Qui veut enterrer Serge Ibaka ?

Un peu en dedans depuis le début de la saison, Serge Ibaka a retrouvé son mojo et le Thunder a repris sa marche en avant.

Qui veut enterrer Serge Ibaka ?
La saison du Thunder a des allures de montagnes russes rythmée par les blessures de ses cadres, les dunks stratosphériques de Russell Westbrook, les célébrations cultes, les embrouilles entre Kevin Durant et les médias, les handshakes encore plus cultes et les embrouilles entre Kevin Durant et tous les joueurs des autres franchises NBA. La franchise a débuté ce nouvel exercice sans ses deux superstars – Westbrook s’est rapidement blessé – au point où Perry Jones s’est muté en première option offensive d’une formation orpheline d’attaquants dignes de jouer au plus haut niveau. Comme toujours, les hommes de Scott Brook ont joué avec nos nerfs. Ils ont enchaîné six défaites. Puis sept victoires. Ils ont flirté avec la huitième place à l’Ouest avant de connaître de nouveaux coups de mou. Les éditorialistes ont même multiplié les papiers expliquant pourquoi le Thunder ne jouerait pas les playoffs. La machine s’est finalement lancée de la manière dont Russell Westbrook monte au dunk : en vitesse et en puissance. OKC a remporté neuf de ses dix derniers matches – dont sept succès consécutifs. RW s’est invité dans la conversation pour le titre de MVP, Mitch McGary est sorti soudainement de sa grotte et les changements opérés en cours de saison semblent s’avérer payants (bye bye Reggie Jackson et Kendrick Perkins, bonjour D.J. Augustin, Kyle Singler, Dion Waiters et Enes Kanter).

Le retour en force de Serge Ibaka

On serait presque passé à côté de la résurrection de Serge Ibaka. Le Congolais est en état de grâce depuis quatre rencontres. Auteur du premier match à plus de 20 points et 20 rebonds de l’histoire du Thunder (21 pts, 22 rbds) lors d’une victoire éclatante contre Dallas, il a ensuite cumulé 16 pts et 12 rbds contre Charlotte, 20 pts/8rbds et 8 fucking blocks lors d’un carton contre Denver avant de planter 23 pts et 10 rbds à domicile contre Indiana.
« Il est dans un bon rythme et il est lancé sur une belle série actuellement », reconnait Scott Brooks.
Ibaka tourne donc à 20 points (63% aux tirs), 13 rebonds et 3,5 blocks sur les quatre derniers matches. Ces statistiques sont celles d'un vrai lieutenant capable d’épauler une superstar NBA – en l’occurrence Russell Westbrook. On l’attendait à ce niveau… en novembre dernier, lorsque le Thunder manquait cruellement de solutions en attaque. Le natif de Brazzaville – dont un film sur sa vie a été tourné par Grantland – s’était alors muté en shooteur extérieur. Il ne se bagarrait plus sous les arceaux mais passait une majeure partie du temps en attaque autour de la ligne à trois-points, arrosant en catch and shoot à la manière d’un Kyle Korver mais sans la réussite de Kyle Korver. Serge Ibaka tentait plus de trois fois sa chance derrière l’arc chaque soir (avec, il est vrai, un très correct 38% de réussite). Mais sa tendance nouvelle à dégainer de loin n’a pas pour autant étirer le jeu du Thunder et offert des espaces à Kevin Durant et Russell Westbrook. Les coaches adverses ne donnent pas comme consigne à leurs joueurs de surveiller l’intérieur du Thunder lorsqu’il est derrière la ligne à trois-points, à moins qu’il soit excentré dans un coin du parquet. Ibaka bénéficiait de tirs ouverts de temps à autre, ce qui explique aussi son pourcentage de réussite. Il ne créait pas de jeu ni d’opportunités pour ses coéquipiers et son intensité a été revue de deux ou trois crans à la baisse. Il tournait même à 42% de réussite lors des quatorze matches qui ont précédés le All-Star Game. La coupure lui a fait le plus grand bien. Serge Ibaka est revenu reposé et il est désormais à nouveau l’un des joueurs clés d’Oklahoma City. Il est revenu à ses premières valeurs : il défend dur, il se bat aux rebonds, cherche des bonnes positions de tirs dans la raquette et joue les gâchettes à mi-distance. Et c’est nettement mieux ainsi. OKC a un (des) nouveaux visages mais la franchise conserve la même ambition. Serge Ibaka n’est pas un homme métamorphosé, il est simplement redevenu le joueur que l’on a toujours connu.