Rajon Rondo et Jimmy Butler peuvent-ils jouer ensemble ?
[caption id="attachment_270177" align="alignleft" width="318"] Derrick Rose et Jimmy Butler se marchaient dessus à Chicago.[/caption] Les Bulls ont voulu prendre le pari. Ce deal soulève tout de même certaines interrogations. D’abord, il est difficile de comprendre pourquoi la doublette nouvellement formée par Rajon Rondo et Jimmy Butler serait plus complémentaire que celle alignée l’an passé dans le backcourt de Chicago. Rose et l’arrière All-Star se marchaient dessus. Ils voulaient tous les deux avoir la balle entre les mains. Ils voulaient tous les deux créer le jeu en agressant la défense adverse. Ils voulaient tous les deux profiter des pick-and-roll. Ils n’étaient pas à l’aise sans la gonfle. Ils savaient que leur séparation était inévitable, comme l’a confirmé Butler après le transfert de son ancien coéquipier dont il a soudainement fait les plus grandes éloges.« Je savais que l’un de nous deux serait échangé », confessait la nouvelle star.Un témoignage de l’incapacité des deux joueurs à évoluer ensemble sur le parquet. Jimmy « Buckets » va désormais devoir apprendre à cohabiter avec un meneur à la vision du jeu hors normes mais qui a cruellement besoin d’avoir la balle entre les mains pour exister. Rondo plafonnait à 36% de réussite derrière l’arc l’an passé - son record personnel - mais il profitait aussi de la présence à l’intérieur de DeMarcus Cousins, pivot capable d’attirer l’attention de deux ou trois défenseurs. Les Bulls n’ont pas un joueur de cet envergure. Le meneur n’est pas réputé pour son adresse extérieure et les adversaires n’hésiteront pas à le laisser démarqué pour venir aider fermer la raquette quand il n’a pas la balle. De quoi poser des problèmes de spacing aux attaquants de Chicago, d’autant plus que Butler n’est pas non plus une vraie menace extérieure. [superquote pos="d"]A Chicago, le meneur de jeu, c'est Jimmy Butler... [/superquote]A l’été 2015, la star montante des taureaux se qualifiait elle-même de « meneur de jeu » dans la presse locale. Une façon de mettre la pression sur Derrick Rose mais aussi sur Fred Hoiberg alors fraîchement nommé à la tête de l’équipe. La NBA a bien évolué. Meneur n’est plus un poste défini. Le meneur, finalement, c’est celui qui remonte la balle et crée le jeu. C’est LeBron James. Ou Giannis Antetokounmpo. Ou même Joakim Noah à une époque pas si lointaine. Et à Chicago, maintenant, c’est Jimmy Butler. Il était en charge de la création et de la finition balle en main lors de la saison écoulée. Principalement dans les moments les plus importants des matches. Il a joué le pick-and-roll à 436 reprises la saison dernière, soit une centaine de possession de moins que Rose, et s’est montré plus efficace avec un rendement de 0,89 ppp contre 0,84 pour l’ex-MVP. Plus de la moitié de ses paniers ont été inscrits sans passe décisive au préalable - preuve qu’il peut se créer ses propres opportunités de marquer - et, avec 4,8 caviars distribués par match, il était le meilleur passeur de son équipe - preuve qu’il peut créer des opportunités de marquer pour les autres. Les Bulls ont bouclé avec +91 les 937 minutes disputées avec le seul Jimmy Butler sur le parquet alors que leur différentiel était négatif (-104) lorsque les deux stars de Chicago étaient alignés ensemble (1537 minutes). Leur association ne fonctionnait pas. Tout comme celle entre Rajon Rondo et Monta Ellis fut un désastre à Dallas. Ellis a beau être listé comme un arrière, il jouait aux Mavericks un rôle similaire à celui de Butler aux Bulls. Il avait besoin d’avoir la gonfle pour agresser la défense en dribble ce qui laissait à Rondo le soin d’aller se coincer dans un coin du parquet, sans bouger, sans être défendu, à simplement attendre la gonfle.