Le basket est un sport collectif. OK. Mais, hey, il n’y a que cinq joueurs sur un terrain. Il suffit parfois, souvent, qu’un d’entre eux soit nettement au-dessus de tous les autres pour faire pencher la balance en faveur de son équipe. C’est d’ailleurs fréquemment le cas en playoffs. Voire presque tout le temps. Le meilleur basketteur sur le terrain a tendance à offrir la victoire aux siens au bout d’une série. Au moment de se lancer dans des pronostics, il faut donc se poser cette question : quelle formation a le joueur le plus fort, indépendamment de toute alchimie de groupe ?
Avec Damian Lillard, les Portland Trail Blazers ont un sérieux candidat. Le meneur All-Star a réalisé une saison phénoménale. Au point d’être cité parmi les mentions pour le trophée de MVP. Mais il y en a un autre, encore plus doué, en face. Encore plus performant. La campagne d’Anthony Davis est plus impressionnante que celle de Dame.
L’intérieur des New Orleans Pelicans fait partie du top cinq NBA quand il est en bonne santé. Et c’est (enfin) le cas actuellement. Il a d’ailleurs plutôt bien tenu le choc cette saison. 75 matches disputés, 28,1 points et 11,1 rebonds de moyenne. Avec quelques performances incroyables pour mener sa franchise à 48 victoires – une de moins que les Portland Trail Blazers – et une sixième place au sein de la terrible Conférence Ouest.
Il est donc le meilleur joueur de la série sur le papier. Et il l’était aussi sur le terrain cette nuit (victoire de NO 97-95). 35 points à 14/26 aux tirs en 41 minutes. Avec 14 rebonds. Il n’y avait personne pour l’arrêter. Trop vif pour Jusuf Nurkic. Trop grand pour Al-Farouq Aminu. Davis est aussi trop mobile pour être défendu de près. Et trop adroit pour lui laisser de l’espace. Un cauchemar pour Terry Stotts et ses assistants (et les joueurs de l’Oregon).
Mais AD n’a terminé qu’avec un différentiel de +1. Il a vraiment pesé, évidemment, mais ce sont aussi tous les autres joueurs des Pelicans qui ont donné une autre dimension à la rencontre. Les Jrue Holiday, Nikola Mirotic, Rajon Rondo, etc. Chacun a apporté dans un secteur important. Mirotic a fluidifié le jeu tout en plantant de loin (16 points, 11 rebonds, 4 tirs primés). « Playoffs Rondo » a aussi fait son retour. Ce meneur, ex-All-Stars, transfiguré quand la pression augmente de plusieurs crans. Rondo a d’ailleurs distribué 17 passes décisives cette nuit.
« Il a une mentalité différente. Il a regardé des vidéos toute la nuit avant le match. Du coup, quand les Blazers appelaient un système, il nous expliquait ce que c’était avant même qu’ils aient une chance de le mettre en place », explique Anthony Davis.
Jrue Holiday, l'autre bourreau des Portland Trail Blazers
C’est ainsi que les Pelicans ont considérablement gêné le dernier système des Portland Trail Blazers sur la dernière possession du match. Damian Lillard et ses coéquipiers voulaient un tir à trois-points. Pour la gagne. Bien contenus, ils ont été contraints de laisser Pat Connaughton aller au layup. Ce dernier a été bloqué par Holiday. Une action à l’image de la prestation globale du joueur. Il a été excellent. Déterminant. Il a terminé avec 21 points, 7 rebonds et un +/- de +12 en 39 minutes. Sa défense sur Lillard et C.J. McCollum a eu une influence considérable sur le succès de NO.
Le « supporting cast » de Portland n’a pas été mauvais. Mais quand les deux pistoleros sont limités, les Blazers ont besoin que leurs autres joueurs se surpassent. Nurkic a compilé un double-double, 11 pts et 11 rbds, mais il a manqué des paniers faciles. Evan Turner s’est bien battu (13 pts, 7 rbds) mais il a perdu quatre ballons et il était constamment laissé ouvert derrière l’arc (1/4). Il doit punir. Idem pour Al-Farouq Aminu (1/5 de loin, 7 pts). Lillard et McCollum ne seront pas toujours aussi maladroits (37 points à 13/41 en cumulé). Certes. Mais ils vont avoir besoin que leurs coéquipiers jouent un cran au-dessus de leur niveau habituel pour compenser l’écart créé par la présence de Davis. La superstar des Pelicans était mieux entourée hier soir. Et parfois, c’est finalement aussi ça qui fait la différence.