaque et à travailler un shoot qui lui permettrait d’être encore plus difficile à contenir pour les défenseurs. Dans la peinture, Karl-Anthony Towns est déjà le chouchou de beaucoup d’observateurs grâce à de vrais fondamentaux, une certaine dextérité loin de la raquette, et la présence d’un tuteur d’exception en la personne de Kevin Garnett, professionnel jusqu’au bout des doigts à l’entrainement et visage de la franchise. Il n’y a pas de doute possible, l’avenir, le présent même, doit s’articuler autour d’eux.
Plus d'erreurs de jeunesse, les Wolves doivent grandir
Trop de fois l’an passé, alors que la surprenante faiblesse d’une partie de la conférence Ouest laissait une brèche pour quelques nouvelles équipes comme Utah, Sacramento ou Minnesota qui souhaitaient accrocher un 7e ou 8e spot, personne n’en a vraiment profité. Dans le cas des Timberwolves, il y avait un manque criant d’expérience, de maîtrise, parfois même de formation et de fondamentaux. Minnesota a trop souvent mené au score contre différentes équipes avant de lâcher en cours de match. Le coach d’alors, Sam Mitchell, prenait pour cible et exemple le meneur/arrière/Marsupilami Zach Lavine afin d’illustrer les carences de l’équipe :
[caption id="attachment_283351" align="alignright" width="318"] Zach LaVine, contre mauvais QI bon coeur.[/caption]"Contre Philadelphie, j'ai sorti Zach car il n'a pas réussi à se démarquer pour recevoir la balle trois possessions de suite. C'est lui le meneur, non ? Il marchait sur le parquet. Pourquoi ne pas reculer de deux pas, foncer vers son vis-à-vis puis 'boum', changer de direction pour demander la balle ? Il devrait le faire naturellement. Mais qui l'a coaché ? Je ne sais pas qui le coachait au lycée. Je ne sais pas qui le coachait en AAU. Ces trucs-là [les fondamentaux], je les ai appris quand je faisais des camps de basket. Des coaches professionnels nous apprenaient ça. (…) Ici [à Minnesota], on doit apprendre tout ça aux gars."
Mais Zach Lavine -qui semble capable de rameuter les fans qui commenceraient à se lasser des arabesques de Blake Griffin- s’il ne manque pas de faiblesses dans son jeu, affiche plein de bonne volonté. Comme le reste de l’équipe, comme Towns avec Garnett, les jeunes loups sont à l’écoute, avec l’envie de devenir de meilleurs basketteurs. Bingo ! L’état le plus au nord des USA (hors Alaska), compte un nouveau shérif en ville, et qui n’a pas froid aux yeux. Tom Thibodeau, son éthique drastique de travail et son savoir-faire défensif ont posé leurs valises à Minneapolis.
Tom Thibodeau, un alchimiste évident
Préparez les sacs à vomi aux entraînements, les Wolves DOIVENT passer un cap avec l’ancien coach des Bulls. Au menu donc, si l’on récapitule, des joueurs prometteurs et pas dénués d’un certain sens du spectacle (dont un mec qui passe un rider depuis la ligne des lancers !), des papys garants de l’expérience nécessaire, un coach qui a de la poigne et du bagage, un recrutement plutôt intelligent avec notamment l’arrivée récente de l’ex-Pacer Jordan Hill, un rookie que l'on annonce très doué qui a tout à prouver (Kris Dunn), et surtout, un vent qui ne demande qu'à tourner. Quelques interrogations au passage : l’idole Kevin Garnett va-t-elle rempiler pour une 155e saison en NBA et s’assurer que sa franchise soit enfin sur de bons rails ? Les jours de Ricky Rubio et ses passes fantasques à une main sont-ils comptés du côté des Wolves ? Et quel sera vraiment le niveau du banc ?
Dans tous les cas, dans le fond et la forme, la franchise est séduisante. Certainement pas parfaite, mais pleine de bons ingrédients pour en charmer plus d’un à la rentrée. Quand les Wolves seront champions en 2020 avec Chris Paul et Carmelo Anthony venus gratter une bague en sortant du banc, il sera trop tard pour se faire pardonner d’avoir été sceptiques.
"Je veux que tout le monde sache que l'on arrive. Souvenez-vous de nous, souvenez-vous de ce que l'on a été pendant treize ans parce que tout ça va changer", a lancé Karl-Anthony Towns cette semaine en guise d'avertissement.
Les frissons bon sang, les frissons.