« De mon point de vue, c’est le meilleur backcourt de shooteurs de l’histoire de la ligue » Clamait le coach au Mercury News.Six saisons NBA en cumulés donc, et déjà parmi les légende de la ligue ? Parlons peu, parlons chiffres. Stephen Curry vient de battre le nombre de paniers primés inscrits en une saison (272), anciennement propriété de Ray Allen. S’il continue à ce rythme en évitant les blessures (la cheville, le talon d’Achille du guerrier de la baie d’Oakland), le fiston de Dell Curry dépassera Ray-Ray au nombre de tirs derrière l’arc marqués en carrière. D’ailleurs pour Jerry West, homme logo et grande figure du shooting, il n’y a pas de contestation possible :
« Stephen Curry est le meilleur shooteur de l’histoire et il va encore s’améliorer. »272 triples inscrits, le tout à 44%, ça vous classe un homme. Car en effet, il ne suffit pas d’arroser à trois-points pour faire un grand shooteur, Rashard Lewis peut en témoigner. Si le meneur des Warriors est un as des as lorsqu’il s’agit de dégainer longue distance, son compère dans le backcourt n’est pas en reste. Pour sa saison sophomore, Klay Thompson a inscrit 211 paniers primés (22ème meilleure performance de l’histoire), en 526 tentatives soit un très correct 40% de réussite. A eux deux, ils totalisent 483 trois-points avec une adresse insolente de 42,8% ! Juste énorme ! Jusqu’à présent, le meilleur backcourt de shooteurs All-time revient symboliquement aux deux arrières Hall Of Famers des Los Angeles Lakers, Jerry West et Gail Goodrich. Ces deux derniers seraient-ils aujourd’hui dépassés par les compères flingueurs des Warriors ?
« Je ne rentre pas dans ce genre de comparaison », répond sobrement Jerry West, aujourd’hui conseiller pour la franchise d’Oakland au Sacramento Bee. « Je suis content que Mark (Jackson) ait dit ça. Ce sont de super shooteurs mais j’aimerais qu’ils forment plus tard le meilleur backcourt de tout les temps. »Il est néanmoins très difficile, voire impossible, de comparer les époques. Lorsque Jerry West et Gail Goodrich faisaient les 400 coups avec les Lakers, les joueurs NBA portaient encore des shorts taille 10 ans de chez Décathlon. Du coup, la ligne à trois-points n’existait pas mais on peut tout de même souligner le fait que l’homme logo comme son compère pouvaient aligner les saisons à plus de 25 points chacun. Jerry West finira sa carrière sur un remarquable 27 points de moyenne à 47%. Shooteurs mais pas que… Même si leur capacité à arroser de loin reste leur principale caractéristique, Stephen Curry et Klay Thompson ne sont pas des joueurs unidimensionnels. Le premier nommé n’est pas passé loin d’une première sélection au All-Star Game cette saison. C’est un bon rebondeur pour son poste (4 par match), mais aussi un défenseur honnête. Un aspect de son jeu souvent oublié, au profit de ses cartons offensifs (54 points contre New York, 47 contre les Lakers). Pourtant il est capable de bien plus selon son coach :
« Je le dis avant qu’on me traite de fou, c’est un défenseur d’élite. »Si Stephen Curry n’est pas le meilleur stoppeur de la ligue, il reste un joueur agressif capable de voler des ballons (1,7 interception). Il sait aussi faire jouer les autres, en témoigne ses 13 passes décisives face aux Nuggets dans le deuxième match de la série. En revanche, Klay Thompson s’avère lui être un défenseur de premier plan. Face aux Spurs, en saison régulière, il avait muselé Tony Parker avec succès permettant aux Warriors d’arracher la victoire en prolongation. Bien entendu, il ne se considère pas comme un simple shooteur :
« J’ai toujours pensé que je pouvais défendre, que ce soit au lycée ou même à la fac, mais je pense que mes qualités de shoot ont toujours fait de l’ombre à cet aspect de mon jeu. »Sous l’impulsion de leur backcourt de folie, les Golden State Warriors ont arraché leur première qualification en playoffs depuis 2007. Stephen Curry s’est muté en véritable leader vocal depuis le départ de Monta Ellis vers Milwaukee. C’est d’ailleurs ce trade, orchestré en partie par Jerry West qui permet aujourd’hui aux fans présent à l’Oracle Arena de s’émerveiller devant l’adresse de leurs deux arrières. Et vu leurs jeunes âges (25 pour Curry, 23 pour Thompson), ils ont encore de la marge.
« Ils ont encore beaucoup de progrès à faire », explique Jerry West. « Et il sont déjà tous les deux très bons. »Pour vraiment marquer l’histoire, Stephen Curry et Klay Thompson doivent désormais faire gagner les Golden State Warriors. A titre d’exemple, Jerry West et Gail Goodrich ont réussi à décrocher une bague de champion en 1972, une marche peut être encore un peu haute pour les deux gâchettes les plus séduisantes de la ligue…