Après la défaite des Timberwolves face aux Spurs ce samedi (103-113), Rudy Gobert s’est entretenu avec plusieurs médias français, dont BasketSession. Le Défenseur de l’année en titre nous a parlé de sa relation avec Victor Wembanyama, son « petit frère », ainsi que de sa philosophie défensive.
Tu as passé une partie de l’été avec Victor Wembanyama aux Jeux Olympiques, et vous avez beaucoup joué ensemble. Qu’as-tu pu lui apprendre, notamment en défense ?
Rudy Gobert : C’était super de pouvoir passer autant de temps avec lui. Il y a beaucoup de petits détails sur lesquels on a échangé, dans différentes situations. Je n’ai plus tous ces détails en tête, mais le plus important, c’est qu’il réalise son potentiel d’intimidation. Parfois, il se jette un peu trop et ça avantage plutôt l’attaquant. Tandis que s’il arrive vraiment à gérer la distance, quand l’attaquant le voit devant lui, même s’il doit mettre le tir, le tir n’est pas facile.
Ça demande vraiment de l’observation et de la patience. Ça vient avec l’expérience aussi. C’est-à-dire que quand tu es plus jeune, tu n’as pas encore la notion de tout ce qui se passe en même temps sur le terrain. Je trouve qu’il a déjà vraiment bien évolué la saison dernière là-dessus et une fois qu’il aura compris ça, ça va être très, très dur pour les adversaires (il sourit).
Est-ce que tu as découvert un autre Victor Wembanyama pendant ces Jeux Olympiques ?
Rudy Gobert : Je n’ai pas découvert un autre Victor Wembanyama, parce que j’avais joué contre lui pendant la saison. Mais je trouve que cette compétition lui a permis d’apprendre énormément. Le jeu FIBA, où il y a un peu moins d’espace, où les arbitres laissent un peu plus de contact, surtout loin du ballon, je pense que ça a changé beaucoup de choses pour lui et ça l’a rendu meilleur. Bien sûr, il est encore très jeune, mais on voit qu’il commence déjà à mieux supporter les contacts et qu’il est capable de jouer face à plus de physicalité.
La saison dernière, tu étais juste devant Victor au classement du Défenseur de l’année. Est-ce qu’il y a une petite rivalité amicale qui s’est installée entre vous deux pour cette année ?
Rudy Gobert : Il n’y a pas vraiment de rivalité. S’il y en avait une, je ne donnerais pas de conseils. Je lui souhaite tout le meilleur et je continuerai d’être comme un « grand frère » pour lui. Le succès de Victor, c’est comme si c’était le mien. Je veux le voir accomplir des choses que je n’ai pas accomplies. Je veux vraiment lui transmettre tout ce que je peux.
Quant au titre de Défenseur de l’année, je dis toujours : « Que le meilleur gagne ! » Bien sûr, je veux encore le remporter. On ne gagne pas ce genre de trophée sans en avoir envie et sans y croire. Aujourd’hui, en NBA, la défense est ce qu’il y a de plus dur — de par les règles, le niveau de talent et la régularité que cela demande. Je vais continuer de soutenir mon équipe et d’essayer d’être le défenseur le plus impactant au monde.
Je sais que Victor arrive. Et je sais que ce trophée se retrouvera entre ses mains tôt ou tard. Mais pour l’instant, je suis encore là. Donc je vais continuer d’essayer d’être le meilleur possible. Et quand le jour viendra où Victor gagnera son premier titre de Défenseur de l’Année, je serai là. Je serai son premier supporter. Il n’a que 20 ans et j’ai vraiment hâte d’assister à son apogée.
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On parle souvent de défense individuelle, mais tu es plutôt un défenseur collectif, qui joue beaucoup en drop et qui est très actif sur les aides. Peux-tu nous expliquer ta philosophie défensive ?
Rudy Gobert : Le basket est un sport collectif, donc le meilleur défenseur est celui qui a le plus d’impact sur son équipe et sur l’équipe adverse. Il n’est pas seulement capable de stopper un joueur, mais il fait en sorte que toute l’équipe adverse se demande : « Comment peut-on attaquer ce joueur-là ? Doit-on faire les choses différemment contre lui ? On sait qu’on n’aura pas de panier facile sur le terrain, donc on doit s’adapter. »
C’est ce que beaucoup de gens ont du mal à comprendre, et c’est encore pire à l’ère des réseaux sociaux. Tout le monde se concentre sur des actions marquantes, mais pas sur la globalité qui peut parfois sembler ennuyeuse. Tu peux faire 99 bonnes défenses un peu ennuyeuses, mais te faire dunker dessus une fois, et c’est cette image que les gens verront. Pour moi, le plus important a toujours été de savoir comment j’impacte mon équipe, comment je l’aide à gagner. Cela se traduit par le succès défensif de l’équipe.
Tu es devenu papa avant la fin de la saison dernière. Concrètement, qu’est-ce que la paternité change dans la vie d’un basketteur ?
Rudy Gobert : Ça change tout. J’ai toujours rêvé d’être papa, donc c’est quelque chose d’incroyable pour moi. Mon job numéro un, c’est d’être le meilleur exemple et le meilleur guide pour mon fils, pour l’aider à devenir quelqu’un de bien qui partage mes valeurs. C’est un nouveau défi qui demande du temps. J’ai la chance d’avoir une femme formidable pour lui — et avec le métier que je fais, j’en ai besoin. Mais quand tu fais un match pourri, comme ce soir par exemple, et que tu rentres à la maison pour voir ton fils qui ne comprend rien au basket, qui est juste content de voir son père, tu réalises qu’il y a des choses plus importantes dans la vie. Même si ma vie a toujours tourné autour du basket, je me rends compte qu’il y a des choses qui comptent encore plus.
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