On l’a dit, on le répète. Les Chicago Bulls ont fait une bien belle affaire en engageant Pau Gasol cet été, même à 34 ans. Le pivot espagnol est encore capable de mettre à mal n’importe quelle défense grâce à son bagage technique supérieur à la moyenne des autres joueurs à son poste. On en a eu la preuve lors de la précédente Coupe du Monde en Espagne ou ne serait-ce que avant-hier, lorsque la nouvelle acquisition chicagoane a inscrit 20 points (et capté 11 rebonds) face aux Milwaukee Bucks. Mais à chaque joueur son talon d’Achille et pour Gasol il s’agit de ses aptitudes défensives. S’il est présenté comme l’un des attaquants les plus efficaces de la ligue au poste bas, il n’a jamais été considéré comme un défenseur de grand talent.
La défense est le principal facteur du succès des Chicago Bulls depuis plusieurs saisons et Tim Thibodeau est un apôtre et un tacticien novateur dans le domaine. Ses schémas sont complexes mais sont considérés – à juste titre – comme les plus performants de la ligue. Depuis son arrivée sur le banc des taureaux, en 2010-2011, la franchise de l’Illinois a intégré le podium des meilleures défenses de la NBA chaque saison (meilleure défense en 2012 et 2014). Si l’on peut se réjouir de l’apport offensif de Pau Gasol à un groupe qui manque cruellement de joueurs capables de marquer des points en isolation, il ne faut pas oublier non plus de noter les éventuelles difficultés d’adaptation du double champion NBA à un système défensif aussi dense.
Et pourtant, Thibodeau a su faire de Kyle Korver un très bon défenseur – l’un des meilleurs de la ligue sur le jeu sans ballon – et de Carlos Boozer… non, pas Carlos Boozer en fait. A vrai dire, Pau Gasol ne pourra de toute façon pas faire pire que son prédécesseur et ancien All-Star (recruté par les Lakers cet été justement). Mais cela ne l’empêche pas d’essayer de faire mieux. En trois matches de pré-saison, l’Espagnol a déjà cumulé huit blocks. Une statistique à priori pas si anodine que ça. Se serait-il déjà mis au diapason en défense ?
« Il peut encore faire mieux », tempère Tom Thibodeau au Chicago Tribune. « Il a bien défendu mais je pense qu’il peut être encore plus fort. Il est grand, il a un bon timing, il est intelligent et il parvient à anticiper ce qui se passe sur le parquet. Il doit encore revoir sa communication (avec ses coéquipiers) mais il se débrouille bien jusqu’ici. »
Pau Gasol est encore en phase d’adaptation mais ses débuts avec les Chicago Bulls sont prometteurs, même s’il ne s’agit évidemment que de la pré-saison (mais tout de même…) Les aptitudes défensives de ses coéquipiers devraient combler certaines de ses lacunes mais lui aussi a un vrai rôle à jouer au sein du schéma de Thibodeau. Contrairement à Boozer, Pau dépasse les 210 centimètres (2,13 m) et il a donc cette capacité à protéger le cercle. C’est exactement la tâche que lui a confié son coach. Joakim Noah étant suffisamment mobile pour contenir les intérieurs fuyants – et ceux malgré sa taille – les Bulls peuvent se permettre d’aligner deux « grands » ensembles sur le parquet sans en pâlir de l’un des deux côtés du parquet.
« Avec ma taille, celle de Jo’ et les qualités athlétiques de Taj (Gibson), nous pouvons couvrir une majeure partie du terrain et protéger la raquette. On peut être l’un des meilleures équipes de la ligue aux blocks », promet déjà Pau Gasol.
Ce qui était donc perçu comme une faiblesse deviendrait presque une force. Gasol n’est pas l’intérieur le plus véloce, ni le plus athlétique. Mais il est long. Et sa taille devrait lui permettre d’assurer un rôle de stoppeur en dernier recours si ses coéquipiers se laissent déborder. Sans compter que l’ancienne star des Lakers est un rebondeur plus que solide (presque 12 prises de moyenne l’an passé). En conclusion, les Chicago Bulls se sont donc offerts l’une des meilleures raquettes de la ligue cet été. De quoi viser haut et voir les choses en grand. Grand, comme Pau Gasol.