MIP, un trophée qui repose surtout sur les statistiques
[caption id="attachment_300716" align="alignleft" width="318"] Si les Warriors ont progressé, c'est surtout parce que leur superstar est encore plus forte que l'an passé.[/caption] Le trophée de MIP est le plus ouvert parmi les distinctions individuelles décernées par la NBA. Un peu moins d'une dizaine de joueurs émergent comme des candidats crédibles au cours de chaque saison. Mais combien d'entre eux ont réellement progressé ? Comment quantifier l'évolution d'un joueur d'une saison à l'autre sans prendre en compte le contexte ? Les lauréats passent-ils réellement un cap ou ont-ils surtout profiter d'un temps de jeu accru, du départ d'un cadre ou d'un rôle plus important ? L'élection du MIP repose essentiellement sur les chiffres. Les statistiques. Elles constituent l'outil le plus rapide, le plus facile, pour justement mettre en valeur la progression d'un joueur. Et qui dit stats dit points marqués, la colonne que chacun tend à regarder en premier dans les boxscores. Curry marque beaucoup plus de points que l'an passé - +6,9 - et il parti pour décrocher son première titre de meilleur artificier de la ligue avec 30,7 points par match (statistiques arrêtées au 2 mars). Un bond peu commun pour un joueur déjà nommé MVP la saison précédente. A vrai dire, ils ont même tendance à légèrement baisser en régime après avoir réussi un exercice exceptionnel. La large majorité d'entre eux marque moins de points la saison suivante. Pas le meneur des Warriors. Son +6,9 est d'ailleurs de loin la hausse la plus marquante pour un MVP en titre, loin devant les +4,5 de Larry Bird, comme le mettait en lumière le journaliste ESPN Tom Haberstroh. [superquote pos="d"]Une progression inédite pour un MVP ! [/superquote]Mais le natif d'Akron n'est pas en compétition avec les anciennes légendes de la ligue mais bien les autres joueurs qui ont fortement progressé cette année. Et là encore, son +6,9 se positionne parmi les plus fortes augmentation au scoring. C.J. McCollum et Allen Crabbe, deux joueurs des Trail Blazers qui ont profité des départs de Wesley Matthews et Nicolas Batum, affichent respectivement +14 et +7,4. Will Barton, un autre ancien de Portland, s'éclate cette saison à Denver (+8,5) mais il avait déjà fait gonfler ses statistiques après avoir rejoint les Nuggets en cours de saison dernière et il est candidat au trophée de meilleur sixième homme. Son coéquipier Gary Harris (+7,9), Jae Crowder (+6,8) et Kent Bazemore (+6,9) sont aussi des candidats. Au-delà des points marqués, Stephen Curry est aussi plus dominant, plus menaçant, plus complet et plus efficace que jamais. Sa sélection de tir est ridicule - au point où NBA 2K ne sait comment la retranscrire dans son célèbre opus - et elle serait considérée comme "mauvaise" pour n'importe quel autre joueur NBA. Pas pour lui. Il n'a jamais été aussi adroit, autant dans le champ (51,7%) qu'à trois-points (46,8%) malgré une prise de risque maximale, des tirs après plusieurs dribbles et des shoots tentés à plus de neuf mètres du cercle. C'est tout le jeu de la superstar qui a pris une nouvelle dimension. Une évolution traduite par la hausse de son PER passé de 28,06 à 32,96. Est-il vraiment nécessaire de préciser que jamais un MVP n'avait connu pareille progression et qu'il est bien lancé pour réussir la meilleure saison de l'histoire au PER ?Stephen Curry, un grand joueur devenu l'un des meilleurs de l'histoire
[caption id="attachment_276351" align="alignleft" width="318"] Stephen Curry a gagné en force afin de tirer de plus loin sans changer son geste.[/caption] Ce qui est important lorsqu'un joueur progresse, ce n'est pas seulement de savoir où il en est mais aussi d'où il revient. S'il n'a pratiquement pas joué la saison précédente, il est évident que sa progression sera beaucoup plus quantifiable s'il bénéficie soudainement d'un rôle beaucoup plus important. C'est presque "plus facile". Curry était déjà très, très haut. Un peu à l'image de ses Golden State Warriors, champions NBA l'an passé et désormais bien parti pour terminer la saison avec le plus grand nombre de victoires jamais enregistrés sur 82 rencontres. Les Californiens étaient les plus forts, ils sont désormais bien, bien, bien au-dessus du lot. Ils ont suivi les traces de leur meilleur joueur. Il était grand, il est maintenant très, très, très grand. Avec lui, tout semble si facile... et pourtant, c'est le fruit d'un travail continue et acharné. Le jeune homme de 27 ans s'est notamment renforcé musculairement pour gagner en résistance mais aussi pour... shooter de plus loin."La force qu'il a gagné lui a permis de tirer de plus loin sans pour autant changer sa gestuelle. Il se crée le shoot qu'il veut car il est mesure de reculer pour éviter la pression défensive", explique à ESPN son entraîneur personnel Brandon Payne.Stephen Curry donne justement l'impression de ne ressentir aucune pression sur le parquet et c'est justement ça le point de son jeu le plus effarant actuellement. Les autres joueurs et stars NBA n'ont pas non plus caché leur admiration pour la liberté dont bénéficie le meneur des Warriors et pour la confiance qu'il affiche sur le parquet. Comme si tous ses choix étaient instinctivement bons, comme s'il évoluait en toute décontraction.
[superquote pos="d"]"Il a gagné en confiance." Luke Walton[/superquote]"Il est plus fort que l'an dernier", admettait Luke Walton, assistant de Steve Kerr en charge de l'équipe en début de saison. "Je pense qu'il a encore gagné en confiance en décrochant le titre et le trophée de MVP."[caption id="attachment_269597" align="alignleft" width="318"] Stephen Curry regarde le reste de la ligue de loin avec des jumelles imaginaires.[/caption] La pression, elle est désormais sur ses adversaires. Curry n'est pas le plus grand, ni le plus costaud. Son physique n'est pas intimidant. Son jeu parle pour lui. Et quelque part, il fait peur. Il réussit ce que personne n'a réussi avant lui. Il marque son sport et définit cette nouvelle époque, cette nouvelle ère dont il est le symbole mais surtout le pionnier.
"C'est dur d'imaginer un MVP en MIP", notait son coéquipier Festus Ezeli.C'est là toute la magie de la superstar. Elle rend possible l'impossible et crédible l'inimaginable. Et c'est un point que les électeurs du MIP devront prendre en compte. Une nouvelle page de l'histoire s'écrit et Curry n'en termine plus de casser les codes de ce qui était perçu comme juste - les équipes de shooteurs ne gagnent pas de titre, un titre se gagne en défense, les shoots trop lointains et après le dribble ne sont pas des bons tirs, etc. Autant briser également cette manie qui consiste à donner le trophée du joueur ayant le plus progressé à un joueur de devoir devenu All-Star. Autant l'attribuer à une superstar qui s'affirme désormais comme l'un des joueurs les plus bluffants de l'histoire.