Ce qu’on a retenu de Serbie-France

Entre une Marseillaise cocasse, des cadres pas encore au top et des Serbes affûtés, on a tiré quelques enseignements de la rencontre de mercredi soir.

Ce qu’on a retenu de Serbie-France
Après quatre matches de préparation, l’équipe de France a donc deux victoires et deux défaites à son actif. On ne s’attendait pas à une prestation exceptionnelle contre la Serbie, qui plus est à Belgrade et dans ce contexte de non-compétition. On aurait évidemment préféré que les Bleus l’emportent une seconde fois contre un adversaire qui l’a privé de la finale du dernier Mondial. Mais la défaite n’a rien de dramatique et a pu permettre de soulever quelques problématiques utiles à moins d’un mois du début de l’Eurobasket.

Aucun des Bleus ne fera la prochaine saison de The Voice

On a beaucoup aimé la manière dont Boris Diaw et ses coéquipiers ont entonné La Marseillaise a capela après le couac de l’organisation serbe infoutue de caler correctement le CD de l’hymne. Pas seulement parce que ça a flatté la fibre patriotique du public français, mais aussi parce qu’on a pu avoir la confirmation que nos Bleus sont meilleurs basketteurs que chanteurs. Si l’incident se répète pendant un match à Montpellier ou à Lille, leurs vocalises devraient être couvertes par celles de leurs supporters, fort heureusement.

Les cadres ne sont pas encore au top de leur forme… et c’est normal

Le terme « cadre » peut paraître un peu vague dans ce groupe où de nombreux éléments sont là à chaque rendez-vous depuis plusieurs années. Cela dit, le trio Parker-Diaw-Batum est censé être le moteur de l’équipe sur le terrain et les trois hommes n’ont pas encore proposé leur meilleur visage depuis le début de la préparation. On sait que l’important reste évidemment que chacun enregistre des minutes au compteur pour être prêt au moment opportun, c’est-à-dire début septembre. Contre la Serbie, Diaw a paru un peu juste défensivement et rapidement fatigué par ses agressifs adversaires. Le dunk de Simonovic sur sa truffe et quelques situations où il ne s’est pas forcément dépouillé témoignent de cela. Tony Parker a lui eu du mal à fluidifier le jeu français et n’a pas toujours été irréprochable à la finition. Le coup de reins est toujours là et il a déséquilibré les Serbes à plusieurs reprises, mais on l’a parfois vu manquer de lucidité ou tenter des choses un peu compliquées à ce stade de la préparation. Quant à Nicolas Batum, on attend de le voir un peu plus dans le rôle de première gachette qu’on le sait capable d’endosser à l’occasion, comme en fin de tournoi lors du dernier Mondial. « Batman » sort d’une saison compliquée en termes de confiance, mais les prochaines rencontres devraient lui permettre de retrouver ses repères et son agressivité. Nando De Colo, qui a manqué quelques jours de la prépa pour soigner son mollet et encadrer ses camps d'été, revient bien comme l'indiquent ses 10 points dans ce match. Le joueur du CSKA Moscou a intégré le groupe des cadres du propre aveu de Vincent Collet, grâce à une superbe saison en Russie. On attendra donc de lui qu'il poursuive sur sa lancée, après avoir dû déclarer forfait l'été dernier.

Mickaël Gelabale mérite sa place

Gelabale fait partie de ces joueurs qui ont du mal à se stabiliser dans un club (12 équipes différentes, sans compter ses deux piges en D-League) et n’ont du coup pas toujours la cote auprès du public. Toujours est-il que chez les Bleus, l’ancien joueur des Sonics et des Wolves est irréprochable et donne presque toujours le meilleur de lui-même, quel qu’ait été son temps de jeu en club. Face aux Serbes, l’ailier de 32 ans a pris ses responsabilités lorsque ses coéquipiers ont été frappés de mutisme en attaque et ont manqué de mordant. L’élégance de son fadeaway juste avant la pause a aussi rappelé que le Guadeloupéen était un sacrément beau joueur de basket. Vincent Collet devrait à nouveau lui faire confiance dans son groupe restreint et c’est finalement assez logique.

Heurtel un peu dans le dur

Le bruit d’une éviction prochaine de Thomas Heurtel en compagnie de Mam Jaiteh est en train de courir. Une surprise, quand on se souvient du rôle majeur joueur par le meneur de l’Anadolu Efes lors de la dernière campagne et de son sang froid magnifique face à l’Espagne durant le tournoi. Cela dit, Heurtel a pour le moment du mal à retrouver son meilleur niveau et sa prestation contre la Serbie n’a pas rassuré. Des pertes de balle, un manque de mordant et d’adresse, peu de passes décisives, l’ancien Palois et Strasbourgeois a paru en difficulté, un an après avoir été un très bon intérimaire en l’absence de Tony Parker. Il lui reste a priori quelques matches pour rappeler à tout le monde qu’il fait partie des joueurs les plus habiles d’Europe à son poste.

Fournier, c'est mieux

On ne sait pas si c'est le fait d'avoir vu son pote Nikola Vucevic avant la rencontre qui l'a décomplexé, mais Evan Fournier a joué avec confiance et agressivité mercredi soir. Dans le deuxième quart-temps, ses 3 paniers extérieurs après un bon démarquage ont montré aux sceptiques ce qu'il était capable d'apporter. Il est capable de faire encore bien plus et son insouciance peut et doit être un atout pour les Bleus. Sa place n'étant pas acquise, il lui faut briller dès vendredi contre la Belgique pour confirmer ce regain de forme.

Nemanja Bjelica risque d’être la star de l’Euro… et des Wolves ?

Parlons tout de même un peu des Serbes, qui seront encore un sacré morceau lors du prochain Euro. Sans Milos Teodosic, qui n’est apparu que quelques secondes en fin de match, les joueurs de Sasha Djordjevic ont été séduisants. Cueillis à froid par les Bleus, les vice-champions du monde se sont repris de belle manière, sous l’impulsion de Nemanja Nedovic et, surtout, de Nemanja Bjelica, le futur joueur des Wolves. L’ailier n’a inscrit « que » 12 points, mais on a pu sentir à quel point il pouvait être facile et dominant lorsqu’il le souhaitait. Déjà en vue lors du dernier Mondial, le joueur de 27 ans est le maillon fort du groupe serbe avec Teodosic et ses adversaires à l’Euro devraient rapidement comprendre pourquoi il a été désigné MVP de l’Euroleague cette année. En NBA, on espère que Flip Saunders le laissera s’exprimer au sein de la jeune garde du Minnesota. Son profil n’existe pas vraiment chez les Wolves et il a tout pour être l’une des révélations de la saison.