Habitué au calme du tennis, Roland-Garros a rarement été aussi agité. Au lieu de la terre battue que foulent chaque année des légendes de la petite balle jaune, un parquet monté spécialement pour l’occasion. Pour la première fois depuis 74 ans, le Paris Basketball a fait venir du basket à sur le mythique court central Philippe Chatrier. Un contexte unique pour accueillir l’AS Monaco, encore invaincu en Betclic Élite.
Plus que le résultat du match, c’est le cadre historique que l’on retient. Il a fallu plus de 200 000 euros et 10 mois de travail au club parisien pour mettre en place un tel évènement et remplir les tribunes, bien plus grandes que celles de la Halle Georges Carpentier dans laquelle il joue le reste de l’année. 10 500 spectateurs, un total exceptionnel pour cette jeune équipe.
"C’est plus que spécial, ce mot ne rend pas justice à ce moment. C’est plus que spécial d’être ici et de pouvoir jouer dans ce lieu mythique. Roland-Garros est iconique. C’est une opportunité extraordinaire et un privilège de passer le week-end ici", souligne David Kahn, le président du club, en conférence de presse.
Si l’endroit est le même, l’ambiance n’a rien à voir avec celle des Internationaux de France. Dépaysement garanti pour les habitués, certainement pas accoutumés aux supporters huant l’adversaire sur la ligne des lancers. Encore moins aux ultras et leurs percussions, ou au rap à fond sur les enceintes.
Le Paris Basketball, qui se démarque depuis plusieurs années par son identité urbaine et sa communication, n’a rien changé à sa formule pour cet évènement inédit. Les shows de danse et les jeux pour les spectateurs sont toujours au rendez-vous, à la manière d’une rencontre NBA. En somme, toute la culture du basket sur le court de tennis le plus iconique de France.
Une défaite attendue à "domicile"
Respectivement premier et dernier du championnat, l’AS Monaco (4-0) et le Paris Basketball (0-4) sont aux antipodes. Cette défaite sur le score de 91-95, malgré le contexte particulier de la rencontre, n’est donc pas une surprise.
Les locaux étaient pourtant bien partis, avec 10 points d’avance à six minutes de la mi-temps. Porté par un Juhann Begarin absolument phénoménal pour son premier match de la saison avec 28 points — à un point de son record en carrière —, Paris a pu résister pendant un temps avant de perdre l’avantage. L’arrière de 20 ans, drafté par les Celtics en 2021, s’est battu jusqu’au bout pour maintenir les siens à flot.
Sous l’impulsion d’un Mike James (29 points, 9 passes, 7 rebonds) toujours aussi impressionnant, Monaco a toutefois repris ses droits au terme du temps réglementaire. Les 11 points d’Adrien Moerman dans le troisième quart-temps leur ont permis de prendre une avance déterminante.
Paris n’a jamais été très loin, revenant même à un seul point d’écart à près d’une minute de la fin. Mais la marche était encore trop haute. Le club reste sur une prestation honorable face à des poids lourds de Betclic Élite, clairement dans une catégorie au-dessus.
"Dans les deux équipes, on était un peu dans la précipitation. Monaco a mieux su gérer le tempo et l’intensité. On l’a vu sur le dernier tir d’Axel, qui s'est fait contrer, et sur le ballon perdu à la fin", résume Begarin.
Après leur victoire en EuroCup, cette rencontre est un signe encourageant pour la suite de l’année. Mais avec cinq défaites et aucune victoire en Betclic Élite, une reprise en main immédiate est attendue afin d’éviter la relégation.
La première de Will Weaver en France
Arrivé des États-Unis cet été, Will Weaver a enfin pu coacher son premier match en France. L’ancien assistant des Rockets n’avait jusqu’ici pas l’autorisation de rester avec l’équipe, sur le bord du terrain, pour des raisons administratives. Une période de vide qu’il qualifie de "Misérable, décevante et très difficile".
"Je n’ai pas du tout apprécié cette expérience. Ce n’est certainement pas pour ça que j’ai déménagé en France", regrette l’Américain.
Commencer cette aventure française à Roland-Garros a tout de même un aspect hautement symbolique. "La manière dont la vie fait les choses est amusante", reconnaît-il, bien que pour lui "le timing parfait aurait été le premier match." S’il a passé la majorité de sa vie aux États-Unis, il a appris à apprécier Roland-Garros à distance.
"Sur cette surface ? Je choisis Nadal (rires). J’ai grandi en regardant le tennis à la télévision, Agassi, Sampras et évidemment Federer et Nadal. C’est spécial de marcher dans ces couloirs et de voir les noms de ces champions. Avoir la chance d’être dans leurs vestiaires et de jouer là où ont eu lieu leurs matchs, c’est un moment de rêve pour nous tous. J’espère pouvoir revenir et entrer au cœur de l’action dans quelques mois, quand le ‘French Open’ reprend", plaisante le tacticien.
Will Weaver a maintenant fort à faire pour sortir le Paris Basketball de son marasme, après un début de saison particulièrement difficile. Une situation préoccupante, qui passe pourtant au second plan ce dimanche. Toute la lumière reste aujourd’hui braquée sur le court de Roland-Garros et sur l’évènement historique qui s’y tient.
[ITW] Will Weaver : son passage de la NBA au Paris Basketball