Élu MVP des Finales à l’unanimité, Stephen Curry a indéniablement joué l’un des meilleurs baskets de sa carrière. Sur le plan statistique, sa performance dans cette série est même historique. Son degré d’efficacité est comparable à celui de Shaquille O’Neal dans son prime, l’un des joueurs les plus dominants de l’histoire de la NBA.
L'efficacité dans des conditions extrêmes
Ses moyennes de 31,2 points, 6 rebonds et 5 passes par match, à 48% au tir et 43,7% à trois points sont déjà phénoménales. Ce sont ses meilleures statistiques au scoring, aussi bien en volume qu’en termes d’efficacité, en Finales NBA.
Pourtant, Curry devait porter une charge immense dans ces Finales. On a parfois eu l’impression que tout devait passer par lui et il a souvent été contraint de prendre des tirs très compliqués face à la défense de Boston. Il en a d’ailleurs été la cible principale sur certains matches. Son Game 5, avec 16 points à 7-22 au tir et 0-9 à trois points le pénalise grandement dans les moyennes statistiques de la série. Et malgré ça, il reste l’un des joueurs les plus efficaces de l’histoire de la NBA dans des Finales.
Au terme de ces six rencontres, le meneur termine avec 62,6% de true shooting percentage. Un indicateur de l’efficacité au tir d’un joueur, compilant deux points, trois points et lancers francs. Sur un volume important, une telle précision est souvent réservée aux snipers spécialisés en catch and shoot, à l’image de Ray Allen et Klay Thompson. Stephen Curry, lui, l’a fait en créant son propre tir la plupart du temps.
32,8% des actions de son équipe sont également passées par lui — c’est ce qu’on appelle le usage rate. Il s’agit, de loin, du plus haut taux de la série, devant Jayson Tatum (28,8%), Jaylen Brown (28,7%) et Andrew Wiggins (22,5%). La combinaison d’une telle efficacité avec une utilisation si importante est presque inédite.
Stephen Curry, le Shaq de la ligne à trois points
Selon StatMuse, seuls deux autres joueurs dans l’histoire des Finales NBA ont compilé au moins 32% de usage rate et 62% de true shooting percentage : LeBron James en 2014 et Shaquille O’Neal en 2002. Deux monstres d’efficacité, deux monstres de domination, que Curry a donc égalés.
Il y a toutefois une différence majeure entre ces deux joueurs et le leader des Warriors. Aucun d’entre eux ne tirait vraiment à trois points. Aucun autre joueur que Curry n’a d’ailleurs jamais dépassé les 50% de true shooting percentage avec une si grande utilisation et au moins trois tirs à trois points par rencontre. C’est ce qui le rend si spécial.
En 2002, Shaq prenait la grande majorité de ses tirs dans la raquette. Il ne s’en écartait d’ailleurs que très rarement. Des tirs avec un taux de réussite très élevé, surtout avec un tel gabarit. De plus, un grand nombre d'entre eux étaient relevaient plutôt de la finition que de la création de tir.
12 ans plus tard, LeBron s’éloignait un peu plus du cercle. Mais il n’a rentré que 14 tirs à trois points dans toute la série. Ses tirs restaient essentiellement concentrés dans la peinture. De même, une part importante de ses tirs dans la peinture étaient le fruit d'un alley oop ou d'une autre mise en place par un coéquipier.
Stephen Curry, pour sa part, a réussi 31 tirs derrière la ligne. Ses tirs sont plus espacés, on en voit même certains bien avant la ligne à trois points. La shot chart n’a plus rien à voir et il a, de surcroît, créer la plupart de ces tirs lui-même.
Ces trois visuels symbolisent parfaitement l’évolution de la NBA, dans laquelle le tir extérieur est devenu une arme commune. Cela ne retire toutefois rien à la difficulté de ces tirs. La précision du meneur, à cet égard, est particulièrement impressionnante.
Il est également plus difficile pour un joueur comme Curry, évidemment moins physique et athlétique que James et O’Neal, de réussir ses tirs dans la raquette. Les dunks, par exemple, manquent rarement leur cible. Et malgré leur proximité du cercle, ils comptent de la même manière qu’un tir à mi-distance dans le true shooting percentage. Autant dire que Curry (1,88 m) dunk moins souvent que LeBron (2,06 m) et Shaq (2,16 m), deux phénomènes athlétiques. Les floaters sont pour lui bien plus fréquents, mais aussi bien plus difficiles.
Ce qu’a réussi à accomplir Stephen Curry est tout simplement fou. En dépit d'un degré de difficulté plus élevé, il a réussi à se maintenir à un niveau d’efficacité digne des joueurs les plus dominants de l’Histoire. Un véritable bug dans la matrice.
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