Ce lundi, face aux Rockets, le Frost Bank Center s’est transformé en terrain d’expérimentation pour les Spurs. En l’absence de Tre Jones, Gregg Popovich disposait du parfait prétexte pour nommer Jeremy Sochan meneur titulaire et essayer de faire jouer son équipe sans gestionnaire de formation, volonté annoncée depuis la reprise. Un premier aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’attaque de San Antonio cette saison.
Sochan, en sa qualité de meneur officieux, a été le premier à prendre en charge la balle. Bien qu’il n’ait pas été crédité de la moindre passe décisive sur la feuille de statistiques, il a pleinement assumé son nouveau rôle. L’ailier américano-polonais a organisé le jeu et hérité du plus grand nombre de possessions de son équipe (57). « C’est complètement différent de ce à quoi il était habitué l’année dernière. Je trouve qu’il a fait un excellent travail et qu’il va dans la bonne direction », a salué Keldon Johnson, après la rencontre.
Finalement, lui aussi s’est prêté au jeu, à l’instar des autres membres du cinq majeur : Malaki Branham et Cedi Osman. Chacun a eu l’occasion de s’y essayer, à l’exception notable de Zach Collins. Utilisé en tant que point de fixation et connecteur, le pivot a joué un rôle crucial dans la construction offensive, s’imposant même comme le meilleur passeur de l’équipe (5 passes décisives en 22 minutes). « J’adore faire circuler le ballon et permettre à nos extérieurs de faire autre chose que sortir d’un écran », a-t-il expliqué en conférence de presse. « J’espère que ces gars savent maintenant que j’ai l’intention de leur envoyer la balle. »
Un jeu « en chantier », sans meneur traditionnel
Les absences de Victor Wembanyama et Devin Vassell — mis au repos avec Jones — ont permis de se concentrer pleinement sur la dimension collective des Spurs. Sans star ou chef d’orchestre à qui s’en remettre, les joueurs sur le terrain ont beaucoup fait circuler la balle, ont imprimé un bon mouvement et se sont montrés généreux sur les extra-passes. Le succès n’a pas toujours été au rendez-vous, en témoignent les 18 ballons perdus pour 21 passes décisives. Mais il ne s’agissait que d’un croquis du plan de jeu qui se dessinera tout au long de l’année. « C’est en chantier », a esquissé Popovich.
Victor Wembanyama : Une limite déjà décidée par les Spurs sur le nombre de matches ?
Le coach sous-entend depuis deux semaines qu’il n’a pas l’intention de faire jouer son équipe de manière conventionnelle. « Concrètement, nous voulons remonter la balle. Mais peu importe qui s’en charge », a-t-il annoncé. Jeremy Sochan considérait son rôle de meneur comme une « expérience » lors du media day. C’est maintenant une réalité. Wembanyama, qui insiste souvent sur le fait qu’il n’a pas vraiment d’étiquette et qui a expliqué « jouer le rôle de Tre Jones » à l’entraînement, endossera également ce rôle dans une certaine mesure. D’autres aussi. Une stratégie logique compte tenu de la composition de leur effectif.
Le « tall ball » des Spurs, un choix d’avenir
Le roster des Spurs, avec une taille moyenne de 2,02 m, figure parmi les trois plus grands de la NBA. En déployant Sochan en tant que meneur, Gregg Popovich a cherché à maximiser cet atout et à créer un déséquilibre des deux côtés du terrain. « Il y a un extérieur sur Jeremy, qui mesure 2,06 m, c’est un avantage pour nous », a décrit Zach Collins, mettant en avant l’intérêt offensif de cette composition. Mais cela s’applique aussi bien à la défense.
La hauteur de la muraille bâtie par la franchise texane a perturbé les Rockets ce lundi. Le cinq majeur de San Antonio, qui a joué près de 14 minutes, a dominé des deux côtés du terrain (38-22). Il a limité Houston à 41,7 % à deux points, et 25 % à trois points, des taux de réussites très faibles en NBA. Alperen Sengun (3 points à 1/8 aux tirs) et Dillon Brooks (10 points à 2/8 aux tirs) en ont particulièrement souffert.
Cette saison, le collectif voit grand. C’est le cas avec sa raquette composée de Victor Wembanyama (2,24 m) et Zach Collins (2,11 m), mais pas seulement. Le « tall ball » sera souvent à l’honneur chez les Spurs. Les extérieurs ne seront pas les seuls à porter la balle — même si cela mènera assurément à quelques ratés. Cela s’impose dans une équipe où tant d’ailiers et intérieurs ont la capacité de manier le ballon et de créer pour les autres. Il s’agit, avant tout, d’un choix d’avenir.