Un attaquant au service de l'équipe
Gobert monte en puissance depuis le début de la saison. Ses statistiques sont en hausse chaque mois et son récent passage dans le cinq – en l’absence d’Enes Kanter – lui a permis de démontrer qu’il était en mesure d’avoir un impact significatif même avec un temps de jeu imposant. Il a frôlé le double-double de moyenne sur cette courte période (9,8 pts, 9 rbds et 5,3 blocks en 33 minutes sur quatre matches). Son apport ne se limite pas à la défense. Le jeune homme est de plus en plus complet. Son PER – indice qui mesure la production d’un joueur chaque soir – le prouve : avec 21,27 de PER, il se classe septième parmi les pivots derrière des joueurs reconnus comme DeMarcus Cousins, Marc Gasol, Nikola Vucevic, Marreese Speights, Tyson Chandler et Chris Bosh et devant des stars ou jeunes stars comme Andre Drummond, Al Jefferson, Al Horford, Dwight Howard, DeAndre Jordan, etc. [superquote pos="d"]Rudy Gobert lit mieux le jeu et il est de plus en plus efficace[/superquote]Le Français n’est pas un scoreur et son jeu dos au panier est assez rudimentaire. Mais il a d’autres atouts en attaque. C’est d’abord un excellent finisseur près du cercle (63% de réussite aux shoots, 70% dans la restricted area). Les mauvaises langues diront qu’il est difficile de manquer des tirs lorsque l’on ne fait que tenter sa chance de près. Soit. L’efficacité de Gobert est due à ses nombreux dunks mais justement, il sait comment obtenir les paniers faciles.« J’ai progressé sur le pick&roll, je me sens mieux sur mes jambes, je suis beaucoup plus rapide et le fait de rouler vite (vers le cercle) me permet – même si je n’ai pas le ballon à chaque fois – d’avoir des rebonds offensifs, de fixer la défense ou de ressortir à l’opposé pour des shooteurs », nous affirmait l’intéressé en juillet dernier.Il lit de mieux en mieux le jeu sur les pick&roll. Il ne fonce pas tout droit vers le cercle après avoir posé son écran comme pourraient le faire DeAndre Jordan ou Andre Drummond. Il marque un temps d’arrêt, anticipe les mouvements de la défense et n’hésite pas à servir un coéquipier mieux placé après avoir hérité de la balle à quatre ou cinq mètres du cercle. Illustration. [caption id="attachment_229845" align="alignnone" width="640"] Rudy Gobert coupe vers le cercle après avoir joué le pick&roll avec Dante Exum.[/caption] [caption id="attachment_229847" align="alignnone" width="640"] A peine servi, Rudy Gobert attire l'attention de la défense. Il n'a plus qu'à glisser la balle à Derrick Favors, libre près du cercle.[/caption] Le géant fluidifie le jeu du Jazz en attaque et ses qualités à la passe résolvent en partie les craintes liées au spacing de l’attaque de Salt Lake City en cas d’association avec Derrick Favors dans le cinq. Le Jazz a remporté deux des cinq rencontres disputées avec Gobert dans le groupe de départ (dont une victoire contre Chicago et deux défaites serrées face à Indiana et Golden State). L’équipe tourne bien avec lui. Il a d’ailleurs battu son record de points hier soir avec 16 unités au compteur face à Golden State. Le joueur de 22 ans ne sera jamais le franchise player du Jazz, un rôle qui semble encore confiné à Dante Exum (avec qui le tricolore a un bon feeling sur le parquet). Mais son explosion chamboule sérieusement la hiérarchie au sein de la raquette mormone. Pendant encore combien de temps le Jazz peut-il se permettre de laisser Enes Kanter dans le cinq ? Le Turc sera restricted free agent en juillet prochain et l'émergence de Gobert pourrait pousser les dirigeants à ne pas casser leur tirelire pour conserver l'ancien troisième choix de draft. S'il continue de faire ses preuves et de progresser à ce rythme, l'intérieur de l'équipe de France pourrait toucher la pactole d'ici deux ans et faire son trou pour de bon au sein de la franchise de Salt Lake City.