Et le Magic partit en vrille…

Le projet du Orlando Magic est au point mort après le départ inattendu de Scott Skiles. Comment le petit génie Rob Hennigan va-t-il réussir à garder le cap ?

Et le Magic partit en vrille…
"What the fuck !" Evan Fournier n'est pas le seul à avoir pris une claque jeudi. Tous les fans du Orlando Magic sont groggy et incrédules après avoir été lâchés par un coach qu'ils estimaient capable de les ramener sur le devant de la scène. Une sensation qu'ils connaissent bien, pour avoir dû composer avec les départs mouvementés de Shaquille O'Neal et Dwight Howard par le passé. L'explication de Scott Skiles parait honnête, plus que celles de "D12" en son temps en tout cas : il pense ne pas être l'homme de la situation. Pourtant, l'ancien meneur de la franchise a fait passer quelques feux au vert cette saison. Avec le même effectif ou presque que son prédécesseur Jacque Vaughn, Skiles a remporté 10 victoires de plus dans une Conférence Est plus relevée que l'an passé. Avec sa rigueur, il a permis aux jeunes joueurs d'Orlando de passer un cap, que cela se traduise statistiquement ou non. Evan Fournier, Victor Oladipo, Elfrid Payton ou encore Aaron Gordon ont tous gagné en maturité sous ses ordres, sans toutefois être capables de relever suffisamment la tête après un trou d'air énorme consécutif à un bon début de saison. On se disait qu'avec l'apport de quelques vétérans, une montée en puissance de Nikola Vucevic et une expérience collective grandissante, l'avenir était plutôt prometteur. Il s'avère que ce sont les divergences de points de vue entre Scott Skiles et Rob Hennigan qui ont fait exploser l'harmonie apparente, plutôt que la prise de conscience invoquée par le premier. On évoque déjà ici et là un désaccord quant au trade de Tobias Harris vers Detroit pour récupérer deux joueurs qui ne se sont pas avérés très utiles : Brandon Jennings et Ersan Ilyasova. S'il y a eu des remous en interne, ils n'ont pas été détectés par les médias à l'époque, Hennigan ne souhaitant pas laisser apparaître la moindre faille. En revanche, le rôle central d'Elfrid Payton dans ce couac ne fait aucun doute. Hennigan, qui a drafté le meneur en 2014 avec le 10e pick, croit dur comme fer qu'il sera l'une des pièces maîtresses du futur de la franchise. Skiles, s'il apprécie le joueur de 20 ans, le voit davantage comme un back up, en témoigne son choix de parfois donner la mène à Victor Oladipo ou à Mario Hezonja sur certaines séquences. Il s'en serait plusieurs fois ému auprès d'Hennigan, dont le côté "petit génie" l'agaçait depuis quelques semaines déjà selon des sources locales. Le caractère entier de celui qui reste le recordman de passes décisives sur un match (30) a fait le reste et l'a poussé à tirer la conclusion qu'il ne voulait plus composer avec le plus jeune General Manager de l'histoire de la NBA (il a 34 ans). Ce dernier va devoir faire preuve d'ingéniosité et se montrer persuasif pour convaincre un coach d'incarner le projet de relance du Magic. Les candidats ne manqueront sans doute pas, mais combien de coaches sur le marché sont capables d'imposer leur patte rapidement tout en se montrant suffisamment pédagogues (Byron Scott est donc exclu) ?

Vogel, Jackson, McMillan, Ewing, à qui le tour ?

Frank Vogel visera sans doute un effectif qui lui permettra de jouer plus rapidement le titre, lui qui échoué deux fois en finale de Conférence avec les Pacers. Mark Jackson ? Sa capacité à faire progresser un groupe n'est plus à prouver, mais sa personnalité effraie un peu. David Blatt ? Après avoir connu ce qui se fait de mieux ou presque en Europe et avoir drivé une formule 1 dès son arrivée en NBA, aura-t-il le coeur à s'occuper d'un groupe aussi jeune et perfectible ? Restent des coaches en quête d'une seconde chance, comme Vinny Del Negro ou Nate McMillan. On pense aussi à Patrick Ewing, qui fait des pieds et des mains pour qu'une franchise lui accorde l'opportunité d'exercer enfin en tant que head coach. Rob Hennigan avait prouvé en engageant Jacque Vaughn que recruter un novice ne lui faisait pas peur. Le grand Pat ayant déjà officié dans l'organigramme du Magic, un retour n'est pas à exclure. Cette décision de Scott Skiles place également Orlando dans l'embarras en matière de free-agency. Le Magic commençait à développer une identité et à poser les bases d'un projet. Peu de joueurs libres souhaitent s'aventurer dans une franchise qui ne leur offre aucune réelle garantie de jeu ou d'objectif. Ce n'est donc pas là-dessus qu'il faudra compter pour changer le visage de ce groupe, qui manquait clairement d'un leader charismatique. La possibilité de procéder à des trades existe, mais encore faut-il que les éventuels deals autour de Victor Oladipo et Nikola Vucevic, les deux joueurs dont la valeur est aujourd'hui la plus élevée, leur permette de récupérer un ou plusieurs joueurs de meilleure facture ou plus adaptés aux souhaits du futur coach... Malheureusement, le public de l'Amway Center doit se préparer à une nouvelle année de transition avant que la direction ne trouve enfin l'homme adéquat. Finalement, donner les pleins pouvoir à Stan Van Gundy, qui s'en sort très bien à Detroit avec ses multiples casquettes, n'aurait pas fait perdre autant de temps au Magic.