Parce que Russell Westbrook était le plus fort cette saison
D’ailleurs, en parlant du propriétaire des Dallas Mavericks : qui se souvient de la saison 2006-2007 ? Qui se souvient que Dirk Nowitzki a été nommé MVP ? Que son équipe a gagné 67 matches cette année-là ? Personne. Par contre, la fessée cul nu qu’ils prennent au premier tour des playoffs contre les Warriors, ça tout le monde s’en rappelle. Et attention, à l’époque, on peut dire que les Warriors portaient bien leur nom. Les Baron Davis, Stephen Jackson, Matt Barnes, c’était de vrais guerriers. Une équipe de bonhommes comme on n’en fait malheureusement plus. L’évènement marquant, en 2007, c’était ça. [caption id="attachment_386263" align="alignright" width="350"] Retrouvez cet article et bien d'autres dans REVERSE #62, actuellement en kiosques.[/caption] Bon et bien dans dix piges, quand on parlera de la saison 2016-2017, le nom de Russell Westbrook sera le premier à être évoqué. Oubliées l’efficacité monstre de Kawhi Leonard, les performances spectaculaires de James Harden ou la blessure de KD. On se souviendra d’abord des 42 triple-doubles dingues de RW. Et son triple double de moyenne aussi, évidemment. Parce que ça, c’est légendaire. C’est historique. Ça, ça va rester. Rien que ça, ça méritait un trophée de MVP. Il n’y a que deux joueurs qui ont réussi à compiler plus de dix unités dans trois catégories statistiques sur un exercice. Deux ! Oscar Robertson et lui. Mais bon, tu l’as déjà vu jouer, toi, « Big O » ? Bien sûr que non. Russell Westbrook, sa saison de malade, tu l’as vécue en direct. Heureusement qu’il y avait ses matches époustouflants et sa quête du triple-double de moyenne pour nous tenir en haleine d’octobre à avril. Sinon, honnêtement, qu’est-ce qu’on se serait fait chier. La ligue peut remercier le leader du Thunder d’avoir conféré un semblant d’intérêt à une saison que tout le monde sait trop longue. Il s’est passé quoi à part ça ? LeBron a fait le mec fragile. Rien de neuf. L’équipe de l’autre grand dindon a gagné soixante-sept matches, la plupart réglés dès le troisième quart-temps. OK, merci. Il y avait bien LaVar Ball pour faire le show à un moment, mais si le League Pass et Internet ont sauté, c’est grâce à Westbrook. Rien à voir, mais LBJ aurait pu claquer un triple-double de moyenne lui aussi. En 2007, quand il jouait encore la saison régulière à fond et en entier. Ses coéquipiers à l’époque ? Le redoutable Sasha Pavlovic, Larry Hugues, Drew Gooden ou encore Eric Snow avec vingt kilos de trop. Il a mené ces mecs-là en finale NBA. Une bonne série perdue 4-0 contre les Spurs que personne n’a voulu regarder. Mais ça, c’était bonhomme. Bref, si LeBron n’a jamais tapé le triple-double sur une saison, c’est certainement la faute du CAL (Complot Anti LeBron, une association de malfaiteurs dont t’as entendu parler pour la première fois dans REVERSE #61, mais Bron-Bron ça fait longtemps qu’il sait qu’elle existe).Parce qu’il a mené une équipe de bras cassés en playoffs
Les Cavaliers étaient bien nazes en 2007. Le Thunder de 2017, c’est presque pareil. Une superstar qui fait tout et des branquignols qui se contentent de défendre, de sécuriser les rebonds pour leur maître suprême et de défendre. Même pour parler en interview ils ont besoin de la permission du grand chef. Ça fait un moment que les fans mi-puristes, mi-insoumis se paluchent en évoquant leur nostalgie des années 90. Ah, cette fameuse époque où les meilleurs joueurs évoluaient chacun dans une franchise. Ça n’existait pas encore les fuyards qui s’associent à quatre dans la même formation. Vous vouliez les 90’s ? Tenez, Westbrook vous les a données. u pur basket à l’ancienne. Sérieusement, t’as déjà vu un écran de Steven Adams ? Oui ? Et bien c’est ça les 90’s. Les 90’s, c’est un gars super talentueux qui fait tout et quatre plots qui jouent des coudes. Après, voilà, ça se plaint partout qu’il ne lâche pas assez la balle. Mais tu sais ce que c’est que de devoir filer la gonfle à Domantas Sabonis, Kyle Singler ou Semaj Christon ? Même un tir contesté par trois joueurs est une meilleure option qu’un shoot ouvert pour l’un de ces gars-là. C’est sûr que c’est plus facile pour Durant de partager le ballon avec Curry ou Klay Thompson. Russell, n’a pas vraiment le choix. Faut quand même bien comprendre qu’André Roberson était la deuxième option du Thunder en playoffs. André Roberson. Deuxième. Option. Le gars raterait un éléphant dans un couloir. Ses deux coéquipiers les plus forts sont deux Youtubeurs moustachus, mais il a mené son équipe en playoffs. Sans lui, OKC pouvait directement viser la loterie. Malgré cet effectif terriblement cheum, il est resté. Lui aussi pouvait se barrer en juillet. Le Thunder l’aurait transféré s’il avait demandé à partir. Mais il ne l’a pas fait.Parce que Russell Westbrook est un mec loyal
Pas son style. Il laisse ça aux mantes religieuses en pleine crise de confiance. Westbrook est un mec réglo. Et pas seulement avec sa femme Nina qu’il fréquente depuis l’université. Déjà au lycée, il avait juré fidélité à ses potes. Le Leuzinger Highschool n’était clairement pas l’établissement le plus réputé pour le basketball. Les rivaux de Westchester et Artesia, bien mieux exposés, jouaient avec de beaux maillots sponsorisés. Il a eu l’occasion de les rejoindre et d’accroître ainsi ses chances de décrocher une bourse à l’université. « Oh non, hors de question », avait-il répondu à l’époque. « Non, non, non. C’est l’école d’où je viens. C’est là où sont mes amis. Impossible que je parte. » Il est resté. Il n’a pas gagné le titre, mais il a porté l’équipe jusqu’en quarts de finale du championnat régional. Pourtant, les spécialistes d’ESPN et les grands accros aux rumeurs aimeraient encore nous faire croire que les Lakers restent dans un coin de sa tête. Foutaises. Balivernes de journalistes. Russell Westbrook qui s’engage avec Oklahoma City ? Tout sauf choquant. Russ est comme les plus grands de son sport. Il est prêt à faire carrière à un seul et même endroit. Même si c’est dans le trou du cul des Etats-Unis où Donald Trump a fait des scores aussi élevés que Marine Le Pen dans un village de la Côte d’Azur. Pas besoin pour lui de découvrir une nouvelle ville. Il a ses habitudes à OKC. Il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. Les hommes de valeur attachent de l’importance à tous ces détails. Il ne dévie pas de ses principes. Ni de sa routine. C’est ça qui définit Westbrook. Sa mentalité, son acharnement, ses heures d’entraînement. Parce que si tu crois que tu peux cumuler un triple-double de moyenne juste en fonçant dans le tas et en mangeant toutes les possessions de ton équipe, tu te mets le majeur dans l’œil. Lui, c’est le boulot. Et les coaches n’ont pas intérêt à se pointer une minute en retard à la séance sous peine de se manger une piqûre de rappel d’une superstar toujours ponctuelle. L’attitude que l’on attend d’un leader. C’est pourtant rarement souligné. C’est vrai que c’est beaucoup plus drôle de parler de ses balles perdues. Mais essaye seulement de faire des passes aux mains carrées de Jerami Grant ou au fantôme de Nick Collison. Le natif de Long Beach reste le même. Pas qu’aux entraînements. En match, aussi. Il a beau le répéter, personne ne l’écoute, mais le constat est irréfutable : il joue aussi dur face aux rivaux de Golden State que face aux clowns de Sacramento ou aux mecs en Stan Smith du terrain en bas de chez toi. Y’a game, il y va. Il rentre sur le parquet, il démonte tout, il repart.« Comme si quelqu’un avait pissé dans ses céréales », résumait parfaitement Mike Malone.
Voilà, ça, c’est un mec qui sait. Qui comprend. Sûrement pour ça que les Kings l’ont viré. Bref, Westbrook ne se blesse jamais et il joue de la même manière tous les soirs. A fond. Ce n’est pas à lui que tu vas coller un « DNP – Rest » sous prétexte qu’il a un petit bobo au genou. Et c’est bien parce qu’il est toujours vénère qu’il est presque impossible de ne retenir qu’une seule de ses performances d’anthologie. Il y en a déjà trop.