Quand il s’agit du destin du Thunder, on en revient toujours à Russell Westbrook.
Russell Westbrook est tellement habitué à être sous pression et à être pointé du doigt, que ça fait désormais partie de sa routine de sportif, comme l’ordre dans lequel il met ses chaussettes ou l’heure à laquelle il se lève de la sieste. A part peut-être son adversaire du moment LeBron James, on se demande si un basketteur a déjà été à ce point disséqué par les médias aussi jeune. Mais jeunesse ou pas, pression ou pas, justice ou injustice, c’est un fait établi que si OKC veut retourner la situation dans cette finale, ça passera obligatoirement par un jeu plus constant de son meneur fantasque.
Sur les trois premiers matches, Russell tourne à 24,3 pts, 7 rbds et 7,3 pds de moyenne. Des chiffres impressionnants (bien meilleurs que ceux alignés durant la série précédente face aux Spurs), mais qui sont malheureusement pour lui entachés par son faible pourcentage de réussite aux tirs : 41,2% dont 21,4% seulement à trois-points. Quand on sait à quel point ces trois matches ont été serrés, on se dit qu’il a effectivement les cartes en mains pour faire la différence. Mais pour cela, il faudrait peut-être qu’il réalise que la pression qui s’exerce actuellement n’est pas exactement la même que celle qu’il connait depuis toujours.
Jusqu’ici, sa façon de gérer la tension a toujours été de l’ignorer, de passer outre ou de s’en servir comme d’un excédent d’huile à verser sur le feu qui l’anime continuellement. Mais désormais, alors que son équipe est tout proche de pouvoir remporter un premier titre, il faudrait à l’inverse qu’il s’en serve pour ralentir, réfléchir, évaluer, possession après possession.
[caption id="attachment_96331" align="alignright" width="350" caption="Le challenge pour Westbrook, c'est de rester agressif mais de gagner en efficacité."][/caption]
Certains objecteront et peut-être avec raison que c’est impossible et que ce qui fait de Westbrook ce qu’il est c’est justement cette capacité folle à faire fi du danger et à foncer dans le tas quelle que soit la situation. Il ne s’agit pourtant pas de dénaturer son jeu, mais simplement de lui apporter un peu de nuance.
Une atténuation qui pourrait lui permettre, par exemple, d’éviter de se faire sortir du terrain alors que Durant est déjà sur le banc à cause de ses fautes parce qu’il vient d’enchaîner, coup sur coup, une balle perdue, un tir à trois-points manqué, un lay-up raté et une faute offensive dans le troisième quart-temps. La question n’est pas pour lui d’arrêter d’attaquer furieusement le cercle, au contraire, OKC a besoin de son rythme et de sa force de percussion, mais de le faire en efficacité plutôt que frénétiquement. Lors du premier match, Russell avait terminé à 7/11 dans les tirs pris dans la raquette, lors du Game 2, ce pourcentage était tombé à 6/13 et, au dernier match, à 1/5…
Un Westbrook percutant et efficace en pénétration, donne du champ à James Harden pour opérer, des occasions de marquer pour Perkins, Ibaka ou Collison et force la défense de Miami à travailler non stop ce qui simplifie également le travail de Kevin Durant. Mais pour ça, comme le rappelait Perk après le dernier match, il faut donner de la valeur à chaque ballon et à chaque possession. Si on la perçoit comme une mise en alerte plutôt que comme un fardeau, la pression peut avoir du bon…