Stephen Curry, un danger permanent sur pick-and-roll
D’abord, un flashback. Rapide. Décembre dernier. Juste après le choc perdu contre les Cleveland Cavaliers le soir de Noël, Stephen Curry, d’ordinaire très policé dans ses réponses, s’est permis une mise au point tactique lors d’une interview accordée à la presse. Sans non plus se plaindre du coaching ou de la stratégie de Kerr, il a réclamé à jouer plus de pick-and-roll.[superquote pos="d"]"Je veux jouer plus de pick-and-roll." Stephen Curry en décembre. [/superquote]« Je veux vraiment me retrouver plus souvent dans ces situations. Que ce soit pour créer des tirs ou du mouvement, le pick-and-roll est l’une des forces de notre équipe », commentait le meneur des Warriors.Absolument pas anodin. Le sujet a depuis été dissipé à coup de victoires. Il est temps de le remettre sur le tapis à l’heure où Curry et ses performances – excellentes mais simplement humaines comparées à celles de l’an dernier – occupent l’actualité. Sur le papier, Golden State a le potentiel pour s’affirmer comme une arme de destruction massive sur pick-and-roll. Stephen Curry a un handle hallucinant qui lui permet d’effacer rapidement n’importe quel défenseur, encore plus s’il peut profiter du chaos créé par un bon pick. Si son vis-à-vis décide de passer sous l’écran – pour anticiper l’attaque du cercle – il laisse démarqué le meilleur shooteur de l’histoire derrière l’arc. S’il essaye de le coller pour empêcher un tir facile, Curry peut profiter de l’élan et de l’espace pour foncer au cercle. https://www.youtube.com/watch?v=TlHSBbTnbbU Il est aussi un excellent passeur. Sa vision du jeu et son sens du caviar lui permet de trouver un coéquipier démarqué si jamais la défense préfère protéger la raquette et laisser ouverts des shooteurs à 3-points. https://www.youtube.com/watch?v=gSTZh4am7QI Ce n’est pas un hasard si Draymond Green est le poseur d’écran sur les deux clips. L’homme à tout faire des Warriors a un profil unique. Il est mobile et il est costaud. Même s’il n’est pas un scoreur, il peut finir près du cercle s’il a de l’espace. https://www.youtube.com/watch?v=u6kSkqxAQhI Mais le natif de Saginaw est surtout un excellent passeur. C’est peut-être même sa qualité la plus intéressante sur le pick-and-roll. Les défenses adverses ont parfois tendance à « doubler » Curry pour l’empêcher de faire ses tours de magie balle en main. La gonfle revient donc rapidement à Green, qui se retrouve en charge de la création du jeu dans une situation de « 4 contre 3 » (les Warriors sans Curry pris à deux et la défense sans les deux joueurs qui ont trappé le meneur). [caption id="attachment_373499" align="alignnone" width="636"] Al Horford est contraint de prendre le relais d'Isaiah Thomas en défense sur Stephen Curry. Draymond Green a un boulevard devant lui.[/caption] [caption id="attachment_373501" align="alignnone" width="636"] Servi par Curry, Green a attiré l'attention sur lui. Jae Crowder a notamment quitté son vis-à-vis pour venir aider dans la raquette.[/caption] [caption id="attachment_373503" align="alignnone" width="636"] Green n'a plus qu'à servir le rookie Patrick McCaw, seul dans le corner.[/caption] Imaginez maintenant Kevin Durant à la place de Patrick McCaw. Le résultat ? Un 3-points automatique. https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=opiNb03VTyE Les Warriors ont le luxe de pouvoir placer Durant dans un coin et Klay Thompson dans l’autre sur pick-and-roll. Deux des meilleurs shooteurs purs de la ligue. Rien que ça. Une autre combinaison possible consiste à laisser KD poser l’écran sur l’adversaire direct de Curry et de le laisser faire un pas derrière l’arc dans la foulée. Du pick-and-pop, un dérivé du pick-and-roll. Si la défense double Curry, Durant est seul derrière la ligne. Si les adversaires « switchent » (changent d’adversaire direct), le meneur se retrouve avec un intérieur moins rapide face à lui tandis que son coéquipier fait maintenant face à un arrière certainement plus petit que lui. [superquote pos="d"]"Ce serait très dur de nous arrêter sur pick-and-roll." Kevin Durant[/superquote]Les picks-and-roll entre Durant et Russell Westbrook faisaient fureur à Oklahoma City. Mais Steve Kerr s’est peu appuyé sur ce tandem, malgré les demandes de son joueur.
« J’adorerai jouer plus de pick-and-roll avec lui », avouait le MVP 2014. « Ce serait très dur de nous arrêter. »Steve Kerr a déjà plus ou moins été questionné sur la fréquence d’utilisation des combinaisons. Il a sobrement répondu que le pick-and-roll était le système le plus commun en NBA et que son staff cherchait à innover. Effectivement, le jouer à outrance le rend prévisible et les défenses se creusent les méninges toute l’année pour trouver le meilleur schéma susceptible de le contenir. Les Cavaliers et les San Antonio Spurs ne raffolent pas non plus du pick-and-roll par exemple. Paradoxalement, les Warriors sont déjà l’une des meilleures équipes de la ligue dans ce domaine. Avec 0,9 point rapporté par possession sur pick-and-roll (pour le porteur de balle), Golden State pointe parmi les six formations les plus efficaces de la NBA. Mais ils jouaient déjà peu de P&R l’an dernier (un pourcentage similaire). Ils étaient en revanche encore plus efficaces avec 0,98 ppp.