C’est officiel, Russell Westbrook est désormais un joueur des Clippers. Peut-être arrivera-t-il cette fois à s’épanouir à Los Angeles, sa ville natale, après avoir échoué chez les Lakers. Peut-être surtout pourra-t-il être lui-même, comme sa nouvelle équipe le lui a promis.
Les deux franchises de la Cité des anges évoluent dans la même salle, la Crypto.com Arena, et ont les mêmes objectifs. Pourtant, une différence saute déjà aux yeux chez "Brodie" lorsqu’il évoque ce changement de cadre : le sourire. Le fait de gagner neuf places dans le classement en passant d’un vestiaire à l’autre y contribue certainement, mais ce n’est pas tout.
Aux Clippers, Westbrook est désiré. Ici, personne n’a exprimé sa déception de ne pas avoir récupéré Kyrie Irving à la trade deadline comme l’a fait LeBron James. Au contraire, toute l’équipe s’est accordée pour répéter à l’unisson que, avec eux, Russ pourra être Russ. Comme quoi, il suffit peut-être vraiment de traverser la rue pour trouver sa place.
Un nouveau joueur pour une nouvelle équipe
Force est de constater que le Russ en question a beaucoup changé. Aux Lakers, il a appris à se contenter d’un rôle moins prestigieux et il a accepté de sortir du banc. Le joueur qui est arrivé en Californie en tant que troisième star d’un contender semble déjà loin.
"Tout ce qu’on me demande, tout ce qu’ils ont besoin que je fasse, je le ferai. Et je le ferai au mieux de mes capacités. J’espère que tout se passera bien de cette manière", annonce-t-il.
L’ancien franchise player du Thunder en est techniquement à sa sixième équipe depuis qu’il a remporté son titre de MVP, il y a six ans. La machine à triple-doubles est un peu cassée et Westbrook a conscience que le jeu ne peut plus tourner autour de lui aujourd’hui.
Ses moyennes de 15,9 points, 7,5 rebonds et 6,2 passes en 28,7 minutes par match cette saison ne sont pas mauvaises sur le papier. Cependant, elles ne disent clairement pas tout. Ses 41,7 % de réussite au tir et 29,9 % sont un exemple criant du niveau d’inefficacité qu’il a atteint.
L’athlète a les mêmes chiffres que nous sous les yeux. Il sait que les Clippers ne l’ont pas fait venir pour porter leur équipe d’une quelconque manière. Il n’est qu’une pièce parmi d’autre et doit trouver sa place dans un tout, où les deux seules individualités qui s’élèvent réellement sont celles de Kawhi Leonard et de Paul George.
"Pour moi, il s’agit simplement de trouver ma façon d’aider les autres gars. […] C’est ce que je ferai, m’assurer que je peux rendre le jeu facile pour tous les gars qui sont ici, découvrir leurs spots, ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas", résume le meneur.
Cela sera plus aisé dans un effectif dans lequel il retrouve des visages familiers, comme George, ainsi que plusieurs soutiens. Lawrence Frank, le président des opérations basket, est persuadé que Russell Westbrook est le profil qui correspond aux besoins de l’équipe. Le vestiaire semble partager cet avis.
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Russell Westbrook pourra être "le joueur qu’il est"
Il n’est pas question de transformer le joueur. Pas cette fois-ci. Bien sûr, ce dernier a conscience qu’il devra s’intégrer à un groupe établi et s’inscrire dans la continuité de ce qu’il propose. Mais les Clippers l’ont fait venir pour ce qu’il est réellement — avec tous les défauts et les problèmes que cela implique.
"S’il en fait trop ou pas assez, je le lui ferai savoir. Mais nous voulons qu’il soit le joueur qu’il est, le MVP, le Hall of Famer, tout ce qu’il apporte chaque soir. Nous voulons qu’il soit cette personne, ce joueur", assure notamment Tyronn Lue, le coach.
Le meneur pourra ainsi préserver ce qui fait profondément son identité. Il pourra "utiliser sa rapidité et sa faculté à aller dans la peinture pour dégager des tirs faciles pour les gars" et "maintenir un rythme élevé" comme il l’anticipe. Lue ayant d’ores et déjà annoncé qu’il aurait souvent la balle entre les mains, il devra même le faire.
Sur le reste, Westbrook sait ce qu’il a à faire : "je m’adapterai et je continuerai ce qu’ils font actuellement". Cette intégration ne pourra pas se faire en un claquement de doigts, cela demandera de la patience. L’essentiel sera de venir à bout des doutes quant sa capacité à jouer sans ballon et à maintenir un niveau d’efficacité conséquent. Personne ne se voile la face à ce sujet.
"Nous savons qu’il peut faire des plays et prendre les bonnes décisions. Le plus important, c’est ce que nous allons faire avec lui et comment nous allons l’utiliser quand il n’a pas le ballon. Ça va prendre un peu de temps. Quand vous êtes le MVP de la ligue et un Hall of Famer, vous devez changer votre jeu dans certains domaines. Donc, nous devons l’aider.
Cela va prendre un peu de temps, car vous vous habituez à jouer d’une certaine manière, dans un certain style de basket pendant toute votre carrière, et c’est ce qui fait de lui Russell Westbrook. Donc nous ne voulons pas lui enlever cela. Mais quand il est sans ballon, il doit également trouver des choses qu’il peut faire sans ballon qui ont un impact sur le jeu, sur la victoire et sur notre équipe", a analysé le coach des Clippers, lucide.
Russell Westbrook se dit "prêt pour le défi". C’est tant mieux, car cette main tendue de Los Angeles a des allures de dernière chance. Sur le terrain, dans les vestiaires, le front office, et même dans la narration, tout semble parfaitement en place pour écrire une grande histoire. Reste à déterminer si ce sera celle d’une rédemption ou d’une ultime déchéance.
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