- Avec OG Anunoby, Tom Thibodeau tient son nouveau Luol Deng. C’est devenu un running gag de relier le coach à son ancienne équipe des Chicago Bulls, même si cette dernière date d’il y a plus de dix ans, en essayant de le faire passer pour un entraîneur qui vit essentiellement dans le passé. Mais bon, il y a sans doute un peu de vrai là-dedans.
Jalen Brunson est une version moins talentueuse, plus petite, plus robuste et plus adroite de Derrick Rose (bref, ce n’est pas D-Rose). Julius Randle est l’ailier-fort qui tourne en 20-10 tout en donnant l’impression de ne pas en faire assez, comme Carlos Boozer à une époque. Et Anunoby pourrait donc reprendre le rôle de Deng, à savoir celui du stoppeur capable de défendre sur plusieurs profils différents tout en étant un shooteur fiable à trois-points et une potentielle option offensive au poste bas quand il est défendu par des joueurs moins grands et/ou moins puissants que lui. Taj Gibson reste Taj Gibson et il joue encore pour Thibs dix ans après.
OG Anunoby aux Knicks, RJ Barrett et Quickley à Toronto !
Les New York Knicks ont donc récupéré l’un des meilleurs défenseurs extérieurs de la ligue dans ce deal. C’est le point clé du transfert. La franchise de Manhattan encaisse 115 points sur 100 possessions cette saison (18eme en NBA) et si Thibodeau veut redonner un accent défensif à son groupe, il a besoin d’un joueur de la trempe d’Anunoby. L’équipe tient désormais son chien de garde attitré, celui qui se coltinera le meilleur attaquant adverse quel que soit son poste (ou presque).
- Les Knicks ont mis la main sur des « jeunes vétérans » capables de briller dans leur rôle en playoffs. Ils sont prêts. RJ Barrett et Immanuel Quickley l’étaient aussi mais il y avait une certaine ambiguïté autour de leur statut. Barrett a essayé du mieux qu’il le pouvait de se transformer en joueur de devoir parce que la situation l’exigeait au côté de Brunson et Randle. Mais ce n’est pas forcément son jeu. Surtout que sa production aurait toujours été jugée par le prisme de sa draft (troisième choix en 2019).
Le Canadien a besoin de la balle et il ne s’est jamais affirmé comme un shooteur régulier derrière l’arc. Il ne devrait pas vraiment y avoir ce problème avec OG Anunoby. Le joueur de 26 ans peine à se créer son propre tir et c’est ce qui explique en partie pourquoi il ne s’est jamais développé comme un All-Star potentiel malgré les espoirs des supporters des Toronto Raptors. En revanche, c’est une menace crédible à trois-points : 37% de réussite en carrière. En termes de « fit », c’est plus cohérent avec les deux scoreurs déjà en place à « Big Apple. »
- Si New York gagne en potentiel défensif et en flexibilité avec Anunoby mais aussi Precious Achiuwa (Malachi Flynn, le troisième joueur récupéré dans l’affaire, est déjà plus à la marge), les Knicks perdent tout de même leur troisième et quatrième option offensive. Le départ de Quickley est peut-être le plus dur à compenser. Il apportait 15 points chaque soir, le tout à 39% de loin. Difficile de savoir, dans l’état, qui pourra assumer le rôle de joker offensif en sortie de banc.
Donte DiVincenzo (39 points la nuit dernière) peut éventuellement en partie s’y coller si Josh Hart est bombardé dans le cinq majeur. Mais c’est un move susceptible de déséquilibrer la rotation. Evan Fournier retrouvera peut-être du temps de jeu. D’ailleurs, il a joué 17 minutes dans la foulée du trade. Sa première entrée sur le parquet depuis le 18 novembre dernier. Le Français n’est pas un meneur mais il est à même d’apporter de la création (surtout pour lui-même) et du scoring.
Il est possible que les Knicks passent par un autre transfert pour remplacer Quickley. En faisant venir un joueur expérimenté comme Jordan Clarkson par exemple. Ça ne changera pas forcément la donne pour les playoffs mais ça tient la route.
- Les Knicks n’ont peut-être pas fini de faire des échanges. Les mots de Becky Hammon, qui a qualifié Brunson de joueur « trop petit » en taille pour être une vraie première option d’un candidat au titre, ont fait grincer des dents mais son analyse reste très juste : que ce soit en raison de ses centimètres ou plus simplement de son talent, le meneur a beau être très fort, il ne fait pas partie du top-10 ou même du top-15 en NBA.
Les dirigeants espèrent toujours récupérer à un moment une star de ce calibre pour vraiment passer un cap. OG Anunoby est une première pièce mais ce n’est pas LA pièce déterminante. Le bon point, c’est que le management n’a sacrifié aucun premier tour de draft pour le faire venir. L’organisation dispose de tous ses picks au premier round mais aussi d’autres choix des Dallas Mavericks, Washington Wizards, Detroit Pistons, Milwaukee Bucks, etc. Il y a de quoi formuler un package massif en tours de draft si jamais une superstar mécontente venait à demander son transfert dans un futur à court ou moyen terme.
C’est même presque plus facile de faire cohabiter une autre star comme Donovan Mitchell avec Jalen Brunson maintenant que les Knicks ont un « 3 and D » comme Anunoby. Joel Embiid reste probablement la cible absolue mais le Camerounais s’éclate aux Philadelphia Sixers et son transfert paraît tout de même bien moins probable qu’il y a quelques mois. En attendant, le front office ne se précipite pas et ça, c’est aussi une bonne nouvelle.
- L’opération rajeunissement commence pour de bon à Toronto. RJ Barrett et Immanuel Quickley ont respectivement 23 et 24 ans. Ils sont sur la même ligne de développement que Scottie Barnes, 22 balais. Les Raptors se sont séparés d’un contrat expirant et il est possible que Pascal Siakam soit le prochain sur la liste. Surtout si le joueur ne trouve pas d’accord avec sa direction au sujet d’une possible resignature.
Si l’un ou les deux talents récupérés finissent par exploser, les Raptors seront évidemment gagnants. Barrett a longtemps été présenté comme une future superstar, du moins au lycée et même encore un peu à la fac. Il va enfin avoir l’occasion de jouer vraiment ballon en main et d’exprimer toutes ses qualités. Il n’est pas trop tard pour qu’il devienne au moins une deuxième option très solide en NBA.
Quickley était amené à devenir titulaire à un moment et ça ne pouvait pas être le cas aux Knicks. Les Raptors vont devoir le payer – il est free agent protégé cet été – mais il est lui aussi à même de franchir un cap et de tourner autour des 20 points par match.