"Sois toujours toi-même. Sauf si tu peux être Batman. Dans ce cas, choisis toujours Batman". On ne sait pas si Steve Kerr connaissait cette formule amusante à l'époque où il jouait en NBA. Mais l'ancien sniper des Chicago Bulls et actuel coach des Golden State Warriors avait un mode de fonctionnement psychologique qui peut un peu faire penser à ça.
Lors de son passage chez The Ringer, Kerr avait raconté de quelle manière il parvenait à donner le meilleur de lui-même pendant sa carrière de basketteur : oublier qu'il n'était "que" Steve Kerr et incarner un autre joueur sur le terrain en volant son identité. Il a détaillé cette approche piquée dans un bouquin.
"Dans son livre, Timothy Gallwey parlait d'un joueur de tennis qui avait des problèmes de confiance en lui. Il lui avait conseillé d'imaginer que pour une journée il était le meilleur joueur du monde. Quand tu entres sur le court, tu n'es plus toi. Tu es Björn Borg. Il racontait que ce gars était devenu incroyablement plus fort grâce à ça.
Je me suis dit que c'est ce que je devais faire. A l'entraînement, je galérais un peu. J'étais un peu trop cérébral, je réfléchissais trop. Donc je choisissais d'incarner des gars crédibles. Je n'allais pas choisir de devenir Michael Jordan. J'en étais incapable. Par contre, j'aimais bien prendre des mecs dont je me disais que j'aurais pu être eux.
J'aimais beaucoup Jeff Hornacek. Il faisait à peu près la même taille que moi, mais c'était un bien meilleur joueur que moi. Il était All-Star, c'était un grand shooteur et il avait plus de flair et de choses dans son jeu que moi. Plus d'imagination aussi.
Rien ne semblait l'atteindre alors que moi j'étais mon propre obstacle. Donc un jour je suis arrivé à la salle en me disant : OK, aujourd'hui je vais être Jeff Hornacek. Je ne lui ai jamais raconté cette histoire (rires). Et là, je réussis le meilleur entraînement de ma saison. J'étais en feu, agressif et je rentrais tous mes shoots.
Tout le monde est venu me voir à la fin pour me féliciter. Et moi je me disais que j'étais pathétique ! Je devais prétendre être quelqu'un d'autre pour donner le meilleur de moi-même. Ça n'a aucun sens !
Mais j'ai continué à le faire. Je me trimbalais toujours avec le bouquin de Gallwey. Dès que ça n'allait plus, que j'étais dans une mauvaise passe, je ressortais ce livre".
Avouez que vous avez bien envie de faire pareil lors de votre prochain match entre potes ? N'oubliez quand même pas ce qu'a dit Steve Kerr. Ne visez pas trop haut !