« Le basket est de retour à Boston »
Comment reprocher à ces spectateurs d'avoir perdu tout espoir en apercevant un tableau d'affiche plus que grandement en leur défaveur avant le dernier quart-temps (74-53) ? Eux connaissaient la force de frappe des New Jersey Nets, la franchise qui avait terminé la saison régulière en tête de la Conférence Est, et de leur leader, Jason Kidd (12 points et 11 assists ce soir-là). Ils avaient aussi vu leurs joueurs faire preuve d'une maladresse qui, dans de telles échéances, ne pardonne pas. Du moins, c'est ce qu'ils pensaient. Car c'est une toute autre équipe qui est revenue sur son parquet lors de ce dernier quart-temps. Et un tout autre Paul Pierce. Dès les deux premières minutes, ce dernier et Antoine Walker inscrivent onze points sans que les Nets ne trouvent la cible. La roue commence à tourner. 74-62. L'enceinte des Celtics vibre de nouveau. Temps-mort. Les journalistes de NBC tendent leur micro au Commissioner David Stern, qui lâche :« Le basket est de retour à Boston. »Autre artisan du come-back des C's, Kenny Anderson rentre cinq paniers consécutifs. À cinq minutes de la fin, Boston n'est mené « que » de dix points. Forts de leurs incessants efforts, emportés par l'ambiance qui les entoure, ils reviennent à un point à une minute du buzzer-final. « The Truth », intenable, provoque un faute. Rentre ses deux lancers-francs. Et donne donc l'avance aux siens. Alors qu'il reste moins de trente secondes à jouer, Kenny Anderson force les Nets à une sixième perte de balle dans le quart-temps. Il porte le score à 93-90. Les Celtics, eux, ne trembleront pas. Ils s'imposent finalement 94-90. Dans leurs rangs, Paul Pierce exulte. Après avoir vécu trois quart-temps difficiles, et eu peur de se rendre responsable de la défaite de son équipe, il a inscrit 19 points pour finir la rencontre à 28 points, et ainsi grandement participé à un come-back des plus inespérés.
Réagir face aux moqueries
[superquote pos="d"]« Nous avons fait plus qu'envoyer un signal. »[/superquote]Jusqu'ici, aucune autre franchise n'avait réalisé un come-back en étant menée d'autant de points à l'issue du troisième quart-temps. Avec une telle performance, les Celtics battaient le record établi par les Phoenix Suns. Une victoire après avoir pris 18 points de retard face aux Rockets, en 1994, lors d'une demi-finale de conférence. En inscrivant 41 points tout en encaissant seulement 16 lors ce quart-temps, ces Celtics sont rentrés dans l'histoire. Et dire qu'à l'image de ces joueurs de hockey qui, résignés à la défaite, abattent la carte du jeu physique voire des fights pour impressionner leur adversaire en vue de la suite de la série, ils voulaient surtout montrer aux Nets qu'ils seraient au rendez-vous lors du prochain match. Ne pas se laisser couler, en somme, et afficher la couleur.« Au début du quatrième quart-temps nous voulions nous battre pour leur envoyer un signal en vue du prochain match pour leur dire que nous étions une équipe sur laquelle il faudrait compter », explique ainsi Paul Pierce, qui ajoute fièrement : « Nous avons fait plus qu'envoyer un signal. »https://www.youtube.com/watch?v=9x2VQ5BDuPA Avec un tel coup de chaud, le All-Star prouvait que s'il pouvait connaître des moments d'absence, il serait toujours présent lors du money time. Cette saison, seul Kobe Bryant a fait mieux que lui lors du quatrième quart-temps. Ses 7,9 points de moyenne par match durant l'exercice annonçaient l’avènement de l'un des joueurs les plus clutchs de la Grande Ligue. Son plaisir de jouer avec la foule celui d'un showman dont les faits d'armes feraient vite le tour des télévisions.
« Je ne pouvais même pas m'entendre parler durant le quatrième quart-temps. Je pense qu'ils ont été intimidés par la foule et par notre retour », déclara-t-il après la rencontre, heureux de l'ambiance qui fut celle du FleetCenter ce soir-là.Si Paul Pierce nous a gratifiés d'un si beau sursaut d’orgueil, c'est aussi grâce aux remplaçants des Nets. Ainsi lorsque les C's subissaient, l'actuel Wizard prétend que les joueurs assis sur le banc de son adversaire se moquaient de son équipe. Ce qui l'a obligé à réagir. Une question d'honneur...