Perry Jones, le sauveur, vraiment ?
Si son impact est à des années lumières de celui de Durant ou Westbrook, le jeune joueur de 23 ans s’est révélé lors de la première semaine de compétition. Il est le meilleur marqueur du Thunder avec 18,5 pts (Westbrook et Reggie Jackson n’ont pas été retenus) mais aussi celui qui passe le plus de temps sur le parquet (36,7 minutes) et du plus grand nombre de ballons en attaque (14 tirs tentés, un usage rate de 22,7% soit un point de moins que Serge Ibaka – 23,8%). Si Ibaka a revu ses responsabilités offensives à la hausse, il n’est pas étonnant que l’Espagnol ne bénéficie pas d’autant de tickets shoots qu’un Carmelo Anthony, un Blake Griffin ou un Stephen Curry, même en l’absence de Westbrook et Durant. L’intérieur bondissant est la parfaite troisième solution offensive. C’est un attaquant de complément. Il est meurtrier à mi-distance – et désormais à trois-points – lorsqu’on lui crée des espaces. Mais son arsenal dos au panier, de même que son aisance balle en main, sont trop limités pour lui confier la balle en isolation à de trop nombreuses reprises. Les premiers systèmes du Thunder à chaque début de rencontre sont d’ailleurs dessinés pour Steven Adams au poste et non Serge Ibaka. [caption id="attachment_207171" align="alignnone" width="640"] Sur la première possession du Thunder, Steven Adams est servi au poste bas, à gauche du cercle.[/caption] [caption id="attachment_207173" align="alignnone" width="640"] Schéma similaire face aux Denver Nuggets.[/caption] [superquote pos="d"]Perry Jones était une superstar au lycée[/superquote]Mais qui est donc alors ce Perry Jones III qui semble sortir de nulle part pour jouer les super héros d’un Thunder en panne d’inspiration ? Si le garçon est peut-être inconnu du public le plus large, il a pourtant longtemps été considéré comme l’un des espoirs du pays. Superstar de son lycée à Duncanville, Texas, il était présenté comme l’un des meilleurs lycéens du continent – recrue cinq étoiles selon les sites spécialisés – à son arrivée à l’université. Pour sa première saison à Baylor, il cumulait déjà près de 13 pts et 7 rbds de moyenne. Les freshmen avec de telles statistiques ne passent pas inaperçus. Comme Jared Sullinger, il était attendu très haut lors de la draft 2011 mais il a préféré passer son tour et prolonger son aventure en NCAA. Ces statistiques n’ont pas explosé la saison suivante mais son équipe a remporté plus de matches. Comme Sullinger, Jones était cette fois-ci présenté comme un lottery pick. Et enfin, comme Sullinger, une blessure a fait baisser sa cote. Le Thunder a finalement mis le grappin sur ce jeune prospect talentueux et prometteur avec le 28e choix lors de la draft 2012. Un pick qui résonnait déjà comme un « steal » potentiel à l’époque.De joueur de banc à go-to-guy par interim
Mais Perry Jones a très peu vu la couleur du terrain lors de ses deux premières saisons en NBA. Barré par Kevin Durant, il se contente de jouer des bouts de matches au sein d’une franchise qui ambitionne clairement de décrocher un titre mais qui accorde tout de même de l’importance au développement de ses jeunes talents. A Oklahoma City, la patience est de mise. Physiquement, le natif de Winnsboro est une réplique du dernier MVP, en plus athlétique. Il est long, très long – 2,11 m – il est fin et il est extrêmement mobile pour sa taille, avec ou sans le ballon.« Perry Jones est le meilleur athlète de la NBA », déclarait même Kevin Durant.Comme « KD », le jeune joueur est capable de s’écarter du cercle malgré sa taille. Essentiellement utilisé comme un shooteur à trois-points dans le corner lors de sa deuxième année en NBA (22/61 derrière l’arc, 36,1%), il a remplacé la star du Thunder poste pour poste lors des quatre premiers matches de la saison. Et il a fait sensation quand personne ne l’attendait. Maladroit lors du match d’ouverture contre Portland (1/9 aux tirs), il a mis à mal la défense des Clippers dans le second (32 points, record en carrière !) et il a fait plier les Nuggets dans le troisième (23 pts). L’arsenal offensif de Perry Jones n’est pas le plus poli de la ligue mais le jeune joueur sait exploiter ses qualités premières : sa taille et sa vitesse.
« On lui donne le ballon dans de meilleures dispositions. On ne se contente pas de le laisser flotter autour de la ligne à trois-points. On lui passe la balle en bas où il peut profiter de son avantage de taille. Il prend les tirs qu’on lui offre à trois-points mais on le pousse à aller au poste bas. Et on laisse Perry jouer », commentait Kendrick Perkins après la performance de son jeune coéquipier face aux Denver Nuggets.En réalité, Perry Jones manque de puissance pour s’affirmer comme une menace au poste bas (. En revanche, sa taille lui sert pour dégainer face à des adversaires plus petits. Les ailiers culminant à 2,11 m sont très rares, même en NBA, et il est ainsi en bonne position pour voir le cercle même avec un défenseur face à lui, bras levé. Illustration avec ce tir décisif irréaliste face au Nuggets. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=luaZ5MEKa-Q#t=13[/youtube]
« C’était un bon tir. Je voulais le prendre et je me suis dit que je le prendrai. Je suis juste heureux de l’avoir rentré, ça m’a fait du bien surtout après avoir vu mes coéquipiers sauter de joie sur le banc », expliquait-il.Mais son principal atout demeure sa mobilité et sa vitesse d’exécution. Comme le faisait remarquer Danny Chau de Grantland, le joueur du Thunder a déjà provoqué une multitude de fautes simplement en prenant son défenseur de vitesse et en attaquant le cercle. Après quatre matches, il a tiré 19 lancers (pour 14 réussis, 73,7%) soit presque la moitié de son total de lancers tentés sur l’ensemble de la saison dernière (28/42). Il n’hésite pas à harceler son vis-à-vis en le provoquant en dribbles, comme on peut le constater sur cette compilation de ses 32 points contre Los Angeles. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=-o9wsL7mk7E[/youtube] Même si Jones s’est révélé au grand jour cette semaine, même s’il a ajouté un drive intéressant à sa panoplie, il demeure utilisé essentiellement dans un rôle de shooteur. Et un shooteur plutôt adroit pour le coup (46,4% dans le champ, 38% à trois-points). Surtout, il surfe encore sur l’effet de surprise. Son impact en attaque sera sans doute amoindri lorsque les défenses adverses se seront adaptées. Mais il s’est tout de même senti investi de la mission de maintenir le Thunder à flot en attendant le retour des deux casseurs flotteurs.
« Mes coéquipiers sont dans ma tête, surtout Kevin. Il me dit que l’équipe a besoin que quelqu’un élevé son niveau de jeu et soit agressif. C’est tout ce que j’essaye de faire. »