Viré du lycée et de la fac
Car à cette époque, Royce est aussi un petit branleur. Délaissant l’école malgré de bonnes aptitudes. Il sèche les cours et se fait prendre en pleine triche lors d’un exam. Obligé de changer d’établissement, il reste à Minneapolis et rejoint le lycée d’Hopkins, connu pour son usine à champions. C’est ici qu’il se signalera vraiment aux yeux de l’Amérique. Pas comme celui qui traîne les bottes pour aller en cours mais bel et bien comme le basketteur de talent qu’il devient. Il conduit son équipe à un bilan parfait de 31 victoires pour aucune défaite. Rivals.com fait de lui le deuxième meilleur ailier du pays dans sa catégorie. Son lycée, Hopkins, est même classé 10ème au ranking final de USA Today cette année-là (2009). Fort logiquement, l’enfant chéri du Minnesota décroche une bourse sportive pour jouer pour l’université de sa région, les Minnesota Gophers. Mais il ne disputera aucun match pour eux. Un vol de vêtements dans un magasin suivi d’un accrochage avec l’agent de sécurité, quelques mois avant le début de la saison, met la carrière du jeune espoir en suspens. Petite connerie, grosse conséquence. Royce est suspendu. Le coach, Tubby Smith, l’autorise à prendre part aux entraînements mais, un mois plus tard, rebelote. White est accusé du vol d’un ordinateur sur le campus. Incriminé à tort selon lui, il s’estime traqué par la police et frôle la paranoïa. Il décide alors de quitter la fac et le fait savoir sur YouTube. Une information publiée sur la toile avant même que le staff de l’équipe ne soit mis au courant. Ambiance. Il pense même arrêter le basket et se terre dans un studio d’enregistrement où il se consacre à son autre passion : la musique. Une pièce sans fenêtre où Royce White se coupe du monde et se replonge dans son hobby délaissé. Son tatouage de Franck Sinatra et la barbe qu’il porte en hommage à son idole John Lennon sont autant de signes aujourd’hui qui prouvent qu’il aurait très bien pu s’éloigner du monde du sport professionnel sans se sentir dépaysé.« C’était l’un des meilleurs moments de ma vie. Je me suis retrouvé dans quelque chose que j’adorais. Mes séances en studio me boostaient. C’était comme une thérapie pour moi. »
Le natif du Minnesota est un touche à tout. Fan d’écriture, il rédige des poèmes, des scénarii et parle même d’un projet de documentaire sur sa propre histoire. Enfermé dans une bulle, White passe des nuits blanches. Il y apprend le piano, seul. Il en profite aussi pour faire le point.« Quand j’avais 18 ans, je ne pensais qu’au basket et aux filles. Ça a été un brutal retour à la réalité de me retrouver dans cette situation et de comprendre que je ne voulais pas devenir un produit de ce business. »
C’est le moment que choisit l’un des plus grands programmes de basket NCAA pour lui faire un appel du pied. L’immense Kentucky de John Calipari. Royce White refuse.« Pourquoi ? Parce que ma copine était enceinte et qu’on allait avoir le bébé en janvier ou février. Je voulais rester près de chez moi. » Du Royce White tout craché.
Relancé par Iowa State
Non, là encore, le futur joueur des Rockets détonne et choisit de se relancer dans une fac beaucoup moins huppée qui présente l’avantage d’être située à trois heures de Minneapolis : Iowa State. Il est surtout séduit par le discours du coach, l’ancien NBAer Fred Hoiberg, qui le met dans les meilleures dispositions pour donner un second souffle à sa carrière (en lui accordant notamment le droit de faire la plupart des déplacements en bus ou en voiture). https://dai.ly/x6gosat White se crée une routine. Entraînements, repas à heure fixe, etc. Des détails pour beaucoup, mais un fonctionnement ultra-important pour les hyper-anxieux toujours à la recherche d’un cadre. Sur le terrain aussi, White se rassure. Deux ans après son départ du lycée, il joue enfin son premier match universitaire, contre Lehigh. 25 points – 11 rebonds. Propre. Le premier de ses 10 double-doubles de la saison. Il s’offrira même un triple-double contre Michigan. Battu par Kentucky (futur champion) lors du 2ème tour du tournoi final, White quitte la NCAA la tête haute, avec à l’esprit l’idée d’avoir sauvé sa carrière. Mais si son talent saute aux yeux (il était le meilleur scoreur, rebondeur, passeur, intercepteur et contreur de sa fac), les rumeurs sur son état de santé fleurissent aux 4 coins du pays et sa draft semble compromise.« L’industrie du basket est de nature à détruire un individu comme toi »Quand il rejoint le gymnase d’Iowa State où l’attendent staff, amis et supporteurs, Royce White n’en mène pas large. Nous sommes à quelques instants du début de la draft et (évidemment) le joueur vedette des Cyclones n’a pas fait le déplacement jusque sur la Côte Est. Il est sagement resté en Iowa, espérant un choix dès le premier tour. Jonathan Hock est là avec sa caméra, il nous fait vivre ces coulisses extraordinaires. White est en stress. Total.
« Je ne peux pas rentrer dans cette pièce, je sais qu’il n’y a que de l’amour pour moi ici, mais mon cerveau, lui, ne pense qu’à la peur ! »
A deux doigts d’être pris de panique, il force un sourire et finit par saluer les dizaines de personnes qui ont pris place autour des tables pour suivre l'évènement sur l’écran géant. Mais Royce White s’échappe vite et s’enferme à l’étage dans le bureau du staff, avec son entourage dont Fred Hoiberg, son coach. Au téléphone, son agent lui annonce que toutes les franchises sont en train de renoncer à le sélectionner. Un vrai crève-cœur quand on voit les joueurs déjà choisis. White n’a rien à leur envier. Toutes ? Sauf les Houston Rockets de Kevin McHale qui a le 16ème choix… Bingo ! Le futur rookie éclate alors en sanglots dans les bras de sa mère. Sentiment de fierté énorme surtout quand il se remémore les paroles de son docteur à 18 ans : « L’industrie du basket est de nature à détruire un individu comme toi ». Quelques heures plus tard, il est 5h du matin. Royce White doit affronter la première épreuve de sa nouvelle carrière : prendre un vol pour Houston… Bienvenu en NBA garçon. [caption id="attachment_412596" align="alignnone" width="1400"] Retrouvez toutes nos collections de t-shirts et de sweatshirts[/caption]