Chuter pour mieux se relever
Dès le match suivant, Paul George domine, il rivalise avec le meilleur joueur du monde des deux côtés du terrain. Les Pacers créent l’exploit de remporter un match à Miami et une (super) star est en train de naître. Cette évolution a une date de départ. Si l’élément déclencheur fut bien un duel avec le « King », il date… d’il y un an, presque jour pour jour. Indiana était encore en cours de construction lorsque les Pacers sont opposés au Miami Heat, lors des playoffs 2012. Nous sommes en demi-finales de Conférence et Paul George n’est que le« quatrième meilleur joueur de l’effectif », selon son président, Larry Bird. Du moins, il est le quatrième meilleur scoreur (9,7 pts contre 19,2 cette saison). Il est surtout chargé de défendre sur la crème d’en face, LBJ donc. La franchise d’Indianapolis s’inclinera en six manches mais le sophomore a eu le déclic. Il fait même une promesse à son coach :« Je reviendrais comme un joueur nouveau. » « Larry Bird m’a dit d’être patient. Il m’a dit que je grandirais et que j’apprendrais de ce qui s’est passé (durant le duel face au Heat en 2012). »[superquote pos="d"]Larry Bird voulait un nouveau franchise player. En l’absence de Danny Granger, George n’a pas laissé passer sa chance.[/superquote]Paul George s’impose des devoirs de vacances et cible quatre points particuliers à améliorer : la force, le dribble, le shoot et le jeu dos au panier. De quoi afficher ensuite la panoplie complète du basketteur idéal. Il défend, court, prend des rebonds, distribue le jeu, marque de loin, de près, avec touché, en puissance, la totale. Larry Bird voulait un nouveau franchise player. En l’absence de Danny Granger, George n’a pas laissé passer sa chance. Il s’est imposé comme la menace numéro un de son équipe en attaque (17 pts) tout en assurant à la distribution (4 passes). Mais contrairement à bien d’autres stars évoluant au poste 3, le Californien est avant tout un défenseur d’exception.
« Plein de joueurs sont capables de voler des ballons mais ne savent pas contenir leur adversaire. D’autres parviennent à rester face à leur vis-à-vis sans être assez longs pour chiper la balle. Lui fait les deux », résume Frank Vogel.Ce n’est donc pas un hasard si l’ailier des Pacers est le meilleur intercepteur de son équipe. Il occupe surtout la troisième place du Defensive Rating (premier extérieur, juste derrière Tim Duncan et Roy Hibbert) et la première du Defensive Win Share. Grâce à ses qualités athlétiques et ses longs bras, Paul George est un défenseur de premier ordre comme ses glorieux aînés l’étaient avant lui (Michael Jordan, Scottie Pippen, LeBron James, etc.)
Pas né pour briller
Autrement dit, il est fort, très fort. Mais pourtant il n’a jamais été programmé pour dominer. Le fils de Paul et Paulette (ça ne s’invente pas) a toujours été plutôt discret, pas le style m’as-tu-vu. Originaire de Los Angeles (comme Reggie Miller, ancienne légende d’Indiana), il supportait… les Clippers. Autre point commun avec Reg’, il a appris à jouer au basket avec sa grande sœur. A l’aise dans son cocon familial, le joueur n’a pas souhaité quitter ses proches, quitte à choisir une faculté moins exposée. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à porter les couleurs des Bulldogs de Fresno State durant ses deux saisons universitaires. Un bon joueur en devenir mais pas un leader.« C’était un garçon très gentil issu d’une bonne famille », se remémore l’ancien joueur NBA, Don MacLean à Sports Illustrated. « Non pas que vous devez avoir une mauvaise éducation pour être un très bon mais parfois c’est le cas. Ce n’était pas encore un mec sûr de de lui. Je l’ai poussé et je ne pense pas que quelqu’un l’avait poussé aussi durement jusqu’alors. Je lui ai dit : 'Paul, je vais te demander de dominer et je ne te le demanderais pas si je ne t’en sentais pas capable.' »C’est ainsi que Paul George s’est retrouvé drafté en dixième position quelques semaines plus tard d’une cuvée... dont il est pour l’instant le seul All-Star ! Et là encore, son arrivée aux Pacers s’est faite suite à un petit coup de pouce du destin.