Stephen Curry, le Shaq des arrières
C'est simple, aucun joueur n’a donné une telle impression de domination individuelle depuis Shaq en 2001. Pas même Tim Duncan. Pas même ce cyborg de LeBron. C’est bien au Big Cactus qu’il faut comparer Stephen Curry désormais, plus qu’à d’autres meneurs ou arrières contemporains. Si O’Neal brutalisait les adversaires dans la peinture en force et avec toucher, Curry le fait depuis n’importe quel endroit du terrain. On a tous un pote un peu primitif qui se demande pourquoi personne ne lui met d’énormes taquets. Pourquoi aucun coach ne demande à l'un de ses joueurs de faire une "Cantona sur Der Zakarian" pour abîmer un peu la gueule d'ange du MVP. Tout simplement parce qu'il faut pouvoir suivre ses déplacements, épouser son rythme, ou même le toucher quand il dégaine ou pénètre. Tony Parker et sa vitesse ? Voilà ce que Stephen Curry en fait.
Kawhi Leonard et sa virtuosité défensive. Voilà ce que Stephen Curry en fait.
La passe la plus bizarre de la saison de la part de Festus Ezeli ? Voilà ce que Stephen Curry en fait.
Ezeli delivers an unconventional assist on NBATV! #NBARapidReplay #SASatGSW https://t.co/ygmfiLPKnl
— Sari Hernandez ♥♕ (@sarihernandez88) 26 Janvier 2016
En deux quart-temps et demi, Stephen Curry a tué tout suspense. Et même si chacune de ses explosions est un petit moment d'histoire dont on se délectera dans 20 ans, on a pesté. Pesté contre cette prestation impuissante des Spurs, qui n'avaient pas pris une telle tannée depuis... 1989. Pesté contre LaMarcus Aldridge, capable de faire mumuse contre des franchises médiocres, mais terriblement muet et inutile cette nuit. Pesté contre génie du "Baby-Faced Assassin" qui nous a encore privés de suspense.
DeMarcus Cousins a sauvé la nuit
Heureusement, le League Pass existe pour donner un peu moins d'aigreur aux yeux collés du lendemain, et on a pu zapper entre deux temps morts et durant tout le 4e quart-temps sur les autres rencontres. Dans l'idée, le Sacramento-Charlotte n'était pas la plus sexy des affiches, même si les Kings jouent bien en ce moment et que les Hornets, même sans Nicolas Batum, sont divertissants. Mais quelques tweets nous ont mis la puce à l'oreille et indiqué que quelque chose de lourd se produisait sur le parquet de la Sleep Train Arena pendant que les Warriors humiliaient tout le Texas. "Boogie has decided to end the world tonight" ("Boogie a décidé d'anéantir le monde ce soir" en VF). Et effectivement, DeMarcus Cousins a redonné un peu de piment à la nuit. [superquote pos="g"]Comme si soudainement il avait accepté son destin : celui d'être le meilleur pivot de la ligue.[/superquote]Sacramento a paumé, certes, par la grâce de l'improbable Troy Daniels (8/11 à 3 points et un game-winner), qui avait visiblement emprunté un peu de mojo à Stephen Curry, mais quel pied de voir Cousins en action ! On parlait de Shaq un peu plus tôt et il y avait aussi de ça dans les gestes féroces mais très maîtrisés du sale gosse de l'Alabama, auteur de 56 points (record de la franchise) et privé d'un carton encore plus large après une 6e faute très discutable au début de la prolongation. Depuis son arrivée en NBA, "Boogie" nous a fait criser, nous a frustrés, agacés... Avec autant de basket dans les mains et un tel potentiel physique, pourquoi tout foutre en l'air avec un comportement hautain, malpoli et parfois paresseux ? Depuis un mois, il avait déjà égayé quelques insomnies en enchaînant les matches à plus de 30 points et en adoptant une attitude plus positive. C'est ce "DMC" là que l'on rêve de voir tous les soirs. Des moves splendides près du cercle, des drives + dunks meurtriers en dépit de son gabarit, quelques petits shoots à mi-distance histoire de dire "je vous fais ce que je veux". Un récital. C'est comme s'il avait soudainement accepté son destin, celui d'être le meilleur pivot de toute la ligue. On se souviendra peut-être plus tard de cette période où "Boogie" a pris conscience de qui il était. On est encore loin d'un retour des Kings et de leurs cloches à vaches en playoffs. Mais avec des performances comme celle-ci, on n'hésitera bientôt plus à préférer un match de Sacto à une nouvelle démonstration des Warriors...
DeMarcus Cousins puts up career-high and NBA season-high 56 points for the @SacramentoKings on 21/30 FG! https://t.co/9jcFoiZ2FM
— NBA (@NBA) 26 Janvier 2016