Le palmarès de Stephen Curry est long comme… bref, il est très long. Six finales, autant que Michael Jordan. Trois titres. Peut-être bientôt quatre, autant que LeBron James. Deux MVP, dont un à l’unanimité, performance unique dans l’Histoire de la NBA. Des records en pagaille. Mais aucun trophée de MVP des finales. Ça fait tâche.
Enfin, pas tout à fait. Quoi qu’il arrive, le meneur des Golden State Warriors restera le visage d’une dynastie incroyable et le moteur d’une révolution du basket. Une récompense supplémentaire donnerait évidemment du poids à son héritage. Mais c’est déjà l’un des meilleurs joueurs de l’Histoire.
L’idée – heureusement peu répandue – selon laquelle il n’aurait pas assuré lors des précédentes finales est complètement fausse. D’ailleurs, il méritait même le trophée au moins une fois. Voire deux.
D’abord en 2015. Avec le recul, la décision de nommer Andre Iguodala MVP est une sacrée injustice. Et probablement un très mauvais choix. Son passage dans le cinq majeur des Warriors a effectivement changé le cours de la série. Mais pas de là à éclipser Curry. En fait, LeBron James a été le vrai joueur dominant de ces finales NBA. Peut-être que les votants refusaient alors de le donner à la superstar de Golden State, qui avait, en quelque sorte, « perdu » son duel à distance.
Mais Steph avait tout de même posté 26 pions, 5 rebonds et 6 passes de moyenne à 44% aux tirs et 38% à trois-points. C’est loin d’être mauvais. Ce sont même ses statistiques sur les playoffs en cours. Et ça aurait dû suffire pour être nommé MVP.
La question se pose même en 2018. Kevin Durant a été préféré à Stephen Curry et c’est moins choquant. KD était le meilleur joueur du monde à cette période. N’empêche que son coéquipier a claqué des statistiques tout aussi flatteuses en étant défendu de très près par la défense des Cleveland Cavaliers. Il a marqué plus de points que Durant trois matches sur quatre. Il a fini avec 27 points, 6 rebonds et 7 passes contre 28-8-5 pour son partenaire (28% à trois-points pour KD). Il pouvait aussi y prétendre.
Since 1971, the only 3 players to average 10+ 4th quarter PPG in multiple Finals series are Michael Jordan (1993, 1997, 1998), Shaquille O'Neal (1995, 2000) and Stephen Curry (2015, 2018). pic.twitter.com/HvUpiY2qPE
— NBA History (@NBAHistory) June 1, 2022
Surtout que Curry a toujours le droit à un traitement très spécial de la part de la défense. Les deux superstars se tiraient chacune vers le haut et profitaient de la présence de l’autre. Mais il est peut-être le seul joueur que l’équipe adverse ne veut absolument pas voir prendre feu, tant ses coups de chaud ont un effet entraînant pour les Warriors. Il y a eu des moments où les Cavaliers ont préféré laisser Durant filer au layup – littéralement – plutôt que de donner le moins espace à Steph.
Kevin Durant piqué par une analyse de Draymond Green
Draymond Green parle de « sept fois plus de prises-à-deux » sur son camarade et le chiffre est difficilement vérifiable. Mais, oui, il est surveillé de près. Ça explique aussi pourquoi ses statistiques ne sont pas aussi spectaculaires que pendant la saison. Ça ne veut pas dire qu’il était mauvais pour autant. Sur cinq finales, il a compilé 26,5 points, 5,7 rebonds et 6,2 passes à 42% aux tirs et 38% à trois-points. Des moyennes supérieures à celle qu’il affiche en carrière et similaires à ces perfs en 25 séries de playoffs. Pour la petite comparaison
- Kobe Bryant en finales : 7 participations, 5 titres, 2 MVP, 25,3 points, 5,7 rebonds, 5,1 passes, 41% aux tirs, 31% à trois-points
- LeBron James : 10 participations, 4 titres, 4 MVP, 28,4 points, 10,2 rebonds, 7,8 passes, 48% aux tirs, 35% à trois-points
Stephen Curry n’a pas à rougir, surtout en comparaison avec le Black Mamba. Mais il a désormais l’occasion d’enrichir son palmarès en remportant par exemple deux titres de plus, accompagnés de deux MVP des finales sur les trois ou quatre ans à venir. A ce moment-là, il sera vraiment difficile de ne plus le considérer parmi les dix plus grands de tous les temps.