« C'est un privilège de représenter l'université de Duke, et ce privilège comporte la responsabilité de se comporter d'une certaine manière. Rasheed a manqué à plusieurs reprises aux obligations du club, il nous est donc apparu qu'il était temps de le renvoyer du programme. »Un véritable coup de tonnerre à Duke : en 35 ans, Mike Krzyzewski n'a jamais renvoyé personne. Jusqu'à ce 29 janvier 2015. L'université et l'équipe ne publient aucun rapport permettant de comprendre les raisons de leur choix. Laissant la porte ouverte à de nombreux soupçons. Car depuis un an, Rasheed Sulaimon traîne de sales histoires. Plus précisément, deux allégations de viols, qui auraient été commis lors de l'année universitaire 2013-2014.
Deux accusations en cinq mois
C'est en octobre 2013 que des premiers bruits commencent à courir. Un premier incident révélé par une jeune femme lors d'un « Common Ground » entre étudiants. Comprendre : un camp retranché, où durant quatre jours ces derniers s'adonnent à des séances de discussion, échangent sur des problématiques sociales, économiques, et autres enjeux liés à la race, au genre et à la sexualité. L'endroit où la jeune femme ose parler. Puis rebelote, avec une nouvelle, en février 2014. Bilan : deux accusations séparées de viol à l'encontre du jeune Rasheed Sulaimon. Sauf que les jeunes femmes ne sautent pas le pas de la plainte. Ni à la police locale, ni auprès du Bureau de conduite des étudiants. Elles disent à leurs proches craindre une chose : les réactions des fans de Buke. L'entourage de l'équipe, lui, est accusé d'avoir fait la sourde oreille. En témoignent les propos d'un ancien coéquipier de Rasheed Sulaimon, qui raconte que dès mars 2014, Krzyzewski et ses assistants étaient au courant des bruits du campus :« Rien ne s'est passé après des mois et des mois de discussions. L'administration de l'université savait. Kevin White savait (le vice-président du Département sport), Mike Cragg savait (le directeur du Département sport). »
La peur des fans
Pour cet ancien coéquipier aussi, si les jeunes femmes n'ont pas été plus loin, c'est par peur de devoir se confronter à un joueur de l'équipe de basket. Soit, selon eux, à bien plus qu'un simple étudiant.« Les réactions lors de l'affaire de viol impliquant Jameis Winston auraient été celles de nombreux fans passionnés de Duke. »Jameis Winston, ce joueur des Seminoles de Florida State accusé d'avoir commis un viol en décembre 2012, lorsqu'il était étudiant à l'université d’État de Floride. Lincoln Wensley, ancien secrétaire à l'administration basket de Duke, a échangé avec une amie proche de l'une des deux victimes après l'avoir entendu évoquer le « prochain gros scandale de Duke ».
« Elle expliquait qu'elle souhaiter elle-même engager une action, mais avait apparemment peur du pouvoir de l'équipe de basket sur le campus » racontera-t-il.Malgré les allégations, et des rumeurs grandissantes, l'université ne mettra pas d'enquête sur pied. Même si elle se trouve, d'après la loi, dans l'obligation d'en mener une au moindre soupçon. Résultat : comme envers Jameis Winston hier, ni la police ni l'université n'ont pour le moment mené d'enquête suite à ces allégations. Via Duke Chronicle