Bientôt deux ans en arrière, les Chicago Bulls profitaient de l’explosion soudaine du Orlando Magic pour récupérer Nikola Vucevic, pivot All-Star culminant depuis plusieurs saisons autour des 20 points et 10 rebonds par match. La franchise floridienne, coincée dans le ventre mou de la Conférence Est et éliminé au premier tour des playoffs deux années de suite malgré plusieurs bons vétérans de qualité, avait fait le choix de chambouler tout son effectif en plein milieu de l’exercice en cours en transférant coup sur coup Aaron Gordon, Evan Fournier et donc Vucevic.
Les taureaux ont cédé Wendell Carter Jr, Otto Porter Jr et deux choix de draft pour mettre la main sur l’intérieur monténégrin. L’ironie, c’est que bientôt deux ans après, la franchise de l’Illinois se retrouve exactement dans la situation qui avait poussé les dirigeants du Magic à se séparer de ses cadres. Auteurs d’un bon début de saison l’an passé, les Bulls ont été éliminés sans gloire et sans vraiment opposer de résistance au premier round. Rien ne laisse penser qu’ils feront mieux en 2023 ou même en 2024. Et encore, ça, c’est s’ils parviennent à accrocher le top-8 (ou même le top-10 !) de leur Conférence.
Vucevic est un excellent basketteur, même si ses qualités ne collent pas toujours tout à fait avec les standards des postes cinq modernes. Ses statistiques sont d’ailleurs en baisse. Il apporte encore 15 points et 11 rebonds mais sans être l’un des meilleurs de la ligue sur sa position. Franz Wagner, pioché par Orlando avec l’un des picks de Chicago, est un joueur plus adapté au basket actuel (sans être forcément plus fort) et il est certainement plus prometteur à ce stade de leur carrière respective.
Les Bulls ont eu le mérite d’essayer de se montrer le plus compétitifs possibles en faisant venir « Vooch » et DeMar DeRozan pour les associer à Zach LaVine. Les individualités sont talentueuses mais le trio n’est pas forcément complémentaire. Ils affichent un différentiel de -6,3 sur 100 possessions. Particulièrement inquiétant comme chiffre. Seulement 107,6 points marqués (toujours sur 100 possessions) quand ils jouent ensemble, l’équivalent de la 28e attaque de la ligue. Un comble pour trois stars portés sur l’attaque et le scoring. Mais surtout l’illustration d’un manque criant d’alchimie.
Les perspectives d’évolution sont en plus très limitées. Vucevic et DeRozan ont déjà bien dépassé la trentaine. LaVine en a 27. Cette association ne fera pas beaucoup mieux. Même si toutes les planètes s’alignaient, Chicago pourrait difficilement prétendre à autre chose qu’un second tour. Même avec Lonzo Ball, cette équipe reste en-dessous des Boston Celtics ou des Milwaukee Bucks.
La saison s’annonce compliquée et elle est loin d’être terminée. Ball, justement, ne devrait pas jouer du tout. L’incertitude plane même sur la suite de sa carrière. Malgré leurs stars et leurs vétérans, les Bulls ne sont que douzièmes à l’Est avec un bilan négatif (9-12). Ils ont battu coup sur coup Milwaukee et Boston, certes, mais ça ressemblait plus à des victoires de prestige isolées qu’à une vraie tendance.
En plus du pick qui a été utilisé pour drafter Wagner, Chicago a donc cédé un autre tour de draft. Celui de 2023. Et il n’est protégé que pour les sélections 1 à 4. Dans l’état actuel des choses, l’organisation aurait plus de 60% de chances de refourguer ce premier round à Orlando, qui aurait ainsi l’opportunité de piocher deux fois dans le top-10 de la prochaine draft. Ce serait sacrément problématique pour les Bulls, qui n’ont pas vraiment de jeunes à fort potentiel dans leur équipe. Patrick Williams déçoit et Coby White reste limité. Ayo Dosunmu est intéressant mais il a tout de même des lacunes.
Un Alex Caruso peut intéresser de nombreuses équipes. Les Golden State Warriors lâcheraient sans doute un James Wiseman ou un Jonathan Kuminga. DeMar DeRozan vaut encore des picks après son comeback triomphant au premier plan. Zach LaVine aussi. Nikola Vucevic peut rapporte quelques assets.
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S’il y a bien une équipe qui doit tanker, c’est celle-là. La perspective d’une reconstruction potentiellement longue par la draft n’est certainement pas la plus excitante pour la fan base de Chicago, l’une des plus mythiques du championnat. Mais elle reste moins triste que le scénario inévitable où les taureaux finissent sans arrêt entre la septième et la douzième place avant de devoir, bien évidemment, tout casser à un moment.
Autant prendre de l’avance en cherchant à maximiser les chances de conserver ce choix de draft dans le top-4. Puis le rêve de récupérer Victor Wembanyama, même si les probabilités sont réduites, reste plus vibrant que l’équipe actuelle. Arturas Karnisovas, nommé à la tête de la franchise en 2020, n’a pas encore eu la reconstruction qui revient à quasiment tous les dirigeants qui débarquent au sein d’une nouvelle équipe. Il a encore le droit à l’erreur. Surtout que son pari honorable de maintenir les Bulls au sommet a au moins contribué à ramener la formation en playoffs. Il est temps de voir plus grand. Mais pour ça, il faut d’abord tout raser.