Stephon Castle, la révélation inattendue des Spurs

DE NOTRE CORRESPONDANT À SAN ANTONIO — Aux Spurs, Stephon Castle excède toutes les attentes. « Je pense qu'on va assister à une progression exponentielle de sa part », prédit Victor Wembanyama.

Stephon Castle, la révélation inattendue des Spurs

Quand les Spurs ont drafté Stephon Castle, il était censé être un projet à long terme. Il était le choix de la patience, de la part d'une franchise qui ne voit pas d'urgence dans le fait de construire une équipe compétitive autour de Victor Wembanyama. On était loin du compte.

« Je ne me considère pas vraiment comme un rookie. J'ai l'impression que ce n'est pas me rendre service », estime Castle. Et cela se ressent sur le terrain.

Le quatrième choix de la draft dégage une impression de maturité remarquable. D'abord présenté comme un spécialiste défensif, il excède les attentes, tenant tête même aux meilleurs joueurs de la NBA. Décrit comme un bon facilitateur, mais peut-être trop juste pour devenir un vrai meneur, il va bien au-delà de l’expectative.

Il fait preuve d'une excellente compréhension du jeu depuis le début de la saison. Que ce soit en attaque ou en défense, il se positionne rarement mal et ne perd jamais le fil de l’action.

On dirait qu'il s'est instantanément adapté au niveau de la ligue. C’en est parfois troublant.

« Il y a beaucoup de choses qui m'impressionnent chez lui. Après trois ou quatre matchs de pré-saison, il m'a dit que le jeu commençait enfin à ralentir pour lui », s'est étonné Victor Wembanyama en conférence de presse, après la victoire des Spurs face aux Kings lundi dernier. « Il m'a fallu une cinquantaine de matches. Il lui en a fallu cinq. Je pense qu’on va assister à une progression exponentielle de sa part. »

Stephon Castle, l’explosion dans le cinq majeur des Spurs

Propulsé dans le cinq majeur des Spurs depuis la blessure de Jeremy Sochan, Stephon Castle a su saisir sa chance. Sur ses sept matches en tant que titulaire, il affiche des moyennes impressionnantes de 13,7 points à 45,3 % aux tirs et 4 passes décisives en 29,2 minutes par match.

La supposée faiblesse du produit de UConn, son tir extérieur, n’en est pas vraiment une. Sur ces sept rencontres, il a réussi 38,7 % de ses tirs à trois points (4,4 tentatives/match). C'est un faible échantillon, mais c'est suffisamment prometteur pour laisser penser qu'il pourrait conserver sa place de choix dans la rotation, indépendamment des blessures.

Plus important encore, Castle termine les rencontres. Une grande marque de confiance de la part de son équipe, à tout juste 20 ans. Et cette confiance est bien placée : il perd peu de ballons, fait peu de fautes. Il ne commet pas vraiment d'erreurs de rookie.

Il est même capable de contrôler le rythme du match — une qualité rare chez un joueur aussi jeune, qui a parfois fait défaut à San Antonio la saison dernière. « C'est un trait que l'on retrouve chez la plupart des excellents joueurs », a souligné Wembanyama. « Ils peuvent contrôler le rythme du jeu et vraiment contrôler le match. Mentalement, il semble avoir la capacité de passer à l'action suivante, qu'il ait fait quelque chose de bien ou de mal. C'est assez rare pour son âge. »

Le fait d’avoir remporté le titre universitaire avec UConn avant d'arriver en NBA l'a sans doute préparé pour ce moment. Il s’est familiarisé avec la pression. La présence de Chris Paul à ses côtés s'avère précieuse, elle aussi. Il le guide sur le parquet, le conseille depuis la touche et l'accompagne à l'entraînement.

Mais la plus grande qualité de Stephon Castle lui appartient pleinement : son engagement physique. Il est peut-être même le joueur le plus investi de son équipe. Des deux côtés du terrain, Castle se jette à corps perdu dans chaque match et fait la différence grâce à son énergie.

Un candidat crédible pour le titre de Rookie de l’année

Dans la défaite face aux Lakers vendredi, Stephon Castle s’est démarqué grâce à ses 22 points et 5 passes décisives, à 7/12 aux tirs, dont 3/4 à trois points. En 33 minutes de basket intense, il a impressionné ses adversaires.

Après la rencontre, LeBron James lui-même est allé glisser quelques mots à l'oreille du rookie. Le « King » lui a prodigué des conseils, pointant certaines actions spécifiques qu’il aurait pu mieux jouer, avant de l'adouber : « Je lui ai dit de continuer ce qu'il fait. Il va être spécial. Il va être spécial. »

Un moment mémorable pour Castle, qui trouvait déjà « fou de partager le terrain avec un gars qu'il regarde depuis qu'il est enfant ». Cet échange en dit long sur la perception de Castle au-delà de San Antonio. C’est à l'ensemble du monde du basket qu’il est en train de se révéler.

Compte tenu du manque de régularité et des rôles limités des premiers choix de la draft — Zaccharie Risacher, Alexandre Sarr et Reed Sheppard — Castle pourrait bien s'imposer comme le favori pour le titre de Rookie de l'année. Il reste toute une saison avant de pouvoir vraiment se prononcer, mais c’est un premier pas prometteur.

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