PJ Washington s’était fixé plusieurs objectifs au moment où il s’est mis à imaginer une carrière de basketteur professionnel il y a plus de dix ans. Il voulait l’étiquette de « McDonald’s All-American », sorte de All-Star Game pour les lycéens. Il rêvait de rejoindre Kentucky – fac où il est resté deux ans – et de porter la tunique de Team USA. Check, check et check. La dernière étape constituait à être drafté en NBA en tant que lottery pick. Les Charlotte Hornets l’ont sélectionné en douzième position en 2019.
Mais il gardait aussi au fond de lui l’envie de, peut-être, un jour porter la tunique de la ville où il a grandi. Celle des Dallas Mavericks. Un souhait exaucé quand Nico Harrison et les dirigeants ont rapatrié le joueur de 25 ans dans le Texas en février dernier. Le voilà de retour à la maison, au sein d’une équipe ô combien mieux placée pour jouer les premiers rôles.
Sur le papier, le move ne semblait pas forcément alléchant. Les Mavericks ont sacrifié (encore) un tour de draft ainsi que Grant Williams (pour qui ils avaient déjà cédé un pick) et Seth Curry pour mettre la main sur un joueur un temps prometteur mais finalement inconstant et difficile à jauger vu la situation des Hornets depuis quelques années. Quelques mois après, Washington a finalement des allures de recrue parfaite pour Dallas. C’est peut-être même le transfert phare de la dernière deadline, comme l’écrivait justement Damien Da Silva.
Parce qu’il est tellement précieux des deux côtés du terrain sur ces playoffs. Il tourne par exemple à 15,2 points, 46% aux tirs, 42% à trois-points et 6,7 rebonds, s’affirmant pleinement comme le troisième homme fort de Dallas. Peut-être même plus que ça depuis le début de la série contre le Oklahoma City Thunder, où il compile 21,8 points (quasiment le meilleur marqueur de l’équipe, Luka Doncic est à 22), 49% aux tirs, 51% à trois-points et 8,8 rebonds.
Il est le joueur le plus régulier des Mavericks sur ces quatre premiers matches de la demi-finale de Conférence et c’est une aubaine pour Jason Kidd au moment où ses deux superstars sont serrées de près et mis dans le dur – 39% de réussite pour Doncic, 15 points de moyenne pour Kyrie Irving. Sans lui, l’équipe texane serait probablement déjà menée et dos au mur avant le Game 5.
Washington a été excellent dans son rôle, avec une zone de prédilection bien définie : les corners. Il a converti 12 de ses 27 tentatives derrière l’arc dans les coins depuis le début de la série, soit 44% de réussite. C’est un facteur X majeur pour les Mavericks. Parce que la défense du Thunder doit forcément laisser une zone vulnérable si elle veut se concentrer essentiellement sur les joueurs impliqués à chaque pick-and-roll entre Doncic ou Irving avec Daniel Gafford ou Dereck Lively. Le sniper est alors une cible toute trouvée pour une passe à l’opposé avec un tir ouvert ou semi ouvert. Aussi longtemps qu’il les rentre, Dallas sera dans le coup.
Sauf que l’ailier longiligne et athlétique peut faire plus que ça et le staff l’a compris et n’hésite pas à le responsabiliser un peu plus balle en main. On l’a vu notamment créer du jeu dos au panier pour profiter de son avantage de taille. Il a aussi carte blanche pour attaquer les closeouts en dribble après un premier drive de l’un des deux virtuoses. Autant d’actions qui mettent de la pression sur la défense adverse et empêchent Oklahoma City de se résoudre uniquement à arrêter les deux guards.
Les Texans ont cruellement besoin d’un autre joueur capable d’assumer au moins un peu de création et de représenter une menace. PJ Washington a complètement assumé cette tâche tout en étant un bon défenseur et un solide rebondeur. Il sera l’un des joueurs à suivre de ce Game 5. Parce que s’il continue sur cette lancée, ça pourrait clairement pencher en faveur des Mavericks. Il est peut-être temps que le bonhomme mette à jour sa liste d’objectifs et y ajoute éventuellement « gagner un titre NBA. »
Et +10 pour le titre "Libé" ;)