Le "problème LeBron", mythe ou réalité ?
LeBron James pensait être enfin tranquille. Avec quatre trophées de MVP de la saison régulière, une bague de champion et un titre de meilleur joueur de la finale 2012, il s’imaginait qu’on allait le laisser respirer un peu ou, tout du moins, lui accorder désormais le bénéfice du doute avant que les pancartes « LeBron est en train de craquer » ne refassent surface. De toute évidence, il avait tort. Vu les difficultés du Miami Heat durant cette finale et ses statistiques offensives « modestes » selon ses propre standards, une bonne partie des observateurs avance à nouveau l’idée selon laquelle LBJ ne serait pas un grand champion – ou du moins pas un suffisamment grand champion – et qu’il serait actuellement en train de craquer psychologiquement sous la pression des Spurs. Un argument sexy et accrocheur certes, mais qui semble en réalité trop simpliste pour expliquer les difficultés qu’il connaît actuellement. [caption id="attachment_116868" align="alignright" width="350"] Après s'être coltiné Paul George pendant 7 matches, LeBron doit maintenant faire avec Kawhi Leonard.[/caption] Tout d’abord, parce qu’il est difficile de séparer cette série de playoffs de celle qui l’a précédée. Face aux Indiana Pacers, le Miami Heat est passé tout près de l’explosion. Si les Floridiens s’étaient fait recaler aux portes des finales NBA, la faute n’aurait pourtant pas été rejetée aussi abruptement sur LeBron que c’est le cas aujourd’hui pour la bonne et simple raison que ses stats étaient alors plus impressionnantes. Mais ne paie-t-il pas aujourd’hui ses débauches d’énergie d’hier ? A force de devoir tenir cette équipe à bout de bras, LeBron semble, pour la première fois de sa carrière peut-être, un peu usé ou du moins émoussé. Rien d’étonnant pourtant quand on sait que c’est la troisième fois en trois ans qu’il joue autant de matches, qu’il doit gérer la pression que son arrivée en Floride a fait naître, sans compter ses étés passés à renforcer son jeu ou à conquérir l’or Olympique avec Team USA. Plus dur encore, il vient de se coltiner le meilleur défenseur à son poste de toute la Conférence Est pendant 7 manches et doit maintenant se farcir son homologue de la Conférence Ouest. On a déjà parlé des qualités défensives intrinsèques de Kawhi Leonard et de la façon dont il pouvait gêner LeBron James, mais il serait illusoire de penser qu’il s’agit là du travail d’un seul homme. Comme Gregg Popovich l’expliquait hier, la défense sur James est un travail d’équipe qui nécessite la concentration de chacun pour être efficace. Face à une défense aussi bien organisée et à un adversaire direct aussi fort dans son registre que Leonard, LBJ a déjà bien du mérite de se lever le matin, mais ce qui complique encore plus la tâche, c’est qu’il est actuellement lâché de toute part. Si la défense des Texans peut se contenter à ce point de le défier de shooter de loin en lui laissant un mètre pour lui interdire l’accès au cercle, c’est en grande partie parce qu’ils peuvent faire l’impasse sur Dwyane Wade. Handicapé par ses problèmes de genoux, D-Wade est actuellement bien plus un boulet qu’un support pour James et les chiffres le prouvent.« Selon NBA.com, durant ces playoffs, le Heat ne score que 3,3 pts sur 100 possessions de plus que ses adversaires quand James et Wade sont sur le terrain. Mais quand James joue sans Wade ? Le chiffre grimpe alors à 21,8 pts par 100 possessions. Vous vous souvenez de ce 33-5 dans le Game 2 ? Le groupe qui était sur le terrain avec LeBron ne comptait pas Wade et ce n’est pas un hasard », explique Tom Haberstroh d’ESPN.Sachant que LeBron n’est pas un « shooteur naturel », les Spurs le mettent donc au défi de rentrer des tirs ouverts en périphérie, sans qu’il soit en rythme et sans pouvoir s’appuyer sur ses coéquipiers ni attaquer le cercle. Une situation difficile pour Erik Spoelstra qui se refuse pour l’instant à mettre Wade sur le banc au profit d’un joueur plus sûr à l’extérieur comme Ray Allen ou Mike Miller, mais également pour LeBron. On se souvient qu’après le Game 6 contre Indiana, Wade avait quasiment imploré LBJ par presse interposée de ne pas faire une croix sur l’apport que Chris Bosh et lui pouvaient avoir et de ne pas se mettre en « mode Cleveland ». L’impact offensif de D-Wade avait d’ailleurs été l’un des facteurs majeurs de la victoire de Miami au match 7. Mais que faire maintenant ? LBJ semble partagé entre l’envie de continuer à faire confiance au groupe et celle de prendre les choses en main. Le souci, c’est que tant que Wade est sur le parquet dans cet état, il lui rend la tâche encore plus compliquée.
« Quand Wade est sur le terrain avec lui, LeBron ne tente que 37,8% de ses tirs dans la peinture. Mais quand Wade quitte le terrain, ce chiffre monte alors à 44,9% », analyse Haberstroh. « Vous voulez plus de preuve ? Son nombre de lancers francs double quasiment dans le même temps en passant de 5,5 pour 36 minutes de temps de jeu à 8,9 ! »Plus qu’un « problème LeBron », c’est plutôt une liste de « problèmes Heat » que Miami va devoir résoudre pour espérer s’en sortir, comme le démontre la liste de news qui suit.