Le Moody Center d’Austin, où les Spurs avaient établi un nouveau record d’affluence la veille, accueillait une foule plus clairsemée pour leur équipe de G League ce samedi. Dans les gradins, seules les sections les plus basses étaient occupées pour voir Sidy Cissoko inscrire 25 points, son record en carrière, dans la victoire face aux Capital City Go-Go.
Sélectionné en 44e position lors de la dernière draft, le Français n’a cumulé que 32 minutes en NBA. Il passe la majorité de sa première année dans la ligue de développement, où la franchise l’envoie afin de maximiser son temps de jeu et sa progression. Après 34 minutes intenses sur le terrain, il s’est assis pour répondre à nos questions sur sa saison rookie.
Comment se déroule ta saison avec Austin ?
Sidy Cissoko : Ça se passe bien ! On essaie de se qualifier pour les playoffs et, pour l’instant, on est sur la bonne voie (les Spurs sont actuellement cinquièmes de l’Ouest avec un bilan de 15-11, ndlr). J’espère que cela va continuer.
Tu effectues de nombreux allers-retours entre San Antonio et Austin. À quoi ressemble la vie de joueur en G-League ? Est-ce parfois difficile ?
Oui, mais je ne me plains pas. J’ai deux appartements : le mien, à San Antonio, et celui que les Spurs m’ont donné à Austin. J’ai ma petite voiture et j’aime bien conduire maintenant, donc j’en profite.
Le plus relou, ce sont généralement les déplacements avec l’équipe de G-League lorsque l’on joue à l’extérieur. Parfois, on se réveille à 3 h ou 4 h du matin, on a un avion à 7 h et ensuite on doit attendre sur place. C’est toujours compliqué, mais c’est la G-League, les moyens ne sont pas les mêmes qu’en NBA. Il faut s’accrocher.
« On joue juste au basket. On profite. »
Pour les déplacements, tu voyages sur des vols commerciaux ?
Oui, et la plupart des gens se battent pour avoir les issues de secours. Même s’ils voient qu’il y a des basketteurs, ils s’en fichent complètement. Mais il y a des gens qui ont une vie deux fois plus difficile, alors qu’on joue juste au basket. On profite.
Le 29 février, tu as joué contre les South Bay Lakers en G League, puis tu as rejoint l’équipe principale pour le match contre le Thunder. Dans ces situations, es-tu prévenu à la dernière minute ? Comment cela se déroule-t-il ?
Je sais que certaines équipes préviennent 30 minutes avant. Ce que j’apprécie chez les Spurs, c’est qu’ils font un excellent travail à ce niveau. Ils me l’annoncent vraiment trois à quatre jours à l’avance. La dernière fois, quand j’étais sur les deux matches, ils m’avaient prévenu quelques jours avant, ce qui m’a permis de m’organiser.
Comment vis-tu le fait de jouer principalement en G League ? Les Spurs t’ont-ils dit ce qu’ils attendent de toi pour passer au niveau supérieur ?
Ils m’ont dit d’être patient. Il ne faut pas se précipiter, j’aurai ma chance. Être ici permet plus de répétitions. Je sais que si je reste à San Antonio toute l’année, je jouerai au maximum 20 matches. Ce n’est pas ce qu’ils veulent pour moi. Ils veulent que je joue, que je m’amuse. Même si c’est frustrant, même si parfois tu penses pouvoir jouer avec les Spurs, il faut être patient.
Sur le terrain, ils me demandent simplement d’être agressif, de provoquer des fautes, de marquer les paniers faciles dans la raquette, de réussir des tirs à trois points et, bien sûr, de défendre. Et ils regardent tous les matches.
« Quand ils m’envoient ici, c’est pour montrer que j’ai le niveau pour jouer avec les Spurs. »
Victor Wembanyama : Gregg Popovich dithyrambique à propos de sa personnalité
Peux-tu nous parler de ta progression ? Es-tu satisfait par ton évolution ?
Je trouve que ma défense continue de s’améliorer. Je fais déjà un bon travail dessus. Quant au tir, je fais le travail pour, mais il faut être patient. Je ne m’attends pas à tirer à 5/5 ou 7/7 à trois points dès demain.
Je suis satisfait (de mon évolution), mais je me suis blessé en milieu de saison et ça a coupé ma bonne dynamique. J’ai perdu un mois à cause de cela, puis deux semaines supplémentaires à cause de mon genou. Au final, cela représente beaucoup de temps sur une année. Mes coéquipiers ont joué au moins dix matches de plus que moi.
Gregg Popovich a récemment fait comprendre que tu dois encore progresser en défense. Il a expliqué que les « louanges n’étaient pas pour tout de suite ». Qu’est-ce que cela t’a inspiré ?
Même si l’on est bon dans quelque chose, on peut toujours s’améliorer. La défense est un de mes points forts et je peux en faire une grande force. Il ne faut pas que je me repose sur mes lauriers, je dois continuer à travailler là-dessus. Je ne peux pas faire le flemmard.
Quelle est la plus grande différence entre la G League Ignite où tu jouais l’année dernière et ton équipe de cette année ?
À l’Ignite, on était un peu comme des adolescents. On n’avait pas de grandes responsabilités, ils te tenaient par la main jusqu’à ton arrivée en NBA.
Ici, je sens que j’ai plus de responsabilités. Peu importe que j’aie 19 ans ou non, on me traite comme un adulte. Je ne peux pas me lamenter ni me plaindre. Je dois absolument me comporter comme un professionnel, car je pense que les équipes ne veulent pas d’un rookie qui se plaint tout le temps. Quand ils m’envoient ici, c’est pour montrer que j’ai le niveau pour jouer avec les Spurs.
Pour finir, y a-t-il une anecdote qui t’a marqué depuis le début de la saison ?
Au début de la saison, je ne savais pas que je jouais avec le frère de Keldon Johnson, Kaleb. Pendant un mois ou deux, je n’ai pas réalisé. Ils ne se ressemblent pas, ils ne parlent pas de la même manière, etc. C’est Keldon qui me l’a appris. Quand je suis retourné à San Antonio, il m’a appelé et il m’a demandé : « Tu étais avec mon frère ? » Je me suis dit : « C’est qui ça ? » Je n’avais pas compris.
Photos : Benjamin Moubèche