« Ça me rassure », argumente-t-il.
Sur le terrain pourtant, White est un autre homme. Il improvise dans son rôle d’ailier-passeur qui ressemble à celui de Boris Diaw. Du basket jusqu’au bout des ongles, on vous dit. A l’heure de ces lignes cependant, Royce White est au chômage technique (ou presque). La première franchise (et la seule) a lui avoir donné une chance dans le milieu professionnel en le draftant en juin dernier voulait l’envoyer en D-League. Lui zappe les entraînements et les sessions avec un thérapeute que lui ont organisées les Rockets, prétextant que les dirigeants ne font pas le maximum pour gérer les contraintes de sa maladie.« Je peux prendre l’avion, c’est juste que je ne préfère pas. »On dit souvent que l’important c’est le voyage, pas la destination. Pour Royce White, c’est tout l’inverse. Angoissé par l’avion, la star d’Iowa State évitait dès qu’elle le pouvait ce mode de transport, s’enquillant des heures de route pour disputer certains matches à l’extérieur, sans conséquence le plus souvent sur son rendement sur le parquet. Une phobie qui n’est pas sans rappeler celle de Dennis Bergkamp, footballeur hollandais flamboyant des années 90 (quand Arsenal faisait encore peur à toute l’Angleterre) et complètement paniqué à l’idée de s’envoyer en l’air. Voiture, train, bateau, le gunner trouvait toujours une parade pour rejoindre un stade. Le problème, c’est qu’on peut réussir sa carrière de footballeur pro en Europe sans prendre l’avion, moins celle de basketteur aux Etats-Unis. Forcément. A la différence de Bergkamp, Royce White n’a pas la phobie des avions. Beaucoup l’ont écrit pourtant, caricaturant sa maladie. Le mal est bien plus profond et c’est sans doute pour cela que la plupart des franchises ont laissé chuter Royce White jusqu’au 16ème rang de la dernière draft et que les Houston Rockets préfèrent aujourd’hui construire leur équipe première sans lui.
« Je ne suis pas super nerveux quand je vais prendre l’avion », raconte-t-il à Grantland.com.
« Quand je rentre dans un avion, je me sens un peu mal à l’aise mais je ne panique pas dans la cabine. Ce qui engendre mon stress, c’est la préparation ! Si j’ai un vol à midi, je vais m’inquiéter de 8h à 12h. Un sentiment de stress m’envahit. Voilà ce que c’est vraiment l’hyper-anxiété. Et ce sentiment peut me surpasser parfois. Je peux tomber malade, me sentir partir. Donc c’est vrai que je n’aime pas l’avion mais je peux prendre l’avion. C’est juste que je préfère éviter. »
Voici donc l’un des nombreux symptômes engendrés par sa maladie, un mélange d’anxiété extrême, de troubles obsessionnels compulsifs et de troubles de stress post-traumatique. Rien que ça. Mais Royce White prend l’avion, sans doute beaucoup plus que la majorité d’entre nous, d’ailleurs.