Preview – Les Spurs vers une nouvelle finale ?

Finalistes malheureux en juin dernier, les San Antonio Spurs seront-ils de retour au sommet en 2014 ?

Preview – Les Spurs vers une nouvelle finale ?
« Toutes les séries s'approchent inéluctablement de leur fin », cet adage s'est appliqué aux San Antonio Spurs en juin dernier. Leur série de finales NBA victorieuses s'est donc arrêtée à 4, après avoir commencé en 1999 puis s'être prolongée en 2003, 2005 et 2007. Il s'en est fallu de 5,2 secondes et d'un tir de Ray Allen, rentré dans la légende dès que le ballon a traversé le filet, pour que la série ne continue en 2013. Alors, à l'aube d'une toute nouvelle saison et avec un effectif (presque) inchangé, la question est légitime : les Spurs peuvent-ils atteindre les Finales NBA une deuxième année consécutive (ce qui serait une première dans l'histoire de la franchise) ?

Un effectif (presque) inchangé = stabilité

Si une franchise NBA devait être portée en exemple pour la continuité de ses performances et de son effectif, on aurait grand peine à trouver un autre nom que celle du Sud Texas. Gregg Popovich entame cette année sa 17ème année à la tête des Spurs tandis que Tim Duncan lace ses sneakers pour la 16ème année consécutive sous les couleurs noires et argent. Tony Parker, à la sortie d'un été très réussi (MVP, MVP, MVP !!), va mener les pick-and-rolls de main de maître pour sa 12ème saison d'affilée tandis que Manu « El Contusion » Ginobili a résigné pour deux saisons (et 14 millions de dollars), certainement ses deux dernières en NBA. En poste 3, la révélation de la saison, Kawhi Leonard, est le futur de la franchise alors que Boris Diaw a, bien sûr, renouvelé son bail dans le Texas et que Danny Green semble avoir trouvé le parfait endroit pour son jeu. Tiago Splitter a lui aussi convaincu les dirigeants des Spurs de lui offrir un contrat, sans qu'aucune discussion n'ait lieu avec une autre franchise (alors que le Brésilien était pourtant Restricted Free-Agent). Avec un tel noyau de joueurs, on peut être convaincu que les Spurs n'auront aucun problème de mise en route ni d'incompréhension, et la principale « inquiétude » sera d'intégrer les nouveaux Marco Belinelli (en provenance des Bulls) et Jeff Ayres (ex-Pendergraph) mais aussi de trouver un vrai rôle à Aaron Baynes, qui n'a pas dû perdre son talent de rebondeur en traversant l'Atlantique. Si le Miami Heat a semblé faire voler en éclats la croyance selon laquelle un effectif ne pouvait gagner qu’au cheminement d’un long processus (1 finale dès la constitution des Tres Amigos, deux titres ensuite), l’histoire de la NBA indique bien que l’on a rarement vu couronnée une équipe tout juste assemblée et que la continuité d’un effectif et les additions de talent, touche par touche, étaient bien le meilleur moyen d’accrocher une bannière au plafond. De ce point de vue, les San Antonio Spurs sont sans doute parmi les franchises les plus avancées.

L’étoile Leonard

Grand bonhomme, avec Tim Duncan, des Spurs lors des dernières finales (14,6 pts, 11,1 rebonds dont 3 offensifs, 2 interceptions, 34% à 3-pts), Kawhi Leonard s’est affirmé comme la prochaine grande star des Spurs, celle sur qui se reposera la franchise lorsque le Big Three décidera de délacer les sneakers pour de bon. Si le véritable Big Three restera, pour toujours, le trio composé de Duncan, Parker et Ginobili, Kawhi Leonard est, de fait, celui qui compense les apparitions plus rares et plus erratiques d’El Manu au sein de cette ossature mythique. Moins de génie balle en main (mais 99% des joueurs NBA pourraient être ainsi qualifiés), l’ex joueur de San Diego State est devenu une véritable arme fatale dans le corner (en particulier le côté droit du terrain où il arbore un superbe 24/49 (49%) sur la saison dernière).Ultra-efficace à moins de 5 mètres du panneau (58,4% de réussite en 286 shoots), il ne possède finalement qu’une certaine faiblesse à 7,25 m (24,5%) sur toute la surface offensive. S’il est un domaine où il possède déjà peu d’équivalent dans la ligue, c’est à l’autre bout du terrain, où il est capable de défendre sur le meilleur joueur adverse et de le mettre sous l’éteignoir. Sur la lancée de sa Finale, le #2 pourrait bien aller glaner une place au All-Star Game, le 16 février a La Nouvelle-Orléans.

Dorian Gray Tim Duncan

On le croyait fini, à ranger aux côtés des légendes des 90’s bataillant une année de trop dans l’enfer hyper-compétitif de la NBA. Tim Duncan, 37 ans, aurait sans doute gagné le titre de MVP des Finales en juin dernier si le tir de Ray Allen n’avait fait qu’effleurer l’arceau avant de ressortir. Alignant déjà de belles moyennes (18,9 pts, 12,1 rbds, 1,4 passe, 1,4 contre) sur la Finale, son match 6 (30 pts, 17 rbds), et en particulier sa première mi-temps, a  confirmé que le vieux guerrier avait encore de beaux restes et qu’il restait l’une des valeurs les plus sûres à son poste. Allégé de quelques kilos, son corps et le coaching de Gregg Popovich lui auront offert un vrai répit et une vraie renaissance. Encore sous contrat jusqu’en 2015 (2014-2015 est en player option), le futur Hall-of-Famer sait que le temps fera son œuvre un jour ou l’autre et qu’il devra aller s'occuper de son garage et de ses bolides tunés à défaut de se coltiner des pivots bodybuildés. « Putain, 2 ans » comme disait l’autre, cela pourrait être la devise de Tim Duncan dès ce mois de novembre.

Une Conference Ouest sans réel concurrent ?

4-0, 4-2, 4-0, c’est  un parcours proche du parfait qu’auront effectué les Spurs lors des playoffs 2013 dans la Conference Ouest. Équarrissant les Lakers au premier tour et dévorant les Grizzlies en Finale de Conférence, ce sont finalement les Warriors de Steph Curry qui leur auront posé le plus de problèmes avec leur backcourt capable de prendre feu dès la première seconde. Le sort (et, surtout, Patrick Beverley) auront prive le Thunder de Russell Westbrook. Il faudra attendre la saison régulière pour savoir si le meneur All-Star a retrouvé toute son explosivité, vraie marque de son jeu. Sans lui, il est à douter que Kevin Durant parvienne à ramener son équipe en Finale. Non, les vrais concurrents des Spurs cette année seront sans doute à aller chercher du côté des ports, l’un donnant sur le Golfe du Mexique et les deux autres sur l’immensité du Pacifique (ou plutôt de la Baie pour l’un d’entre eux...). Avec le transfert de Dwight Howard, les Rockets ont acquis là un véritable phénomène physique, capable de défendre sur Duncan et Splitter. Néanmoins, sa défense sur pick-and-roll, marque de fabrique des Spurs, n’est pas exempte de tout reproche, ayant quelquefois tendance à laisser le possesseur du ballon prendre le shoot en sortie d’écran. Avec des experts de ce schéma de jeu, comme Parker ou Ginobili, ce match-up pourrait être fatal à Houston. Les Rockets ne sont encore qu’un projet tant que l’intégration de D-12 n’est pas avérée. Extrêmement spectaculaires et intéressants l’an dernier, ils n‘avaient tout de même pas passé l’obstacle Thunder, malgré l’absence de Westbrook sur les 4 derniers matches de la série. Il faudra voir, sur le long terme, si l’addition de D12 peut leur permettre de rêver à un parcours plus victorieux. Sur la Cote Ouest, un véritable prétendant semble s’être révélé à lui-même lors des derniers playoffs. Avec Steph Curry, que l’on peut maintenant qualifier de superstar, les Warriors possèdent l’arme presque fatale a l’extérieur, si ses chevilles veulent bien lui laisser un peu de répit. L’addition d’un défenseur hors-pair comme Andre Iguodala, pourrait être ce qui aura manqué à Golden State l’an dernier, libérant les autres arrières/ailiers de cette charge défensive et leur permettant ainsi de se concentrer sur leurs obligations offensives. Malgré tout, leur peu de skills offensifs au poste de pivot (Bogut restant principalement un formidable défenseur) permet à leurs adversaires de mettre l’accent sur la défense extérieure sans réellement être punis de ce déséquilibre. Les Clippers, après s’être faits sweepés il y a deux ans, ont bien déçu en prenant 4-2 par les Grizzlies. Leur principale acquisition aura été leur coach, Doc Rivers, qui devrait amener le leadership ayant cruellement manqué au banc angelenos depuis... depuis... on ne se rappelle même plus depuis quand. Les acquisitions, extrêmement intelligentes, de JJ Redick et Jared Dudley amènent de l’adresse et du physique à l’extérieur tandis que Darren Collison devrait être un très bon backup de Chris Paul. Le secteur intérieur sera toujours ultra-physique (ce qui pourrait poser des problèmes à des Spurs plus techniques) mais peut-on légitimement prétendre gagner un titre en alignant DeAndre Jordan et Blake Griffin au poste 4 et 5 ?

Au final...

On aura donc compris qu’il faudra finalement se tourner vers des équipes dont l’effectif s’est enrichi d’une superstar (Howard, Iguodala) ou d’un vrai coach (Rivers), pour trouver un concurrent sérieux à un retour des Spurs en Finale. NBA Dans leurs configurations actuelles, on voit mal les Lakers et les Grizzlies (tous deux sweepés la saison dernière) parvenir à réduire assez l’écart pour éliminer San Antonio et le Thunder semble sur la pente déclinante, pas vraiment remis du trade de James Harden, qui ne lui aura finalement apporté que Jeremy Lamb. On pourrait néanmoins s’attendre à un début de saison calme et raisonné des Spurs, avec Coach Popovich limitant allègrement le temps de jeu de son « Big Three », leur effectif et la qualité de leur jeu collectif devraient permettre aux Texans d’être toujours en course au mois de juin. Eux, mieux que quiconque, savent qu’un titre se joue de toute façon à peu de choses...