Kevin Durant. Klay Thompson. Puis Stephen Curry. Sur les six derniers matches qu’ils ont disputé – finales 2019 incluses – les Golden State Warriors ont perdu trois superstars sur blessure. Les longues campagnes victorieuses et répétées ont laissé des traces sur les organismes. Cinq finales de suite depuis 2015. Trois titres. Des centaines de rencontres disputées chaque année. Un épuisement mental et physique dont les Californiens finissent peut-être par encaisser le contrecoup. En effet, après KD (tendon d’Achille) et Klay (ligaments croisés du genou) et juin, c’est donc Curry qui s’est blessé hier soir. Le double-MVP a fait une vilaine chute après un contact avec Aaron Baynes. Il s’est écrasé au sol, se cassant la main au passage.
https://twitter.com/dieter/status/1189753216835080192?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1189753216835080192&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.thescore.com%2Fnba%2Fnews%2F1867372
Les médecins de la franchise vont encore passer des examens complémentaires. Le staff et le joueur décideront à ce moment-là si une opération est la meilleure option ou non. Son indisponibilité sera alors plus précise. Les Warriors vont de toute façon devoir se passer des services de leur figure emblématique.
« C’est un début de saison difficile pour nous à bien des niveaux. Et c’est évident que cette blessure nous met dans une situation très compliquée », confiait Steve Kerr.
Même avec Stephen Curry, cette équipe souffrait
La blessure du meneur All-Star enfonce un peu plus des Californiens déjà bien mal embarqués. Des difficultés étaient attendues. Prévisibles après les départs de Durant, Andre Iguodala (transféré à Memphis), Shaun Livingston (parti à la retraite). Surtout avec la longue absence de Thompson, au moins jusqu’en février et probablement pour toute la saison. Après avoir dominé le championnat, Golden State s’apprêtait à rentrer dans le rang. Même si ses stars évoquaient encore une fois la possibilité d’aller en finales. En effet, un groupe avec Stephen Curry, le jeune D’Angelo Russell (débarqué en provenance de Brooklyn), Draymond Green et un Klay Thompson revenu avant le printemps, ça a de l’allure. Sans doute pas l’équipe idéale à affronter au premier tour des playoffs. Encore que pour ça, il faut se qualifier à l’Ouest.
Les constats précipités sont toujours délicats mais, après deux matches, la probabilité de voir les Warriors dans le top-8 de la Conférence semblait tout de même moins élevée. Ils ont d’abord pris une vilaine gifle de la part des Los Angeles Clippers pour leur tout premier match à San Francisco, au Chase Center. Après le match, Kerr avouait même que « ce n’était pas un jour sans » et qu’il y aurait de nombreux autres soirs comme ça. Dans la foulée, ses joueurs se faisaient balayer par l’Oklahoma City Thunder, une formation pourtant en reconstruction. Le coach avait bien conscience de la réalité, même aussi tôt dans la saison. L’effectif est jeune. Inexpérimenté. Et même… faible ? OK, il y a toujours trois All-Stars dont un Green au profil un peu particulier. Mais l’écart de niveau entre le troisième joueur de l’effectif et les sept suivants est énorme.
Hier soir, les Dubs étaient à la rue avant même que Stephen Curry se blesse. Les Phoenix Suns, donc clairement pas la défense la plus redoutée en NBA, les ont maintenu à 14 points lors du premier quart temps. Pendant qu’ils en plantaient 43 ! Une nouvelle déculottée. Avec un Green lui aussi contraint de quitter le parquet prématurément en raison de douleurs au dos.
Et si les Golden State Warriors... visaient la draft ?
Après quatre matches, les Warriors n’affichent qu’une seule victoire. Le « one man show » espéré pour Curry – enfin en solo à la manière d’un James Harden – n’aura probablement jamais lieu. Et pas seulement parce qu’il est blessé. Steve Kerr se refuse à jouer une vingtaine de picks-and-roll par match pour sa superstar. Parce que ça va épuiser un joueur de 31 ans, 32 en mars, qui a déjà besoin de repos. Ce n’est pas sa philosophie. Le basketteur lui-même n’est pas dans cet état d’esprit. Sur cette première semaine, on l’a vu partager la gonfle avec Jordan Poole, Eric Paschall, Glenn Robinson III, Marquese Chriss. Il essaye de les aider à s’intégrer dans le système en place. Il n’est pas là pour claquer 40 points en visant les 45 victoires pour récolter un trophée de MVP et une sixième place à l’Ouest. Il pense à l’avenir. Le futur proche.
L’organisation n’a pas caché qu’elle visait le titre en… 2021. Alors autant prendre le temps de mettre les jeunes à l’aise dans les schémas du coach en espérant qu’un ou deux d’entre eux progresse vite. C’est peut-être ce qui attend Golden State pour la suite de la saison. Et après tout, pourquoi pas. Après tant d’années de domination, personne ne leur reprochera de développer un peu leurs prospects.
En 1997, les San Antonio Spurs, une équipe habituée aux playoffs, ont laissé David Robinson sur la touche quasiment toute l’année et ils ont hérité de Tim Duncan à la draft. Bon, évidemment, ce n’est sans doute pas ce qui attend les Warriors. Déjà parce qu’un Duncan, on en trouve un tous les vingt ou trente ans. Ensuite parce que Stephen Curry ne sera pas absent indéfiniment. Et il est trop tôt pour réellement envisager de tanker. Mais la perspective d’une équipe reposée avec Curry, Thompson, Green, Russell et un choix parmi les cinq premiers de la draft (un vrai asset pour un transfert)… ce n’est pas si mal. Ça peut aider à oublier ce début de saison catastrophique et à garder espoir.