En NBA, le mot « polyvalence » est lancé à tort et à travers pour décrire des joueurs qui ne le sont, bien souvent, pas tant que ça. Le terme sied pourtant parfaitement à Sidy Cissoko, quatrième et dernier Français drafté ce jeudi. Au point où cette caractéristique est devenue à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse du 44e choix des Spurs.
Victor Wembanyama ne sera donc pas la seule pépite tricolore à faire ses débuts à San Antonio la saison prochaine. Il sera accompagné du natif de Saint-Maurice — ville voisine de Charenton, dont Evan Fournier fait la fierté — qui a, pour sa part, déjà pris des marques de l’autre côté de l’Atlantique.
Victor Wembanyama, drafté par les Spurs, a accompli son destin
Entre l’Europe et l’Amérique, un parcours à l’image du joueur
Cissoko passe d’un potentiel générationnel à un autre. Il bénéficie même d’une légère upgrade, après avoir partagé le terrain avec Scoot Henderson dans l’équipe de la G League Ignite. Il y était devenu, à l’été 2022, le premier Européen de l’histoire du programme.
Le parcours du joueur est à son image : ancré dans la diversité. Après neuf années de basket dans l’Hexagone, il a parfait sa formation à Baskonia, en Espagne, et son club satellite Iraurgi SB, avant de décoller pour les États-Unis. Jeune professionnel, le caméléon s’est confronté à une multitude d’environnements et s’y est adapté à la perfection.
Aligné sur les postes extérieurs en Europe, Sidy Cissoko est devenu un ailier dans l’antichambre de la NBA. Sa taille (1,97 m pour 2,08 m d’envergure), son physique blindé et sa grande mobilité lui permettant de jouer à plusieurs postes et d’assumer les responsabilités que cela implique des deux côtés du terrain.
Cette saison, aux côtés d’Henderson et de Leonard Miller, il a appris à évoluer efficacement loin du ballon qu’il avait l’habitude de tenir entre ses mains, et continué d’élargir une panoplie déjà bien garnie. Car, au-delà de la polyvalence qu’offre son morphotype et ses qualités physiques, son éventail technique impressionne par sa largeur.
« En Europe, il jouait beaucoup sur le ballon en tant que meneur de jeu. Mais au cours de l’année, on l’a vu se sentir à l’aise en jouant sans le ballon et en opérant en tant qu’ailier… Nous étions ravis qu’il soit disponible », a expliqué Brian Wright, GM des Spurs, visiblement séduit par tant de polyvalence.
Sidy Cissoko, un véritable couteau suisse
Des deux côtés du terrain, le Français est capable de faire un peu de tout. Défensivement, sa vitesse et son corps lui permettent de couvrir une grande variété de profils. C’est sans doute dans cet aspect du jeu qu’il brille le plus.
Cissoko a ce qu’il faut, physiquement, pour devenir un fort défenseur. Mais il coche aussi toutes les cases mentalement, autant par sa compréhension du jeu — qu’il met à profit pour couper les lignes de passe et anticiper les offensives adverses — que par sa détermination. Il a affiché cette saison un mental de guerrier prêt à se battre sur chaque possession, qui ne cesse de mettre de l’intensité dans le jeu et qui n’hésite pas à plonger lorsqu’il y a un ballon à récupérer.
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En attaque, tout cela se traduit par un solide jeu en transition. Il doit une grande partie de sa production en G League (12,8 points et 45,5 % aux tirs) aux opportunités qu’il sait saisir avant que la défense ne se mette en place, ainsi qu’à ses coupes bien senties et son efficacité près du cercle. Il brille surtout par son playmaking, s’illustrant fréquemment par ses passes remarquables aux angles surprenants.
« C’était quelqu’un que nous envisagions si nous étions restés en 33e position. Alors, l’avoir en 44e, c’était génial », s’est réjoui Wright après la draft.
Aux Spurs, une spécialité à trouver et un avenir à définir
Le joueur de 19 ans ne manque pas de qualités, c’est certain, mais il n’est évidemment pas parfait. Solide dans tous les domaines, il ne dispose d’aucune véritable spécialité. Une spécificité qui limite, sur le papier, grandement son potentiel.
Le déclic, s’il arrive, pourrait être son tir encore en travaux (30,4 % à trois points, 64,5 % aux lancers francs). Couplé à de grandes capacités défensives, un bon handle et la capacité de créer pour les autres, un bon shoot pourrait être le ticket vers une vraie carrière en NBA, à l’aile. Il manque en tout cas un quelque chose à Sidy Cissoko pour rassurer pleinement.
À San Antonio, qui débute sa reconstruction, il aura le temps et les moyens de le trouver. Nul doute, compte tenu de sa mentalité, qu’il fera de son côté tout son possible pour passer dans une nouvelle dimension.
Son rôle pour ses premières saisons reste trouble. Ce sera à lui et aux Spurs de découvrir ce qu’il sera sur un terrain NBA. Pour le moment, la perspective de le voir évoluer avec le nouveau porte-étendard de la France dans la ligue nord-américaine est déjà très réjouissante.
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