Paul Pierce, l’énigme athlétique

A 35 ans, Paul Pierce figure toujours parmi les meilleurs ailiers de la ligue. Une longévité aussi difficile à déchiffrer que son jeu si atypique.

Paul Pierce, l’énigme athlétique
S'il ne doit en rester qu'un… Par les temps qui courent, assister à un match des Celtics, (surtout quand on est un fan de la première heure…), c'est accepter de force l'idée du temps qui passe. Cinq ans en arrière, le Big Four soulevait le trophée O'Brien. Aujourd'hui, Rajon Rondo est hors-course pour un bon moment, KG fait face à ses épisodiques pépins physiques (la cheville gauche cette fois-ci), et Ray Allen fait grimper les stats de passes de LeBron James. Paul Pierce, le quatrième mousquetaire, n'a plus la fougue d'un D'Artagnan (encore que, les playoffs arrivent…), mais dans l'étrange période que traverse "Sa" franchise, l'icône du TD Garden tient le cap, coûte que coûte. Qui n'a pas entendu, lors d'une soirée NBA entre amis, un insolent (souvent trentenaire minimum) lâcher cette phrase cinglante : "Il joue encore Pierce ???". Oui, oui, il joue encore et Doc Rivers doit se demander ce qu'il ferait sans son increvable n°34 (zéro match raté cette saison !). Mieux, Pierce fait encore et toujours figure d'arme offensive n°1 pour Boston, comme en témoigne ce mois de mars à presque 20 points, 6 rebonds et 5,5 assists (6 victoires, 6 défaites). Dans l'ordre alphabétique des joueurs NBA sous contrat, à la lettre P, "Paulo la science" figure entre Johan Petro et Mickael Pietrus. Assez fou. Plus fou encore : dans la hiérarchie des meilleurs small forwards de la ligue, on retrouve toujours le "PP" flingueur dans l'élite de ce poste si exposé, derrière les LeBron, Durant, Melo ou encore Paul George. A 35 balais. Clairement, "The Truth" ne dispose pas dans son arsenal de l'explosivité des All-Stars cités ci-dessus. Pourtant, la magie Pierce opère encore.
"Paul est toujours un sacré joueur de basket", souligne Byron Scott.  
"On sait qu'il doit se montrer et tenter de porter cette équipe en l'absence de KG et Rondo. Ça met beaucoup de pression sur ses épaules. Mais je vais vous dire un truc : il est prêt à supporter cette charge. On va devoir se montrer prêts à l'affronter."
[caption id="attachment_112789" align="alignright" width="350"] Les duels entre Paul Pierce et LeBron James sont toujours aussi disputés.[/caption] Scott sait de quoi il parle. Le 19 décembre dernier, Pierce en mettait 40 à Cleveland (à 6/7 longue distance), victoire à la clef (103-91). Tout en affichant le 2ème pourcentage le plus élevé de l'histoire de la franchise de Boston (13/16 FG, soit 81,3 %) dans un match à 40 points. Sa performance faisait d'ailleurs écho à ses deux précédents cartons offensifs face aux Cavs, époque LeBron : 41 points le 13 décembre 2003 dans l'Ohio, puis 50 (career-high) le 15 février 2006 au Garden, à l'occasion d'un des mémorables duels l'opposant à James. Evidemment, comme tout artificier de précision, Paul Pierce a toujours ses soirées "sans". Le 22 janvier dernier, lors du match "retour" contre les Cavs, pendant qu'Irving se chargeait de tuer le match (40 points), P-Double souffrait (12 pts à 4/15), bien muselé par Alonzo Gee, Shaun Livingston et C.J. Miles. Mais même si son pourcentage global est le plus bas enregistré depuis 2003-2004 (43,6%), il n'en demeure pas moins, après 15 saisons dans la ligue, un monstre de régularité et l'une des raisons principales pour lesquelles tout le monde (excepté Miami, sans doute) souhaite éviter les C's au premier tour des playoffs. A l'instar de Kobe Bryant, dont le préparateur physique Tim Grover explique le secret de la longévité dans les colonnes du REVERSE #40, Pierce affiche une santé de fer. On a pourtant souvent l'impression, à l'approche du moment de vérité, que Paul, regard "droopy-esque" et bouche grande ouverte, est au bord de la rupture. Erreur. Quand certains ont besoin de leur premier pas, de leur verticalité ou de leur vitesse pour scorer, PP l'astucieux met en avant sa science du jeu, jouant de toutes ses ficelles de "vétéran" pour mettre à mal son (ou ses) vis-à-vis. Dans un article passionnant mis en ligne par Sports Illustrated, Rob Mahoney cite notamment une étude de Philip Maymin, du NYU-Polytechnic Institute, mettant en avant les redoutables facultés successives d'accélération de Paul Pierce dans un même match. Ou comment ce faux-lent connu de tous, sorte de triple menace en mouvement, parvient à se créer son shoot dans ce tempo saccadé qui lui est propre. Quand pas mal d'attaquants NBA fonctionnent sur boîte automatique, Pierce l'ancien est en mode manuel, les mains dans le cambouis. Un casse-tête pour les défenseurs, toujours en quête des bons appuis pour parer ses incessants "stop and go", qui aboutissent bien souvent à une faute de l'adversaire. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=pZay-WOM_x0[/youtube] A l'instar de Larry Bird, son glorieux aîné, Pierce n'a pas l'apparence du joueur hyper-athlétique (dans le sens "explosif" du terme), mais son jeu à l'ancienne, son endurance et son QI basket lui permettent de continuer à briller, saison après saison. Suffisant pour tirer vers le haut lors des playoffs ces C's sur le déclin ? Au regard de leurs difficultés actuelles, difficile de les imaginer franchir les tours un à un, en terrassant Indiana, Chicago, Brooklyn ou New York. Encore moins le Heat, si d'aventure l'équipe de Doc Rivers glisse à la 8ème place à l'Est. Mais Boston, à l'instar de son numéro 34, a pour habitude de se sublimer au printemps, rappelant au temps qui passe que les parenthèses enchantées s'écrivent parfois à contre-courant. Après tout, la saison dernière, Boston avait échoué aux portes des Finales après avoir perdu 17 des 32 premiers matches de la saison... Et si Paul Pierce avait fini par rendre les armes devant la puissance de LeBron James, tout le monde se souvient encore de son shoot assassin sur la tête de ce même LBJ, pour permettre aux C's de mener 3-2 lors des dernières Finales de conférence.   [youtube hd="1"]http://www.youtube.com/watch?v=K_uulujs-MM[/youtube]   Finalement, les Celtics sont à l'image de leur franchise player. Très souvent là où on ne les attend plus. A une exception près cependant. Pierce sera où on l'attend : au Hall of Fame. S'il ne doit en rester qu'un...   [youtube hd="1"]http://www.youtube.com/watch?v=orN8IzetfqI[/youtube]  

La saison de Paul Pierce

69 matches (69 titularisations) : 18,7 points à 43,6% (38,2% à 3 pts), 6,3 rebonds, 4,7 assists, 1,1 steal et 2,84 TO en 34 minutes Record de la saison : 40 points contre Cleveland le 19 décembre Matches à 30 points ou plus : 3 (6 la saison dernière) Matches à 25 points ou plus : 15 (12 la saison dernière)