« Nous cherchons toujours à cibler le maillon faible, donc quand il (Stephen Curry) est sur le terrain et qu’ils jouent small ball, on l’inclut toujours dans le pick-and-roll. »
Le meneur des Golden State Warriors s’en moque. Il comprend la stratégie, mais est certain de pouvoir sortir des actions défensives :« Si j’étais le coach adverse et que je voyais Stephen Curry, Klay Thompson, Kevin Durant, Andre Iguodala et Raymond Green, je chercherais très probablement à me viser en défense - surtout dans le cas d’une équipe qui repose sur les situations d’isolations comme eux », a-t-il expliqué à USA Today au lendemain du game 1. « Cleveland l’a fait pendant des années. Mon but, c’est que si vous voulez abandonner votre jeu offensif habituel pour essayer de me cibler et de me mettre dans des situations de mismatch ou autres, alors au cours des 48 minutes, je vais faire suffisamment de stops pour m’en sortir. »
Le game 1 lui a donné raison. Seuls 12 des 41 points de James Harden ont été scorés sur Stephen Curry. En revanche, le Warrior lui a volé la balle à deux reprises. Des interceptions particulièrement importantes dans le cours du match. Golden State était à +6 au moment de la première, au milieu du troisième quart-temps. S’ils prennent le panier, les Rockets recollent à 4 points. Grâce à ce steal, les Californiens se sont donnés de la marge. La deuxième intervient à cinq minutes de la fin alors que Houston a l’opportunité de recoller à 7 ou 6 points. Bien sûr, par moments, Curry a souffert. Comme lors du début de match. Sur la première action, où Trevor Ariza vient porter un écran sur Kevin Durant pour que James Harden se retrouve face au meneur des Warriors. Mais celui-ci est resté collé à Ariza et KD. James Harden aurait presque eu le temps d'accepter une lapdance avant d’ajuster son tir. Moins de deux minutes plus tard, le probable MVP lui collait un nouveau tir primé sur la truffe. Mais au final, sur l’ensemble de la rencontre, la défense de Stephen Curry n’est clairement pas préjudiciable aux Golden State Warriors. Il a d’ailleurs clairement mieux défendu que celui censé le cibler, James Harden. Surtout, et c’est peut-être le plus important, le cibler présente en soi des limites. C’est sûrement d’ailleurs le passage le plus intéressant de sa déclaration mentionnée plus haut : « si vous voulez abandonner votre jeu offensif habituel pour essayer de me cibler ». Le jeu des Houston Rockets n’a certes jamais rivalisé en termes de mouvements et de circulation de la balle avec celui de leurs adversaires cette saison, mais il était malgré un tout un poil plus riche que ce qui a été montré hier. C’est d’ailleurs sans doute la raison de l’énervement de Mike D’Antoni avec les journalistes.« Ils disent que tout ce qu’on fait c’est de l’iso. Non ce n’est pas vrai et de toute façon c’est ce qu’on fait de mieux. (…) Ils disent que nous ne passons pas la balle, que tout ce qu’on fait c’est être des piquets. Vraiment ? Nous avez-vous vus pendant 82 matches ? (…) Nous devons juste rester qui nous sommes et être meilleurs à cela. »
https://twitter.com/BenGolliver/status/996447339777871872 Rester cohérent avec leur principe fondamental de jeu - ajouter un peu plus de mouvements, des coupes - c’est ce qu’ils n’ont pas réussi à faire hier. Et en partie à cause de leur obsession à vouloir cibler Stephen Curry. Ce qu’ils n’ont en plus pas réussi tant que ça. Cette volonté de cibler un joueur en particulier a tendance à créer une dynamique encore moins collective que d’habitude (et ce n'est pas peu dire) chez les équipes qui jouent en iso. C’est une tendance qu’on a déjà vu par le passé chez les Cleveland Cavaliers. Notamment l’an dernier où cette volonté transformait les équipiers des deux go-to guys en piquets spectateurs, qui observaient LeBron et Kyrie attaquer l’un après l’autre. Ça n’a pas plus marché pour eux lors des Finales 2017 que pour les Rockets lors de ce Game 1. La défense collective des Golden State Warriors et leur force de frappe offensive sont bien trop fortes pour qu’une attaque aussi stérile leur colle plus de points qu’eux n’en mettront. S’ils veulent espérer gagner, les Houston Rockets devront bien évidemment continuer à jouer sur leurs forces. Mais il leur faudra ajouter quelques variations à la caricature de jeu en isolation montrée lundi, avec des joueurs non-porteurs capables soit de scorer soit de monopoliser un peu plus leur vis-à-vis pendant que James Harden fait son show. Sinon, à moins de pourcentages indécents, ils auront du mal à rivaliser dans cette série. Et peu importe combien de fois ils réussissent à cibler le soi-disant maillon faible des Warriors.