Premier MVP unanime de l’histoire en 2016, porteur d’une véritable révolution, on a parfois l’impression que le meilleur de Stephen Curry est déjà derrière lui. En réalité, il faut admettre que ses tirs à trois points, quelques mètres avant la ligne, ne surprennent plus. Le meneur des Golden State Warriors ne suscite plus les mêmes sensations. Cependant, cela ne retire rien à son degré d’excellence. Il se pourrait même que nous soyons actuellement témoins de la meilleure version de Stephen Curry.
Ses 43 points dans le Game 4 représentent peut-être la plus grande performance de sa carrière. Sa deuxième marque la plus haute en Finales, après ses 47 points dans une défaite face aux Raptors en 2019. Derrière ce chiffre se cachent aussi 10 rebonds, 4 passes décisives. Surtout, un magnifique 53,8% au tir et 50% à trois points. Phénoménal.
"La place de ce match dans le classement de ses performances en Finales NBA ? Probablement numéro 1. […] Steph a vraiment joué d’une façon incroyable", admirait alors Klay Thompson, son coéquipier depuis 2011, après le match.
Alors que cette performance a été perçue comme un coup d’éclat, elle est d'abord le reflet du joueur qu’est Stephen Curry dans cette série. Le meneur porte son équipe, tout simplement. Dans les quatre matches, le chef a marqué 137 points. Le deuxième scoreur du collectif, Klay Thompson, en a pour sa part 69. Une différence colossale. Il repousse ses limites soir après soir.
Malgré toutes les responsabilités qui pèsent sur ses épaules, le leader des Warriors se montre à la hauteur. Il fait preuve d’une efficacité absolument inédite dans l’histoire de la NBA.
Avec le plus gros usage rate des Finales depuis LeBron James en 2015, il joue 33,6% des actions de son collectif face aux Celtics. Un chiffre particulièrement élevé, qui coïncide avec ceux des plus grands : Michael Jordan, Kobe Bryant, Shaquille O’Neal et James notamment, parmi les joueurs les plus dominants de l’histoire.
Pourtant, malgré cette surutilisation, il affiche un true shooting percentage de 66,4%. Ce chiffre, qui mesure l’efficacité globale d’un joueur au tir en prenant en compte les lancers francs, est tout simplement inédit. Aucun joueur dans l’histoire des Finales n’a jamais atteint la barre des 65% avec au moins 33% de usage rate sur un temps de jeu significatif. Jordan plafonne à 61,7% sur sa meilleure série répondant à ses critères, contre 56,2% pour LeBron. Curry est dans sa propre catégorie.
Et pourtant, l’assassin au visage d’ange ne se positionne pas en simple tireur. Il n’a pris que 11 shots à trois points en catch-and-shoot depuis le début de la série. Au contraire, il a tiré 40 pull-ups, avec un taux de réussite exceptionnel de 50%. La défense de Boston a eu raison du jeu de Golden State, dans lequel les joueurs trouvent régulièrement des paniers faciles — notamment sur des passes de Draymond Green. Mais Curry s’est adapté et joue un peu plus de pick and rolls à chaque match, jusqu’à 45 dans le Game 4.
Peu de joueurs dans l’histoire de la ligue peuvent se vanter de mieux créer leur tir que le chef. Il est arrivé à un stade où son shoot est tout simplement indéfendable. S’il affiche 45,2% de réussite sur les trois points ouverts dans la série (14-31), il monte à 55% lorsqu’il est défendu de près (11-20). Des chiffres au-delà du réel, qui reflètent parfaitement l’anomalie Stephen Curry.
Sa performance dans le Game 4 pousse d’ailleurs ce constat à un tout autre niveau. Cette nuit-là, le natif d’Akron a marqué 43 points avec un true shooting percentage de 71,8%, bien aidé par son 7-14 à trois points. Pourtant, ses tirs étaient pour la plupart d’une grande difficulté.
Sur la série, Curry affiche 34,3 points de moyenne. 12 de plus que le deuxième meilleur scoreur de la série, Jaylen Brown et Jayson Tatum à égalité, une première depuis Kobe Bryant en 2009.
Il ne s’est jamais maintenu à un tel niveau au scoring en Finales. Il a certes déjà été plus prolifique à la passe — notamment avec Kevin Durant — et au rebond, mais il n’a jamais autant marqué et il n’a jamais été aussi précis. Cette série pourrait bien être la plus grande de sa carrière.
- 2015 : 26 points, 5,2 rebonds 6,3 passes, 44,3% au tir, 38,5% à trois points
- 2016 : 22,6 points, 4,9 rebonds, 3,7 passes, 40,3% au tir, 40% à trois points
- 2017 : 26,8 points, 8 rebonds, 9,4 passes, 44% au tir, 38,8% à trois points
- 2018 : 27,5 points, 6 rebonds, 6,8 passes, 40,2% au tir, 41,5% à trois points
- 2019 : 30,5 points, 5,2 rebonds, 6 passes, 41,4% au tir, 34,3% à trois points
- 2022 : 34,3 points, 6,3 rebonds, 3,8 passes, 50% au tir, 49% à trois points
Avec Klay Thompson et Draymond Green en dessous de leurs standards, Stephen Curry n’a jamais porté son équipe d’une telle manière. Si les Warriors remportent le titre, il sera le MVP des Finales indiscutable. Certains, comme John Hollinger de The Athletic, considèrent qu’il devrait l’être même dans la défaite. C’est dire à quel niveau il évolue.
D’un point de vue strictement individuel, cette version de Stephen Curry est sans doute la meilleure. Scoring et efficacité record face à une défense qui a donné du fil à retordre à tous ses adversaires, il est historique.
Voilà pourquoi Stephen Curry n’a pas été MVP des Finales en 2015