Il est coutume de dire que les playoffs, c’est un autre basket. Plus âpre, plus rugueux, et donc plus défensif. La cuvée 2024 n’échappe pas à la règle jusqu’ici, avec des équipes (et donc des joueurs…) bien en-deçà de leurs standards de saison régulière. Pour ne citer que les franchises toujours en course pour ravir le trophée Larry O’Brien cette année, on peut ainsi constater que Cleveland (-14,5), OKC (-14,0), Boston (-13,0), Dallas (-12,2), Indiana (-10,7), Denver (-8,3) et Minnesota (-4,2) sont (bien) moins inspirés en attaque sur cette postseason. Seul New York, porté par le basket de tranchées préconisé par Tom Thibodeau du training camp aux playoffs, reste jusqu’ici dans ses standards (-2,2 seulement). Pourtant, comme l’année dernière, la grande ligue a établi de nouveaux records offensifs (ère moderne) sur cet exercice 2023-2024.
Ainsi, 3 équipes ont bouclé la saison régulière avec une moyenne de plus de 120 points inscrits par match pour la première fois depuis près de 60 ans : Indiana (123,3), Boston (120,6) et Oklahoma City (120,1 pts). En 1966-1967 en effet, les Sixers de Wilt Chamberlain, les San Francisco Warriors de Rick Barry (un sophomore à plus de 35 points par match…) et les Lakers d'Elgin Baylor avaient réussi pareil exploit dans une ligue alors limitée à 10 franchises seulement. Une statistique qui traduit à elle seule l'évolution récente du jeu en NBA, toujours plus axée sur l'attaque.
Mais ce n’est pas tout. Car si l’augmentation du pace (nombre de possessions sur 48 minutes) et la surutilisation du shoot à trois points peuvent expliquer cette stat historique, un autre facteur s’impose : l’efficacité offensive. Un critère mesuré en NBA par l’«Offensive Rating», qui permet d’estimer le nombre de points inscrits par une équipe (ou un joueur) sur 100 possessions. Et dans ce registre, la ligue nord-américaine a encore franchi un cap. Après les 114,8 points enregistrés en 2022-2023, précédent record, la NBA a fait plus fort encore cette année avec 115,3.
Une marque qui explique en grande partie les performances au scoring cette saison des superstars de la ligue, toujours plus nombreuses à dépasser les 25 points de moyenne par match. Ils étaient ainsi 14 au-delà de cette barre symbolique en 2023-2024 contre 5 dix ans plus tôt, alors que seul Tracy McGrady (28,0 pts de moyenne) apparaissait dans ce classement en 2003-2004.
Autant de records qui donnent le tournis, visiblement moins difficiles à transposer individuellement que collectivement dans ces playoffs 2024. Car si les équipes ont largement baissé le pied, plusieurs pistoleros encore en lice pour gagner le titre sont jusqu’ici au rendez-vous. Ainsi Shai Gilgeous-Alexander et Nikola Jokic continuent de tenir leur rang alors que Donovan Mitchell (+3,0 pts), Anthony Edwards (+4,7 pts) et l’inévitable Jalen Brunson (+5,2 pts) ont clairement activé le « mode playoffs ».