L’exigence du sport de haut niveau n’est pas seulement physique, elle est aussi mentale. En NBA, les langues se délient à mesure que les joueurs partagent leurs expériences et leurs propres combats intérieurs. Après DeMar DeRozan et Kevin Love, c’est maintenant Paul George qui prend la parole au sujet de la santé mentale des athlètes.
L’ailier des Los Angeles Clippers, sept fois All-Star, a connu de nombreuses épreuves dans sa carrière. Celle qui a eu raison de lui est l’épisode de la bulle d’Orlando, en 2020. En pleine pandémie de Covid-19, la ligue avait alors décidé de finir la saison et de disputer les playoffs sur un seul et même site, coupé du monde extérieur.
Parmi les contenders, les Clippers de Kawhi Leonard et Paul George s’étaient effondrés face aux Nuggets, en demi-finales de conférence, alors qu’ils menaient la série 3-1. Rongé par le stress à cette période, George a pris conscience du problème. Il a lui-même raconté son expérience dans les colonnes de USA Today.
"J’ai fait l’expérience de perdre la bataille mentale pendant la saison NBA dans la bulle d’Orlando. Toute ma vie, j’ai été confronté à des défis mentaux et j’ai toujours eu l’impression d’avoir gagné cette bataille, mais là, j’étais dans la bulle en train de perdre.
Je ne savais pas où aller, que faire ou comment m’en sortir. C’était une expérience que je n’avais jamais vécue. Je me sentais coupé du monde, isolé et incapable de dormir. Je lisais les messages sur les réseaux sociaux et les commentaires haineux qui commençaient à m’affecter", se souvient le joueur.
Régulièrement raillée pour son surnom "Playoffs P", l’ancienne star des Pacers était à ce moment sous le feu des critiques. Sa performance finale, avec 10 points et 5 pertes de balle à 4-16 dans le Game 7, a encore amplifié ce phénomène. Dans le contexte de la bulle, loin de tout, cette épreuve s’est révélée particulièrement difficile pour lui.
Ce qu’a traversé Paul George est loin d’être un cas isolé. Da par leur statut, les athlètes professionnels doivent supporter une charge mentale très importante. Leurs équipes, sponsors, fans et les médias exercent une grande pression. Le stress, l’anxiété et les états dépressifs sont ainsi plus fréquents que la moyenne chez les sportifs de haut niveau.
"Les gens pensent que les athlètes sont des superhéros, que nous sommes supérieurs et au-dessus du monde. On s’attend à ce que nous fassions des actions héroïques à chaque fois. Le jeu est basé sur des pourcentages, on en fait et on en rate. Mais lorsque vous ratez un tir, des millions de fans peuvent aller en ligne pour s’en moquer et en rire.
Il y a donc de la pression et du stress dans le fait d’être un athlète. Il y a aussi une stigmatisation lorsqu’il s’agit des athlètes et de leur santé mentale — encore plus dans la communauté noire. Ce préjugé chez les athlètes, et plus largement dans la culture noire, est que demander de l’aide est un signe de faiblesse", analyse George.
Les Clippers ne ressemblent pas à un contender, pour l’instant…
Conscient de son état mental, l’ailier a cependant fini par chercher de l’aide. Il a pu, par le biais de son équipe, travailler avec un thérapeute pour et enfin avancer. Il assure être beaucoup plus épanoui aujourd’hui grâce à ce soutien.
A posteriori, Paul George regrette toutefois le "manque de compréhension et de sensibilisation sur la façon d’obtenir de l’aide". Cette opacité et les préjugés l’ont ainsi poussé à s’associer, à travers la Fondation Paul George, à un groupe de soins pour mener des missions de préventions et offrir trois millions de dollars de soins à ceux qui en ressentent le besoin.
Le joueur des Clippers espère également que son témoignage permettra de faire évoluer les choses. Comme ceux de DeRozan et Love avant lui, ces prises de paroles ouvrent progressivement les yeux des fans sur ce qu’est la vraie vie d’athlète.
"Vous pouvez être un grand athlète et être mentalement fort dans un cadre compétitif, mais si vous savez que quelque chose ne va pas sur le plan mental et que vous pouvez demander de l’aide, cela ne fera que vous rendre plus fort. […] Plus nous parlerons ouvertement de la santé mentale, mieux nous nous porterons tous", assure-t-il enfin.
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