Paul George, l’homme qui peut chambouler l’Est

Pour un joueur qui a vécu une blessure aussi dramatique il y a 18 mois seulement, Paul George réalise une saison remarquable. Au point de faire des Pacers l'équipe poil à gratter à l'Est en playoffs ?

Paul George, l’homme qui peut chambouler l’Est
On ne savait pas trop à quoi s'attendre avec Paul George et les Pacers cette saison. David West et Roy Hibbert partis, le Californien n'avait, à l'exception de George Hill, plus aucun cadre à ses côtés pour l'aider à ramener les Pacers sur le devant de la scène. L'effectif mis à disposition de Frank Vogel n'était d'ailleurs pas hyper sexy de prime abord et pas forcément de ceux dont on se dit qu'ils sont capables de faire la nique aux meilleures équipes de l'Est :  Monta Ellis, un soliste irrégulier, Myles Turner, un rookie très doué mais freiné par une fracture de l'os du pouce dès l'entame des débats, Ian Mahinmi, dont aime le professionnalisme et le jeu défensif mais qui n'avait jamais été starter avant cette saison, puis quelques joueurs incertains en sortie de banc comme Rodney Stuckey, Jordan Hill, Lavoy Allen ou Solomon Hill... Paul George lui-même suscitait quelques questions légitimes. Après une blessure aussi traumatisante (une double fracture de la jambe il y a un an et demi lors d'un stage de préparation avec Team USA), pouvait-il supporter une saison de 82 matches sans contrecoup physique, ni réelle appréhension dès lors qu'il sollicitait sa jambe droite ? Pour ne rien arranger, une divergence de points de vue est rapidement née entre le triple All-Star et sa direction, Larry Bird notamment. Dans un souci de se conformer à la tendance du small ball, les Pacers avaient ainsi demandé à "PG13", comme il se fait surnommer désormais, de jouer poste 4 à partir de la pré-saison. [superquote pos="d"]"J'étais arrivé à un point où je doutais de moi-même".[/superquote]Sauf que Paul George a rapidement manifesté sa réticence à se muer en power forward et son scepticisme...  Vogel a tenu bon et profité du fait que son joueur n'était pas un homme à scandales. Les spectateurs de la Bankers Life Fieldhouse ont ainsi vu des schémas avec trois small forwards de métier (George, Chase Budinger, coupé par la suite, et CJ Miles) jusqu'au mois de janvier avec plus ou moins de succès, le premier faisant évidemment office de "4" tout en contenant sa frustration. Mais sans éviter un coup de pompe physique en cours de route et en fin d'année.
"J’étais arrivé à un point où je doutais de moi-même. J’avais des douleurs, mes jambes étaient faibles. Mes tirs étaient courts et là je me suis dit que je n’avais pas joué au basket depuis un an et demi. C’était une période difficile", avait-il expliqué sur USA Today, défendu dans la foulée par Larry Bird.
"Il faut se rendre compte que Paul a subi une blessure terrible. Il aura forcément quelques coups de mou mais ce qu'il fait dans ce contexte est très fort. Vous savez, c'est aussi pour ça que je voulais qu'il joue poste 4. Ca lui aurait évité de se fatiguer constamment en défendant autour du périmètre. En attendant, je trouve que les gens attendent trop de lui compte tenu de ce qu'il a vécu".

Sa première saison comme "vrai" franchise player

Sentant qu'il était temps de revenir à une tactique plus traditionnelle, notamment contre des intérieurs dominants, pour satisfaire sa star, Vogel a successivement intégré Lavoy Allen (l'éphémère joueur de la SIG durant le lockout) et Myles Turner, excellent depuis son retour de blessure. Comme par magie, Paul George a retrouvé ses aises en attaque et enchaîné trois mois avec une adresse en hausse après un mois de décembre calamiteux à 37% en global (40.6% en janvier, 41.3% en février, 42.5% en mars). Au point qu'aujourd'hui, si Indiana n'est "que" 7e au classement de la Conférence Est et alterne semaines fastes et semaines mollassonnes, l'optimisme est de rigueur. Pas encore complètement revenu au niveau du "two-way player" candidat presque évident pour le MVP qu'il était avant son accident, Paul George réalise tout de même la saison la plus prolifique de sa carrière en attaque (23.4 points par match), à la passe (4.2 par match) et en termes d'interceptions (1.9 par match, comme en 2013-2014, sa saison référence). Si par instants on peut reprocher à l'ancien de Fresno State de ne pas prendre assez soin du ballon (3.4 pertes de belle de moyenne), il ne fuit pas devant les responsabilités et découvre avec une certaine réussite le rôle de franchise player. S'il était le meilleur joueur du groupe qui avait atteint la finale de Conférence deux fois de suite à l'Est, il pouvait facilement se reposer sur Lance Stephenson (lorsque celui-ci était encore le n°1 des triple-doubles dans la ligue), Roy Hibbert (quand son niveau était digne de celui d'un All-Star) ou David West. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et pour un type qui a vécu un tel drame physique il n'y a même pas deux ans, sa découverte de la fonction est plus qu'encourageante. Alors qu'il ne reste que 15 matches à disputer en saison régulière, l'adversaire le plus probable pour Indiana en playoffs est Toronto, indéboulonnable 2e de la Conférence Est. Les Raptors ont subi un upset au 1er tour ces deux dernières saisons (contre Brooklyn puis Washington) et les Canadiens auraient tort de croire que cette mésaventure ne peut pas se reproduire si les Pacers peuvent s'appuyer sur un Paul George retrouvé. Ses dernières sorties et l'attitude de leader qu'il adopte vont dans ce sens et on peut objectivement se demander de quelle manière Dwane Casey parviendra à limiter le Californien sur cette hypothétique série. Tout le monde voit Toronto, Atlanta ou Miami en concurrent principal des Cavs de ce côté-ci du pays, mais si un joueur est en mesure de chambouler les rapports de force, c'est bien l'ailier d'Indiana. Une preuve que Paul George a retrouvé une pleine confiance en ses moyens physiques ? Ce dunk pour le fun après le coup de sifflet lors de la victoire contre les Celtics mardi.

Les stats de Paul George en carrière

Year Team G Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3PT% FTM FTA FT% Off Def Reb Ast TO Stl Blk PF Pts
2010-11 IND 61 20:44 2.9 6.5 45.3 0.7 2.3 29.7 1.3 1.7 76.2 0.6 3.1 3.7 1.1 1.1 1.0 0.4 2.1 7.8
2011-12 IND 66 29:39 4.3 9.7 44.0 1.4 3.5 38.5 2.2 2.8 80.2 0.8 4.8 5.6 2.4 1.8 1.6 0.6 2.9 12.1
2012-13 IND 79 37:37 6.2 14.9 41.9 2.2 5.9 36.2 2.8 3.5 80.7 1.1 6.5 7.6 4.1 2.9 1.8 0.6 2.9 17.4
2013-14 IND 80 36:13 7.2 17.0 42.4 2.3 6.3 36.4 5.0 5.8 86.4 0.8 6.0 6.8 3.5 2.8 1.9 0.3 2.5 21.7
2014-15 IND 6 15:09 3.0 8.2 36.7 1.5 3.7 40.9 1.3 1.8 72.7 0.7 3.0 3.7 1.0 2.0 0.8 0.2 1.8 8.8
2015-16 IND 67 35:18 7.5 18.1 41.4 2.7 7.1 37.9 5.6 6.6 85.9 1.0 6.0 7.0 4.2 3.4 1.9 0.3 3.0 23.4
Totals 359 32:10 5.7 13.5 42.4 1.9 5.1 36.6 3.4 4.1 83.6 0.9 5.3 6.2 3.1 2.5 1.7 0.4 2.7 16.7