« Si Joel Embiid se rapproche plus d’Hakeem Olajuwon que de Greg Oden, la réponse est Philadelphie », affirme sereinement un dirigeant NBA sous couvert d’anonymat. « Les Knicks dispose d’un seul choix au premier tour lors des deux prochaines draft et ils n’ont aucun choix au second ni même de droits sur un joueur européen. Les Sixers ont deux choix au premier tour de la prochaine draft et quatre choix au second des deux autres drafts à venir. Ils disposent des droits de Dario Saric et Vasilije Micic. ‘Melo’ est plus fort que n’importe quel joueur des Sixers mais Philadelphie a un meilleur coach et des jeunes plus talentueux. »
« Going bad to get good », la mentalité des Philadelphie Sixers
[caption id="attachment_137479" align="alignleft" width="300"] Joel Embiid, la récompense du "tanking" des Sixers.[/caption] A leur arrive à la tête de la franchise, Sam Hinkie et ses sbires n’ont pas caché leur ambition de faire des Sixers l’une des têtes d’affiche de la Conférence Est… d’ici cinq ans ! Philadelphie était empêtré dans le milieu de tableau, cette position ingrate, et ne pouvait espérer vraiment mieux que de participer au premier ou au second tour des playoffs chaque saison sans pour autant attirer les principaux free agents et sans obtenir de bons choix de draft. Les dirigeants ont donc détruit l’effectif en place, ont transféré Jrue Holiday, Evan Turner, Thaddeus Young et Spencer Hawes, ont cumulé les assets et ont mis en place un effectif si mauvais que certains médias se sont demandés si les Wildcats de Kentucky seraient en mesure de battre les Sixers. La franchise a révolutionné le « tanking » au point où la ligue a envisagé de mettre en place une réforme de la loterie (refusée par les propriétaires il y a quelques semaines). Ils ont obtenu les sixièmes et dixièmes choix en 2013 – Nerlens Noel et Michael Carter-Williams – et les troisièmes et dixièmes pick en 2014 – Joel Embiid et Dario Saric. Cette saison, ils sont encore en course pour mettre la main sur l’un des meilleurs choix de draft.[superquote pos="d"]Il est facile de se moquer des Sixers mais leur potentiel est monstrueux[/superquote]« Les Sixers seront nettement meilleurs sur le long terme. Ils seront même complètement différents dès la saison prochaine », estime un ancien GM.[caption id="attachment_201205" align="alignleft" width="300"] Michael Carter-Williams futur All-Star ou rookie à stats ?[/caption] L’avenir de Philadelphie dépend essentiellement du développement de ses jeunes joueurs. Hormis Joel Embiid, aucun ne semble déceler le potentiel d’une superstar NBA. Le rookie formé à Kansas est actuellement en convalescence et il n’est pas certain qu’il soit en mesure de jouer cette saison. Jurisprudence Greg Oden oblige, il est toujours délicat de s’enthousiasmer sur un jeune pivot victime de pépins physiques récurrents. Mais comme l’expliquait le dirigeant resté anonyme, si Embiid exploite une majeure partie de son potentiel, Philadelphie saura vers autour de quel joueur construire son équipe. Michael Carter-Williams est le Rookie Of The Year d’une cuvée faible mais il cumulait plus de 16 pts, 6 rbds et 6 pds, une performance que seuls Magic Johnson et Oscar Robertson ont réalisé lors leur première saison NBA. Cela vous classe un homme, même si on a tendance à nuancer ces statistiques en prenant en compte la situation de l’équipe – « MCW » avait carte blanche pour faire des statistiques. Les Sixers disposent également de Nerlens Noel, un pivot défensif prometteur. Certes, il fait doublon avec Embiid mais les dirigeants pourront toujours se débarrasser de l’un des deux via un trade si jamais la mayonnaise ne prend pas. Avec K.J. McDaniels – libre l’été prochain – Philly a mis la main sur un « steal ». L’ancien joueur de Clemson a le potentiel d’un ailier « 3 and D » (et même mieux ?) susceptible de s’affirmer comme un titulaire au sein du projet à long terme de la franchise. Une fois que les jeunes stars se seront développées, le front office de recruter des free agents (vétérans, joueurs de complément voir même des « quasi All-Stars ») pour les entourer. Les superstars de demain attirent les joueurs confirmés, même au sein d’un petit marché. Dans combien de temps New Orleans sera une destination à la mode grâce à Anthony Davis ? Il est facile de se moquer des Sixers mais il est encore plus facile d’imaginer le potentiel monstrueux dont dispose cette formation. En revanche, l’avenir des New York Knicks est plus sombre.
« Tanking » ou « free agency », le dilemme des Knicks
[caption id="attachment_200441" align="alignleft" width="300"] Les Knicks ont Carmelo... et les rêves de Phil Jackson.[/caption] La grosse pomme a une superstar : Carmelo Anthony. Dans un élan de loyauté, il a préféré rester aux Knicks et signer un contrat extrêmement juteux sur cinq saisons plutôt que de rejoindre les Chicago Bulls. Il doit encore s’en mordre les doigts aujourd’hui. « Melo » n’a jamais mené une équipe en finale NBA – ce que ses détracteurs ne cessent jamais de lui rappeler – et il lui faudrait le casting parfait à ses côtés pour chatouiller enfin les sommets. Or l’effectif dont dispose Derek Fisher est déséquilibré, voire même fade. Amar’e Stoudemire n’a jamais retrouvé son niveau All-Star après ses 765 opérations des deux genoux. Andrea Bargnani est une blague, J.R. Smith… sans commentaires. Les Knicks manquent de défenseurs, de créateurs, etc. Il manque même une âme à cette équipe. Phil Jackson espère redonner vie à la franchise en recrutant un free agent de qualité cet été. Les contrats de Stoudemire (23 millions) et Bargnani (11,5 millions) arrivent à expiration à la fin de la saison et les New-yorkais disposeront de suffisamment d’espace sous le Cap pour faire une offre à l’un des meilleurs joueurs disponibles.[superquote pos="d"]"Les Knicks doivent arrêter de croire à un miracle." [/superquote]« Les Knicks misent presque uniquement sur la free agency. C’est difficile. Ils feraient mieux de construire leur effectif et d’arrêter d’attendre qu’un miracle se produise avec la venue d’un free agent. Il y a des destinations bien plus intéressantes, des équipes avec de l’espace sous le Cap et un meilleur effectif. En plus, la classe 2015 est faible (en free agents) », note un dirigeant NBA.Marc Gasol, LaMarcus Aldridge et Rajon Rondo sont les principales têtes d’affiche de la prochaine free agency. Ils sont tous les trois convoités par Phil Jackson. Le pivot espagnol joue pour l’une des meilleures équipes de la Conférence Ouest et Memphis peut lui proposer 30 millions de dollars de plus que les Knicks (et que toutes les autres franchises). Si jamais Gasol tenait vraiment à quitter le Tennessee, il serait la cible prioritaire des San Antonio Spurs, une franchise dont la réputation n’est plus à faire. Pourquoi diable prendrait-il le risque de rejoindre New York pour trois ou quatre saisons alors qu’il est actuellement dans la meilleure période sa carrière ? Le constat est le même pour LaMarcus Aldridge, à ceci près que la star des Blazers a déjà manifesté par le passé son intention d’évoluer au sein d’un marché plus exposé que Portland. Quant à Rajon Rondo, a-t-il vraiment le profil pour briller au sein de l’attaque en triangle ? A-t-il seulement envie de jouer pour une franchise en reconstruction alors qu’il vient de se coltiner deux saisons délicates à Boston ? A-t-il seulement envie de quitter les Celtics ? [caption id="attachment_211441" align="alignleft" width="300"] Jahlil Okafor, objet de convoitise des Knicks et des Sixers.[/caption] A la lecture de ses lignes, vous estimerez sans doute que l’avenir des Philadelphie Sixers est plus radieux. Mais il ne faut jamais perdre de vue une donnée extrêmement importante en NBA, notamment lorsque l’on se projette dans le futur : ON NE SAIT JAMAIS RIEN. La ligue est en constante évolution et il y a toujours des surprises. A chaque fois que l’on pense avoir une certitude sur une équipe, un revirement de situation intervient. [superquote pos="d"]Les certitudes n'existent pas dans cette ligue ! [/superquote]Les New York Knicks peuvent très bien couver Carmelo Anthony dans les mois à venir (opération du genou), perdre encore une cinquantaine de matches et obtenir le premier choix de la draft. Avec Jahlil Okafor et « Melo », ils auraient déjà fière allure. LaMarcus Aldridge, lassé d’avoir été éliminé au premier tour en avril prochain, pourraient alors décider de rejoindre la grosse pomme et de former un frontcourt impressionnant avec Okafor et Anthony. Ou alors New York peut obtenir le quatrième ou cinquième choix de la draft et sélectionner un futur flop. On n’en sait strictement rien. Peut-être que Joel Embiid, Nerlens Noel et Michael Carter-Williams n’exploiteront jamais leur potentiel. Peut-être que les Sixers seront condamnés à entamer un nouveau plan de reconstruction. Ou peut-être qu’ils seront champions NBA en 2020. Il y a toujours cette incertitude. Mais c’est justement ce doute qui nous pousse à nous projeter dans le futur, ce doute qui nous pousse à rêver de ce que sera faite la ligue de demain tout en savourant la NBA d’aujourd’hui.